Somalie : Un attentat fait 276 morts et plus de 300 blessés à Mogadiscio

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Ce samedi 14 octobre, deux véhicules piégés ont explosé dans une artère de Mogadiscio, la capitale de la Somalie, très fréquentée. Ce matin, le bilan était de 276 morts et plus de 300 blessés.

Il s’agit d’un des attentats les plus meurtriers subis par la Somalie. Pourtant, le pays semblait être revenu au calme depuis l’élection de son nouveau président, Mohamed Abdullahi Mohamed, surnommé « Farmajo », au mois de février dernier.

Seulement voilà, la veille de l’attentat, le ministre de la défense et le chef des armées ont déposé leur démission sans explication. Aujourd’hui, ce qu’on appelait le «printemps somalien» est d’ores et déjà terminé et l’incompétence de son chef d’État, ancien réfugié aux États-Unis, est révélé au grand jour : « Farmajo ne prend pas la mesure des problèmes de la Somalie. Il semble dépassé, peu impliqué, et donne l’impression de découvrir les maux de son pays. » indique un diplomate européen en poste à Mogadiscio auprès du Monde.

Ainsi, ce samedi, un camion a explosé devant le carrefour K5, un secteur très fréquenté de la capitale où se trouvent des bâtiments officiels, des hôtels et des restaurants. Deux heures plus tard, un second véhicule a explosé dans le quartier de Medina. Depuis deux jours, les recherches se poursuivent dans les décombres et le dernier bilan dressé cette nuit fait état de 276 morts et plus de 300 blessés.

Le président somalien s’est rendu à l’hôpital Erdogan, pour rencontrer les blessés et a décrété trois jours de deuil national. Si cet attentat, qu’il considère comme le plus meurtrier subi par la Somalie, n’a toujours pas été revendiqué, Farmajo l’attribue déjà aux Chabab (une branche d’Al-Qaïda), qui semblent réellement monter en puissance.

S’ils se sont retirés de Mogadiscio depuis 2011, les Chabab n’ont pas arrêté leurs exactions, loin de là. Ils contrôlent encore une bonne partie du pays, notamment dans les zones rurales, et mènent des opérations de guérilla contre des bases militaires. En juin dernier, 31 personnes avaient péri suite à un attentat déclenché devant des restaurants de Mogadiscio.

Selon Le Monde, qui rapporte les propos d’une «source sécuritaire», la force des frappes des Chabab n’a fait qu’augmenter ces dernières années et ce double attentat dantesque en est la preuve : « On a identifié deux camions piégés et bourrés d’explosifs militaires mais aussi sans doute des composants chimiques inflammables, introuvables en Somalie. Il y a quelques années encore, les Chabab s’en tenaient encore à des «petits attentats» avec «seulement» 90 kg d’explosifs. Cette montée en puissance est une tendance lourde et régulière. Et on n’a pas encore atteint le maximum. »

Moins médiatisés que d’autres groupes terroristes islamiques africains, les Chabab ont pourtant ceux qui ont causé le plus de morts en 2016, notamment plus que Boko Haram (4 200 victimes contre 3 500). La Somalie s’attend donc à devoir subir d’autres attentats de grande ampleur tant la menace est omniprésente et importante.

Depuis samedi, la France, le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni ont envoyé des messages de soutien diplomatique à la Somalie. L’Union africaine a aussi réaffirmé sa volonté d’apporter son soutien militaire à la Somalie pour lutter contre les chabab tandis que la Turquie, important donateur et investisseur en Somalie, a envoyé de l’aide médicale avec un avion ambulance militaire.

Source : Le Monde

Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef