Connaissez-vous l'histoire fascinante de ces femmes afro-américaines qui ont permis d'envoyer les premiers astronautes de la NASA dans l'espace ? Elles ont enfin la reconnaissance qu'elles méritent !

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Grâce au livre intitulé « Hidden Figures » (« Figures de l’Ombre », ndlr), écrit par Margot Lee Shetterly et publié en septembre 2016, l’histoire de trois femmes afro-américaines méconnues a enfin été mise en lumière.


Elles s’appellent Katherine Johnson, Mary Jackson et Dorothy Vaughan et ont largement contribué à l’envoi du premier astronaute de la NASA dans l’espace. Le sous-titre du livre « The American Dream and the Untold Story of the Black Women Mathematicians Who Helped Win the Space Race » résume bien leurs parcours : « Le Rêve Américain et l’Histoire non racontée des femmes noires mathématiciennes qui ont aidé à gagner la conquête de l’espace ».

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Non racontée car ces femmes sont restées dans l’ombre, non seulement parce qu’il s’agissait de femmes mais aussi parce qu’elles étaient afro-américaines. Et dans la société américaine des années 50 et 60, marquée notamment par la lutte des droits civils pour la communauté afro-américaine, l’accès à la reconnaissance pour ces femmes était très difficile.


Pourtant, si la NASA (qui était la NACA jusqu’en 1958, le Comité consultatif national pour l’aéronautique) a pu envoyer son premier astronaute dans l’espace, c’est bien grâce à ces trois femmes, entre autres. Katherine Johnson, Mary Jackson et Dorothy Vaughan étaient ce qu’on appelait des « calculatrices humaines », parmi une douzaine de femmes afro-américaines mathématiciennes travaillant pour l’agence. D’après Katherine Johnson elle-même, elles étaient des « ordinateurs portant des jupes ».

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Formées à la fin des années 40 et dans les années 50 au Laboratoire de recherche de Langley (endroit bien connu pour abriter la CIA aujourd’hui), elles ont intégré le nouveau programme spatial de la NACA afin d’aider les États-Unis à gagner la conquête de l’espace face à l’URSS.


Les Soviétiques furent d’ailleurs les premiers à envoyer un homme dans l’espace avec Youri Gargarine en 1961. Pris de court, les Américains s’activent avec acharnement pour rattraper leur retard. Grâce à son expertise en géométrie analytique, Katherine Johnson fut la première femme à s’intégrer une équipe de recherches masculine : « Les barrières de race et de genre étaient toujours présentes, mais Katherine dit les avoir ignorées. Elle s’affirmait dans l’équipe, demandait à participer aux réunions où aucune femme n’avait encore été admise. Elle disait simplement aux gens qu’elle avait fait le travail et mérité sa place » expliquent les archives de la NASA.

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Ainsi, elle a calculé les trajectoires du programme Mercury, qui lança notamment le premier vol orbital le 20 février 1962 avec le premier équipage d’astronautes mené par John Glenn. Ce vol boucla trois tours autour de la Terre. Plus tard, elle fut responsable également des calculs pour le lancement d’Apollo 11 en 1969, la fameuse mission qui enverra les premiers hommes sur la Lune. D’ailleurs, l’histoire nous dit que John Glenn, méfiant envers les ordinateurs, a insisté pour Katherine Johnson soit celle qui fasse des doubles vérifications sur les calculs effectués.

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Avant cela, Katherine Johnson avait eu une formation sous la houlette de Dorothy Vaughan dans la division « West Area Computer », un groupe de recherches qui était uniquement composé de femmes afro-américaines. Dans ce groupe, il y avait également Mary Jackson, troisième « vedette » du film.


Mary Jackson s’est orientée vers le département de recherche sur la compressibilité, travaillant avec l’ingénieur Kazimierz Czarnecki sur la soufflerie supersonique. Elle devint la première femme noire ingénieure de la NASA en 1958, publiant les premiers résultats de ses recherches sur la soufflerie supersonique. Après 34 ans passés à la NASA, elle atteint le plus haut grade d’ingénieure au sein de l’agence. Jusqu’à sa retraite en 1985, elle travailla en tant que manager dans la formation des femmes et des personnes issues de minorités auprès du bureau d’égalité des chances de la NASA.

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De son côté, Dorothy Vaughan s’est spécialisée, pour le reste de sa carrière, dans l’électronique, l’informatique et la programmation Fortran, qui est un langage utilisé pour le calcul scientifique. Dorothy Vaughan est décédée en 2008 tandis que Mary Jackson s’est éteinte en 2005.

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En novembre 2015, Barack Obama récompensait Katherine G. Johnson, âgée de 97 ans, avec la médaille présidentielle de la Liberté, considérée comme l’honneur civil le plus important des États-Unis. Non seulement, elles ont grandement contribué à la conquête des étoiles mais elles ont aussi permis de briser les barrières discriminatoires.


Aujourd’hui, leur histoire a été adaptée sur grand écran dans le film intitulé « Les Figures de l’Ombre », réalisé par Theodore Melfi. Katherine Johnson est interprétée par Taraji P. Henson (Empire), tandis que Dorothy Vaughan est incarnée par Octavia Spencer (La Couleur des Sentiments) et Mary Jackson par la chanteuse Janelle Monáe. Le film sortira en France le 8 mars 2017.


D'ailleurs, il vient d'être récompensé en tant que meilleur film à la cérémonie des SAG (Screen Actors Guild) Awards 2017. De bon augure, car le film est aussi nommé dans la catégorie reine (Meilleur film) pour la prochaine cérémonie des Oscars.


Une belle histoire, n’est-ce pas ?
Source : Mental Floss

Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef