Quand d'autres font des clubs de pétanque ou de tarot, ces personnes âgées se retrouvent chaque semaine pour construire ensemble leurs propres cercueils

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En Nouvelle-Zélande, des personnes âgées s'adonnent à un curieux passe-temps. Quand d'autres fondent des clubs de belote, de pétanque ou de lecture, eux ont décidé de se retrouver au sein d'un « Coffin Club »— un club de construction de cercueils.

Les membres de ces clubs se retrouvent toutes les semaines, pour manger des petits gâteaux, discuter en buvant du thé et d'autres boissons chaudes... avant d'échanger sur les meilleures techniques de fabrication du futur réceptacle qui aura pour mission d'accueillir leurs dépouilles charnelles une fois qu'ils auront poussé leur dernier soupir.

Drôle d'idée, pensez-vous ? Une manière d'aborder la mort de manière joyeuse, de se réapproprier et de personnaliser originalement sa dernière demeure, rétorquent-ils.

C'est aussi, surtout, un excellent moyen de réduire les coûts financiers et le stress lié aux préparatifs de sa fin de vie.

Et croyez-le ou non, mais le concept cartonne : aujourd'hui, l'idée a essaimé dans toute la Nouvelle-Zélande, et le pays compte déjà une douzaine de « Coffin Clubs » !

Source : Coffin Clubs New Zealand

On n'en parle pas souvent, mais les cercueils, ça vaut cher. Dans des obsèques, le prix de l'objet représente à lui seul près de 30% de la facture totale ! Comptez environ 1 000 € en moyenne pour de l'entrée de gamme si vous désirez du chêne, et un peu moins si vous êtes plutôt porté sur le sapin ou épicéa. Et si pour vous les grandes occasions appellent les grands moyens (après tout, on ne meurt qu'une fois !), alors vous pouvez craquer pour une dernière demeure en acajou massif avec poignées et dorures.... pour la coquette somme de 8 000 €.

Mais voilà : Si on prend la peine de se poser un moment pour y réfléchir, on finit par se dire que dépenser de telles sommes pour 4 planches qui auront pour seule vocation de pourrir au fond d'un trou en compagnie de votre dépouille, c'est un peu dommage, tout de même. À moins de vouloir délibérément priver vos héritiers indignes du maximum d'argent que possible... et encore, dans ce cas, mieux vaudra sans doute faire don de votre fortune excédentaire aux bonnes œuvres. 

La vérité, c'est qu'une fois que l'on est passé de vie à trépas, on se contrefiche bien du confort du capiton et de la douceur de son linceul. Au contraire, plutôt que d'un austère emballage de bois précieux, impersonnel et sans aspérité aucune, on préférera sans doute que notre cercueil rappelle à notre entourage tout ce que nous avons été de notre vivant. Une petite touche de chaleur et d'amour de profundis pour apporter un peu de baume au cœur au moment des adieux.

C'est justement l'objectif porté par les « Coffin Clubs » !

Source :Coffin Clubs New Zealand

Concrètement, le but est de fabriquer soi-même son cercueil, de le personnaliser à sa guise, afin de pouvoir plus tard accueillir la Camarde comme il se doit. Vous pensez que c'est glauque ou bizarre ? Détrompez-vous : ces mamies et papis ont, au contraire, l'air de s'éclater comme jamais ! Ils se retrouvent autour d'un thé ou de petits gâteaux, et malgré la gravité du sujet, l'ambiance a l'air plutôt joyeuse et détendue.

En effet, les membres mettent en avant le fait que ce hobby, pour le moins original, leur permet de se retrouver, d'aborder le sujet de la mort de manière sereine et sans tabou, de s'entraider, mais aussi de minimiser le stress et les coûts financiers qui peuvent être liés aux préparatifs de son décès.

Et bien sûr, chacun peut fabriquer un cercueil unique et personnalisé, fabriqué artisanalement avec l'aide et les conseils de ses amis.

These seniors are facing death their own way — with song, dance, and homemade coffins. (via Loading Docs)

Publié par Upworthy sur mardi 31 octobre 2017



Source :Coffin Clubs New Zealand

C'est à Rotorua, dans l'Île du Nord de l'archipel néo-zélandais, qu'est né le tout premier « Coffin Club », en 2010. Fondé  par une infirmière en soins palliatifs à la retraite, Katie Williams, le modèle s'est depuis étendu à tout le pays : on dénombre pas moins de trois autres « Coffin Clubs » rien que dans l'Île du Nord, dans les villes de Katikati, Waitakere et Hastings. 

« À cause de mon ancien travail et de mon âge, je suis devenue une vraie pro du deuil », explique avec humour l'ex-infirmière, aujourd'hui âgée de 77 ans. « J'ai vu de nombreuses personnes mourir, et leurs funérailles n'avaient rien à voir avec le dynamisme et la joie de vivre de ces gens », regrette-t-elle.

En effet, Katie Williams explique qu'en regardant leurs tristes cercueils de bois noir, une personne extérieure n'aurait jamais pu savoir qui ces personnes étaient vraiment de leur vivant, qu'elles avaient vécu, ri, aimé de tout leur cœur. « J'ai le sentiment profond que le dernier voyage d'une personne mérite des adieux un peu plus personnels. »

Et personnels, les cercueils des membres du club le sont ! Réalisés avec les conseils et l'aide des autres, ils sont 100% « fabrication maison »... Et ça a même un sacré panache, jugez plutôt :

Un cercueil « Elvis » pour une fan de la première heure

Source :Coffin Clubs New Zealand

Un cercueil en journaux pour un passionné de lecture

Source :Coffin Clubs New Zealand

Une dernière demeure florale pour une mamie hippie

Source :Coffin Clubs New Zealand

Un dernier vol vers le Paradis, pour un mordu d'aviation 

Source :Coffin Clubs New Zealand

Une splendide réplique d'un ancien tramway

Source :Coffin Clubs New Zealand


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Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste