1820 dauphins attendent d'être massacrés dans la baie de Taiji, au Japon... Les survivants finiront leurs jours à amuser les touristes dans les parcs aquatiques du monde entier

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Ça y est. Vous ne le saviez peut-être pas, mais il y a quelques jours, la saison de la chasse aux dauphins a été ouverte au Japon, dans la baie de Taiji.

Cette « chasse » (ou plutôt ce massacre, parce que c’est bien de cela qu’il s’agit étant donné que les animaux sont conduits dans des filets avant d’être exécutés un par un), cette « chasse », donc, a débuté à la mi-septembre et continuera jusqu’à mars 2017.
Selon un communiqué de l’AFP, les chasseurs de dauphins prévoient de massacrer quelque 1 820 dauphins cette année...


@ADRIAN MYLNE, REUTERS

Oui, vous avez bien lu :  1 820 dauphins.


Enfin, bien sûr, c’est simplement le chiffre officiel, la limite autorisée cette année : on ne parle pas de tous les jeunes dauphins séparés du groupe ou bien arrachés à leurs parents à cause des filets, et qui seront contraints de se débrouiller seuls dans l’océan (ce qui les conduira à une mort lente et certaine ),

On ne parle pas non plus du fait que cette limite de 1 820 dauphins est simplement la limite « légale » et qu’elle ne prend pas en compte les animaux tués illégalement — de nombreux chasseurs n’éprouvent aucun scrupule à dépasser allègrement les quotas.


La chasse au dauphin est pratiquée de manière particulièrement barbare, malgré le fait que les dauphins sont des animaux extrêmement sensibles et intelligents, dont il a été prouvé qu'ils sont conscients d'eux mêmes et qu'ils sont capables d'éprouver des sentiments comparable à celle des humains.

Une bonne partie de la violence de cette chasse résulte de la pratique opérée pour rabattre les animaux sur les côtes : les groupes de dauphins sont encerclés par les bateaux à moteur, terrifiés par le bruit et les vibrations produites par les hélices. Une partie d'entre eux meurt d'épuisement avant d'être rabattu dans la crique où ils seront piégés puis abattus ; les femelles en gestation sont contraintes d'avorter de leurs bébés sous l'effet du stress intense, tandis que les jeunes individus peuvent se retrouver distanciés par le groupe et être livrés à eux-mêmes.

Une fois arrivés à un endroit bien précis, les bourreaux passent à l'action : ils séparent les dauphins qu'ils souhaitent conserver vivants pour les vendre à des parcs d'attraction, tandis que le reste sera exterminé sans autre forme de procès : une véritable boucherie, un carnage, un bain de sang d'une brutalité et d'une lâcheté innommable.


@VanessaNYC07/Wikimedia Commons



Les chasseurs traînent de force les pauvres mammifères marins en direction de la plage. Les animaux sont généralement complètement paniqués, et pour cause : hautement intelligents et sensibles, les dauphins savent très bien que cette plage représente une mort certaine pour eux, qu’ils courent irrémédiablement vers une fin tragique.

Sur cette plage de l’enfer, des « dresseurs » de dauphins viennent et c’est alors que peut commencer… la « sélection ».


Les « dresseurs » vont en effet sélectionner les dauphins qu’ils veulent épargner pour les garder en captivité. Ce sont généralement les jeunes dauphins (qui sont plus faciles à transporter mais aussi à dresser), les dauphins doivent être jolis et ne pas avoir de cicatrices…

Bref, ils choisissent ceux qui leur semblent les plus « beaux », ceux qui seront à même d’émerveiller ensuite les yeux des hordes de touristes qui viendront les voir dans leurs aquariums exigus.

Ces dauphins sélectionnés pour la capture, ils les vendront ensuite, en échange d’un bon paquet d’argent, à travers le monde entier, aux gros parcs aquatiques. Le reste sera abattu sans merci, dans ce qui sera un gigantesque bain de sang. C’est de ce genre de captures que tous les dauphins que vous voyez dans les parcs d’attractions proviennent (sauf bien sûr ceux qui sont nés en captivité). Oui, ces animaux que vous voyez tournoyer en l’air et jongler joyeusement sont en fait des rescapés qui ont vu leur famille entière se faire massacrer, sous leurs yeux.

Car c'est là, en effet, une terrible malédiction qui frappe les dauphins : à cause de leur cri et de la forme de leur rostre, ils ont l'air perpétuellement en train de sourire et d'éclater de rire... Même lorsqu'ils souffrent en fait le martyre.

@just jared


La viande de dauphin en elle-même n’est pas très réputée, que ce soit au Japon ou ailleurs. Il semble qu’elle n’ait pas d’intérêt gustatif particulier, et surtout, elle est très riche en toxines, mais aussi en mercure et autres métaux lourds — ce qui en fait un produit toxique, pouvant nuire gravement à la santé et provoquer des cancers. Cependant, elle est souvent vendue en tant que viande de baleine, voire en tant qu’autre viande, pour « rentabiliser » la capture des dauphins jugés inaptes à être réduits en esclavage dans un parc.

Le fait de tuer des dauphins pour leur viande n’est donc pas juste un acte ignoble : la haute teneur en toxines de cette viande est dangereuse pour le consommateur, qui l’achète sans savoir d’où elle provient, ce qui pose un problème d’ordre sanitaire au Japon. Mais comme vous l’imaginez, les personnes qui profitent de cette industrie ne sont pas vraiment à ça près, niveau morale et éthique…

Autant dire que les chasseurs ont plutôt intérêt à avoir le maximum de dauphins vivants… Mais dans les faits, la sélection est très rigoureuse afin de vendre du dauphin « de qualité », ne garder que les « meilleurs » animaux, les plus dociles. Sur un groupe d’une vingtaine d’individus, seuls deux ou peut-être trois seront choisis. Le reste est transformé en chair de boucherie, parce que même si ça ne vaut pas grand-chose, après tout, il n’y a pas de petit profit !


La chasse sanglante qui se déroule chaque année à Taiji fut pendant longtemps inconnue du public, y compris par les Japonais eux-mêmes… Jusqu’en 2009, où l’affaire a éclaté au grand jour. Avant cela, cette vaste tuerie représentait un secret bien gardé et se déroulait de manière cachée, dans des périmètres entourés de fils barbelés pour en interdire l’accès. C’est grâce au fameux documentaire « The Cove – La Baie de la Honte » que ce scandale a été divulgué au monde entier.


Ce documentaire divulgue en effet les images choquantes et glaçantes


C’est le créateur du documentaire « The Cove », Richard O’Barry, qui a fondé le mouvement Dolphin Project afin de filmer les exactions des pêcheurs, dans ces endroits reculés et protégés de barbelés pour dissuader les curieux de s’approcher. Mais il en faut plus pour dissuader les activistes du Dolphin Project de sensibiliser et d’informer le public sur ce qui se passe dans ces endroits abrités des regards.

Ainsi, de nombreux activistes sont déjà sur le pied de guerre et filment les chasseurs en action en diffusant chaque jour des live-stream. Ils ne peuvent pas vraiment agir, car les autorités japonaises patrouillent et protègent les chasseurs, et il risqueraient de se faire arrêter.


« Le massacre de ces dauphins est un acte indéfendable, étant donné nos connaissances scientifiques actuelles de ces animaux » , explique Diana Reiss, une neuro-psychologue de l’Hunter College au journal New Scientist, en 2013.

« À l’instar des grands singes, il a été démontré que leurs capacités cognitives sont extrêmement sophistiquées et qu’ils sont dotés d’une conscience d’eux-mêmes, ainsi que d’une conscience sociale. »


Chaque année, grâce à une prise de conscience de plus en plus importante, et grâce au travail de nombreux activistes, le nombre de dauphins tués se réduit un peu. Il y a seulement une quinzaine d’années, avant que ce massacre ne soit dévoilé au monde entier, plus de 20 000 dauphins pouvaient être tués chaque année !

@Steve Parkins/Rex/Shutterstock


La pression internationale réveillée par cette prise de conscience massive a fait grandement chuter l’industrie du trafic de dauphins, mais ce massacre a encore lieu chaque année.

Vous pouvez signer la pétition en cliquant ici. Surtout, parlez-en autour de vous et contribuez à partager l'info au plus grand nombre de personnes possible !




Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste