Dans ce village de montagne, des résidents lancent une pétition contre le tintement ''insupportable'' des sonnailles des vaches

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Décidément, c'est la saison : après le chant du coq et les odeurs de la ferme, c'est désormais le tintement des cloches des vaches qui dérange des propriétaires de maisons et d'appartements, aux abords du Biot, un petit village de montagne situé en Haute-Savoie. Ceux-ci sont allés loin...puisqu'ils ont carrément décidé de signer une pétition qu'ils ont fait atterrir sur le bureau du maire, Henri-Victor Tournier !

Au bas du papier en question, se trouvent 20 signatures — tous provenant de résidents secondaires qui ne viennent dans la région qu'une fois à l'année pour les vacances, à l'exception notable d'une seule personne. Dans un message hallucinant, ils se disent « agacés par le vacarme ''insupportable'' des sonnailles ». 

« Nous voudrions nous plaindre du bruit des animaux sur les pistes en face des chalets et appartements du col du Corbier. Nous comprenons que nous vivons à la campagne et qu’il y a une longue tradition de vaches, de moutons et de chèvres dans la région. Néanmoins, le bruit constant des cloches en face, tout au long de la journée et même la nuit est insupportable. Il y a beaucoup de champs plus haut où les vaches pourraient brouter, » se plaignent les pétitionnaires, cités par le Dauphiné Libéré.

Une vache et sa clarine / Shutterstock

Les clarines, les traditionnelles cloches qui ornent le cou du bétail de montagne, ont différentes fonctions. Elles permettent aux éleveurs de différencier leurs animaux lorsque ces derniers paissent sur des pâturages collectifs comme c'est parfois le cas sur les alpages, et elles servent également à repérer les bêtes lorsque la vision est limitée, lorsqu'il y a de la brume par exemple. Outre cela, elles font partie d'une longue histoire liant l'homme, l'animal et la montagne, qui fait partie intégrante du patrimoine des Alpes et d'ailleurs.

Chaque cloche a un son propre, il existe même des concours musicaux qui récompensent les meilleures sonnailles, et le savoir-faire de leur fabrication et de leur accordage figure, depuis 2010, à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel de France.

Les amoureux de montagne ne s'y trompent pas, et savent apprécier le tintinnabule des cloches des troupeaux durant l'estive, qui répondent à celle des clochers des villages plus bas dans la vallée.

Mais hélas, le 21 août dernier, une vingtaine de propriétaires de maisons et d'appartements situés au col du Corbier (commune du Biot) a cru bon de se plaindre au maire pour « nuisances sonores ». Après une brève enquête, Henri-Victor Tournier, maire du Biot, a découvert en examinant les factures d'eau que ces signatures étaient tous des résidents secondaires de la commune, ne venant que quelques semaines dans l'année (à l'exception d'une personne).

L'élu a fait part de son incompréhension à France 3 éditions Auvergne-Rhône-Alpes : « Si la pétition venait uniquement de résidents à l'année, je pourrais encore comprendre... mais là, ce n'est pas le cas ». Malgré tout, il se dit prêt à essayer de résoudre l'affaire sans drame et de trouver un arrangement avec Sébastien, l’alpagiste, en proposant à ce dernier de mettre des sonnettes plus petites aux vaches.

Sonnailles traditionnelles de différentes tailles / Shutterstock

En revanche, pas question d'interdire les animaux, qui font partie intégrante du paysage, pour satisfaire une poignée de personnes qui y ont fait construire leurs maisons de vacances. Et Henri-Victor Tournier de souligner l'importance des agriculteurs de montagne, qui font vivre les communes à l'année et qui façonnent, depuis des siècles, ces paysages qui font aujourd'hui le bonheur des vacanciers :

« Ces alpages font partie de l’association foncière pastorale. Il y a une dizaine d’années, les vaches ont disparu et cela nous coûtait entre 5 et 8 000 € pour débroussailler à la machine. Aujourd’hui, nous sommes pâturés par des vaches, c’est agréable… Elles permettent à la municipalité d'économiser l'argent public tout en fournissant une alternative écologique »

Même s'il est prêt à entendre l'avis de ces résidents secondaires, le maire du Biot ne peut s'empêcher de relever le côté incongru d'une telle réclamation dans un territoire rural de montagne : « Il y a quand même pire que d'entendre les cloches des vaches. Je pense notamment à la RD 32 qui se trouve juste sous la station et qui fait bien plus de bruit ! »

Ces propriétaires trouvent-ils plus agréables les bruits de klaxons et les vrombissements de scooters ? Peut-être que ce sont eux, finalement, qui devraient songer à changer de place...

Source : Le Dauphiné
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Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste