« Mon amie Cayla » , une poupée connectée un peu trop bavarde selon la Cnil

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«Mon amie Cayla», poupée interactive, semble inquiéter et déranger, au dam des enfants qui eux, se fascinent pour ce jeu capable de les comprendre et de leur répondre mais sans véritable garantie de confidentialité. Alertée par ce jouet en 2016, la Cnil s’est accordée pour une mise en demeure, la rendant publique le lundi 4 Décembre, pour «atteinte grave à la vie privée».

C’est en 2014 que la poupée blonde et souriante au sweat-shirt rose a fait son apparition, dans la lignée des jouets connectés qui n’ont de cesse de fleurir. Créée dans une entreprise hongkongaise, Genesis Industries Limited, elle a connu un grand succès auprès des enfants qui semblent adorer cette interaction avec une poupée à qui l’on donnerait le bon dieu sans confession. Et pourtant, selon la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), cette poupée soulèverait bien des questions, concernant notamment la sécurité et la protection des données personnelles, susceptibles d’être mises en péril.

Genesis Industries Ltd

Elle peut parfaitement comprendre les enfants et leur répondre de manière claire et audible. À l'aide d’un micro et d'un haut-parleur, la poupée cherche ses réponses sur internet à l’instar d’un moteur de recherche, et répond à la question posée comme une personne physique pourrait le faire.

Pour qu'elle fonctionne, elle est reliée à une connexion Bluetooth non sans faille puisqu'il semblerait qu'il est possible d'entendre ce qu'il se dit chez le détenteur de la poupée depuis l'extérieur, à vingt mètres de distance, sans nécessiter de s'identifier pour y connecter son portable. Entendre tout ce qu'enregistre le micro de la poupée, à savoir tout ce qui se raconte dans la pièce où la poupée se trouve s’apparenterait ainsi à un jeu d'enfant, sans ironie aucune.

AFP

«Avec ces objets connectés, on assiste à une extension des logiques des plateformes numériques, avec les problématiques de recueil extensif des données personnelles, de forçage du consentement», analyse Sophie Jehel, maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'université Paris-8, auprès de France Inter.

Si une mise en demeure est intentée contre Genesis Industries Ltd pour «atteinte grave de la vie privée», la Cnil a également révélé que certaines vérifications faites sur Cayla ont permis de démontrer que la société possède un grand nombre d’informations personnelles sur les enfants et leur entourage, incluant les noms ou des adresses. Ces données seraient traitées et transférées sans que les utilisateurs en soient informés.

Genesis Industries Ltd

Pour pallier ces dangers, l’Allemagne a tranché en décidant d’interdire la commercialisation de cette poupée depuis Février 2017. Quant au fabricant, il lui faudra se conformer aux demandes de la commission, à savoir sécuriser la connexion Bluetooth, informer les utilisateurs du traitement réservé aux données personnelles collectées, et protéger les communications depuis et vers les applications mobiles associées aux jouets s’il ne veut pas se voir exposé à une sanction financière pouvant atteindre trois millions d’euros.

Source : France Inter

Au sujet de l'auteur : Pauline Masotta

Journaliste