Découvrez ce surprenant ouvrage Français sur l'éducation sexuelle des femmes datant... de 1655 !

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Vous êtes vous déjà demandé comment les gens vivaient la sexualité, au 17ème siècle ? Vous imaginez sans doutes des personnes guindées dans leurs corsets et leurs grandes robes a fanfreluches, à l'amour courtois et à l'esprit de chevalerie...

Pourtant, ces gentes damoiselles et autres gents damoiseaux s'adonnaient aussi gaiement à l'art de la fornication, ils se tapaient des coups d'un soir et lisaient même des romans pornos !

En témoigne ce petit bijou : L’Escole des Filles ou la Philosophie des dames, un livre érotique écrit par un auteur inconnu et paru pour la première fois à Paris en 1655. Cet ouvrage est considéré comme le premier roman sur le libertinage en France, et il a même été traduit et diffusé en Angleterre sous le titre "The school of Venus".




Le livre, de 166 pages, a été digitalisé par Google Livres, et peut être lu en intégralité ici. Il s’agit d’un dialogue privé entre deux jeunes femmes, qui vont parler, vous l’aurez deviné, de sexe.

Les protagonistes ? Une jeune fille vierge, prude et innocente nommée Fanchon, et sa cousine Susanne qui a l’air d’avoir un peu plus de « bouteille » qu’elle, c’est le moins qu’on puisse dire. 


Donc, un beau matin, Susanne s’amène chez sa cousine Fanchon pour prendre un peu de ses nouvelles, et parce qu’elle « s’ennuyoit fort ». Tout commence de manière parfaitement innocente, regardez comme c’est tout mignon :

(Notez que le texte est en vieux Français, mais reste tout à fait compréhensible. C’est juste que les « s » sont écrits un peu bizarres et ressemblent à des « f » )

    

 

Bien sûr, à partir de là, la discussion va très vite partir en sucette.


En ce sens, le livre semble déjà annoncer les canons du porno contemporain, où les situations les plus innocentes dégénèrent en un quart de tour, et où les livreurs de pizza trouvent parfaitement normal de proposer une partie de jambes en l’air en même temps que le supplément de sauce piquante.

Donc, Susanne demande à sa cousine si elle aime la compagnie des hommes et si elle en voit souvent. Comme elle est un peu concon sur les bords, Fanchon rétorque en disant « oh, oui, j’aime bien la compagnie de mon papa, de mon tonton, et de monsieur Durand qui vit à côté».

Susanne se rend alors à l’évidence : sa pauvre cousine est complètement niaise, et elle va se mettre en devoir de remédier à cela en lui inculquant quelques notions concernant les choux, les roses, les abeilles et les petites fleurs.


Ensuite, nous avons droit à une délicieuse leçon d’anatomie masculine et féminine du dix-septième siècle.

Susanne explique à sa cousine tous les différents mots que l’on peut employer pour nommer la chose. Vous allez voir que c’est assez surprenant comme le langage qu’elle emploie est, comment dire, relativement actuel et moderne !

     

Voilà de quoi bouleverser quelques notions et clichés communément établis, concernant la sexualité à l’époque… Il semble que les gens n’étaient pas aussi puritains et chastes que ce que l’on veut bien croire !

On a même des passages qui sont très modernes et qui critiquent la société patriarcale. Ainsi, Susanne évoque à un moment ce que serait la société, et les bénéfices qu’il y aurait «si les femmes gouvernaient le monde et l’Eglise tout autant que les hommes le font»…

De même, certains passages évoquent des choses qui peuvent paraître très modernes, comme lorsque Susanne conseille à Fanchon d’acquérir « un ami pour baiser (sic) » et qui lui suggère même différents stratagèmes pour qu’elle puisse trouver un plan cul régulier.

La discussion prend ensuite un nouveau tour, quand Susanne se met à raconter ses propres aventures sexuelles sans épargner au lecteur le moindre détail, avec un luxe de précisions.

Rien n'est oublié, et le livre devient alors une sorte de véritable manuel d’éducation sexuelle à destination des femmes désireuses d’en apprendre plus.


On s’imaginera qu’à l’époque, le sexe était assez peu varié et que la position du missionnaire était la plus fréquemment adoptée… Pourtant, Susanne vante à Fanchon les bénéfices de la variété des positions :

« Parfois, il monte sur moi, et parfois c’est moi qui monte sur lui, parfois nous le faisons de côté et parfois à genoux, parfois en tête à queue et parfois à l’envers… Parfois, c’est la brouette, avec une jambe sur son épaule, parfois nous le faisons debout, parfois sur un tabouret, » peut-on lire plus loin.

Le livre finit en beauté, et on garde le meilleur pour la fin : une série d’illustrations et de gravures (très) crues, qui illustrent les différentes choses évoquées par Susanne dans le texte :

« Parfois, c’est la brouette, avec une jambe sur son épaule »


« Il est difficile de tout apprendre du premier coup »


« Après qu’il m’ait mis la bite en main, je le guidai »


« Et, n’entendant point raillerie en tel état, il saccage tout ce qu’il rencontre dans le vagin d’une tendre pucelle »




Eh oui, on est loin de l'image de la galanterie et de ces messieurs-dames de bonne société, guindés dans leurs corsets et leurs robes à froufrous !

Que savons-nous exactement de l’histoire de ce livre ? L’ouvrage a longtemps attendu avant que des gens s’y intéressent de manière sérieuse. Les Universitaires et les historiens ont longtemps ignoré ce genre de textes, mais depuis les années 1980 des historiens étudiant l’évolution de la sexualité et des rapports homme/femme à travers les siècles ont commencé à s’y intéresser.

Ce genre de livre peut en effet nous en dire beaucoup sur les pratiques sexuelles à l’époque, mais aussi sur la façon dont étaient pensées des choses comme la conception d’un enfant et la contraception.

Ainsi, à un passage, Susanne évoque des hommes qui « attachent la vessie d’un cochon sur le bout de leur gland » ou encore des femmes qui « attendent le moment juste avant que le sperme ne sorte pour expulser leur cavalier de sa selle ».

Plus loin, on voit aussi qu’il y avait certaines choses qui étaient encore bien mal comprises à l’époque, comme lorsqu’elle explique doctement que les deux amants doivent avoir un orgasme ensemble et au même moment pour qu’ils aient un enfant.

Mais que pensaient les autorités et l'Eglise de ce genre d'ouvrage ? Bien sûr, comme on s'en doute, le livre a fait scandale et les deux éditeurs furent arrêtés, tandis que tous les exemplaires furent brûlés sur la place publique. Pourtant, certains livres ont survécu et on suppose même que certains ont continué à circuler. Cela montre en tout cas que, même dans une société "fermée" à ce genre de choses, les gens n'avaient pas moins d'idées salaces...

Source : theappendix.net
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Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste