Ces bombes ne tuent pas : elles donnent la vie ! Voici une manière géniale pour rendre utiles les engins de guerre...

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De nouvelles munitions sont venues pourvoir l'arsenal de la guerre contre la déforestation — Et il s'agit d'une arme de... plantation massive !


En Thaïlande, des engins et des technologies originellement développés à des fins militaires, sont transformés et réemployés à des fins pacifiques, depuis quelques semaines ! Il s'agit de reconvertir des engins semeurs de mort en engins semeurs de vie. Ces vieux bombardiers ont pu être employés à des fins autrement plus productives et utiles que de répandre la mort et la destruction.

La reforestation aérienne, ou bombardement de graines, est basée sur les systèmes de largage de précision des mines antipersonnel. Ces dernières sont normalement larguées par voie aérienne, par des bombardiers spéciaux, afin de couvrir de vastes espaces d'engins explosifs mortels en un minimum de temps. Mais que se passerait-il si, au lieu d'utiliser cette technologie pour faire la guerre et mutiler d'innocents civils, on s'en servait pour replanter massivement des espaces défrichés ?

N'ayez crainte, les "bombes" larguées par ces avions n'arracheront pas les jambes d'un enfant imprudent, elles ne détruiront pas les maisons de familles entières, elles ne créeront pas de veuves ni d'orphelins. Au lieu de cela, elles permettront à des centaines d'espèces végétales et animales de repeupler un espace, de faire se régénérer la vie et la biodiversité.
 


Les avions peuvent voler à 1 000 pieds, à une vitesse de 130 nœuds, ce qui leur permet de larguer plus de 3 000 "bombes" par minute suivant un schéma bien spécifique pour couvrir la zone d'arbres le plus efficacement et le plus largement possible — exactement comme ce qui est fait avec les mines antipersonnel, mais avec des arbres à la place des engins destructeurs. Cela correspond à près de 900 000 arbres par jour !

Ces bombardements d'arbres peuvent être réalisés suivant différentes méthodes. L'une de ces méthodes consiste à placer des jeunes plants avec un mélange de nutriments dans des sortes de capsules biodégradables, qui viennent se ficher dans le sol après une chute vertigineuse.

Une autre méthode, plus simple, consiste à mélanger des graines et du terreau, à en faire des boules qui peuvent être répandues en masse sur une surface donnée. C'est ce système-là qui est en train d'être expérimenté en Thaïlande.



Le principe de ces "bombes de vie" a été inventé par Masanobu Fukuoka, un agriculteur Japonais. Cet ancien microbiologiste, spécialiste en phytopathologie [la science qui étudie les maladies des plantes cultivées, NDLR], a décidé de tout plaquer le jour où il a commencé à douter des progrès apportés par l'agriculture scientifique au service des industries de masse.

En effet, ce type d'agriculture à très grande échelle nécessite l'emploi massif de produits chimiques pour lutter contre les infestations de parasites, champignons et de virus, et elle est totalement dépendante des engrais et autres pesticides. Masanobu Fukuoka était bien placé pour le savoir, et c'est pour cela qu'il a claqué la porte de son laboratoire pour retourner s'occuper de la vieille ferme de son père, sur l'île de Shikoku. 
 

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Il consacrera alors sa vie à développer une nouvelle forme d'agriculture, en s'inspirant de la pensée zen, mais également des différents courants taoïstes, shinto, et bouddhistes. Il appellera cette nouvelle manière d'envisager les rapports entre l'homme et la Nature "l'agriculture naturelle", ou encore "agriculture du laisser-faire".

En laissant faire la nature, et en limitant au maximum les interventions humaines nécessaires, il réalise que le rendement de sa production de riz est meilleur qu'en agriculture classique, car sa méthode permet au final d'enrichir le sol d'année en année... plutôt que de l'épuiser.


Masanobu Fukuoka est l'auteur de plusieurs livres relatant ses expériences, posant les bases de cette nouvelle forme d'agriculture. Il est décédé en 2008, à l'âge de 95 ans.

Source : H/T AJplus

Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste