D'après la science, les animaux de compagnie aident à soulager les personnes atteintes de troubles mentaux

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Grâce à leur innocence et leur joie de vivre naturelle, les animaux de compagnie possèdent des vertus bienfaitrices pour les personnes souffrant de troubles mentaux.


Longtemps controversée par manque d’étude scientifique concrète, la zoothérapie semble s’être imposée d’elle-même au fil des dernières décennies. Récemment, une étude publiée dans la revue britannique « BMC Psychiatry », menée par Helen Brooks, chercheuse sur la santé mentale à l’Université de Manchester (Royaume-Uni), met en lumière l’efficacité des animaux de compagnie sur le comportement des personnes atteintes de troubles mentaux (schizophrénie, bipolarité, autisme).


Un participant à l’étude, qui possède deux chiens et deux chats l’a confié : « Quand je me sens vraiment mal, ils sont géniaux parce qu’ils sont restés à mes côtés pendant deux jours. Ils sont restés jusqu’à ce que je me décide à sortir ».

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Un témoignage qu’Helen Brooks va souvent rencontrer durant ses recherches. Les personnes atteintes de troubles mentaux sont sujettes à s’isoler naturellement, à se couper de leurs amis et leurs familles et ne cherchent pas vraiment à se soigner coûte que coûte.


Ainsi, la présence d’animal semble changer totalement la donne comme l’explique la scientifique : « Les animaux font ressortir beaucoup d’émotions enfouies qui ne sont pas disponibles envers la famille et les amis. »


Dans le cadre de leur étude, Helen Brooks et ses collègues ont interrogé 54 personnes souffrant de troubles mentaux sur le long terme. 25 d’entre eux (soit quasiment la moitié), considéré leur animal de compagnie comme partie intégrante de leur réseau social. Les chercheurs ont ensuite donné aux participants, un diagramme comprenant trois cercles consécutifs dans lesquels ils devaient écrire ce qui était le plus important à leurs yeux. Le cercle le plus proche étant le plus important, évidemment.

Helen Brooks / University of Manchester


60% des participants ont placé leur animal de compagnie dans le cercle le plus important, devant la famille et les relations sociales. Seulement 20% les ont placés dans le second cercle. Au-delà de l’étude, ce sont surtout les témoignages des participants qui donnent une meilleure indication sur leur mal-être et leur bien-être.


Un phénomène expliqué par l’un des participants : « Je pense que c’est très compliqué de comprendre ce que nous endurons si vous n’avez pas de troubles mentaux. Il y a comme un gouffre très profond entre nous. Les autres sont sur un côté, nous sommes de l’autre côté. On envoie des signaux de fumée entre nous pour essayer de se comprendre mais on ne comprend pas toujours ».


Pour Helen Brooks, c’est à ce niveau-là que les animaux de compagnie font toute la différence. Ils sortent la personne souffrante de son isolement et donnent de l’affection sans avoir besoin de comprendre le trouble mental : « Les animaux ne voient pas les cicatrices sur vos bras. Ils ne posent pas de question sur vous » explique un des participants.

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En outre, les animaux éveillent chez les participants cette dépendance mutuelle l’un à l’autre : « La routine avec ces animaux est très importante pour les personnes. Se lever le latin pour le nourrir, les promener, cela leur donne un but dans la vie qu’ils n’avaient pas. »


Le professeur Mark Longsjo, directeur d’un programme de services pour les personnes atteintes de troubles mentaux, au McLean Southeast (Middleborough, Angleterre), admet que ces témoignages rejoignent beaucoup ce qu’il voit au quotidien : « Nous avons beaucoup de patients qui viennent et on leur demande toujours qui sont leur soutien. Parfois, ce sont les membres de la famille, parfois ce sont les amis mais il est très commun d’entendre parler des animaux de compagnie. »


Selon lui, les animaux empêchent les patients d’avoir des pensées suicidaires car ces derniers sentent que leur animal de compagnie a besoin d’eux. Un participant de l’étude corrobore ce sentiment : « Quand il vient s’asseoir à côté de moi la nuit, c’est différent. On le sent qu’il a besoin de moi autant que j’ai besoin de lui. »

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Avec cette étude, Helen Brooks espère que la zoothérapie deviendra réellement un moyen de traitement plus répandu afin d’aider les personnes atteintes de troubles mentaux à mieux supporter leur quotidien. Pour cela, il faudrait qu'il y ait plus de structures médicales qui proposent la thérapie assistée par l'animal dans leurs programmes. Cela nous rappelle l’histoire de Ricochet, ce chien-surfeur qui a redonné le goût de la vie à un vétéran traumatisé par la guerre.


Intéressante comme étude, n’est-ce pas ?
Source : NPR

Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef