Culte de la personnalité, manque de démocratie, arrogance : des déçus de « La République En Marche » dressent un portrait peu reluisant du parti présidentiel

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La grogne commence à monter au sein du parti présidentiel. Un groupe de « marcheurs » déçus et mécontents du fonctionnement réel du parti par rapport à ce qui leur avait été promis, a décidé de rompre les rangs. Dans un texte intitulé la « Tribune des 100 démocrates », ils dénoncent des dysfonctionnements, une ambiance méprisante, et un manque de démocratie « qui fait penser à l'ancien régime ».

En Marche — Shutterstock

On dirait bien que c'est à présent au tour d'Emmanuel Macron de subir lui-même la présence de frondeurs au sein de son parti La République en marche (LREM). Un collectif d'adhérents fustige en effet le « manque de démocratie interne » du parti de la majorité, dans une tribune relayée par France Info.

Ces « marcheurs » déçus annoncent qu'ils quitteront le mouvement à la veille du congrès de La République en marche, et feront parvenir leurs lettres de démission au siège du parti vendredi 17 novembre par un huissier. « Comment expliquer, disent-ils, que les comités se soient vidés de leurs marcheurs cinq mois seulement après l'accession au pouvoir d'Emmanuel Macron ? » Et pour cause, après la ferveur des débuts, la vague d'enthousiasme qui portait Emmanuel Macron semble bel et bien être mollement retombée comme un soufflé mal cuit.

Parmi les critiques des « 100 démocrates », l'impression que leur avis ne compte pas, le culte de la personnalité malsain qui s'est formé autour d’Emmanuel Macron... mais également le sentiment amer de s'être fait embobiner par un process marketing extrêmement bien huilé pour vendre du rêve : « La République en Marche est tout sauf bienveillante et empathique. Ce n'est pas parce qu'elle a su mobiliser ces dispositions affectives comme des concepts marketing pour vendre le produit En Marche que La République en Marche est dotée de ces dispositions ». Ils dénoncent une attitude « méprisante et arrogante » ainsi que des « tentatives d'intimidation » pour les éventuels dissidents.

En Marche — Shutterstock

Mais, là où le bât blesse tout particulièrement, c'est dans le procédé qui est en train d'être mis en place pour élire le délégué général du parti. Christophe Castaner, candidat unique, de l'élection, devrait être élu sans grande surprise vendredi prochain. C'est, visiblement, de qui a fait visiblement déborder le vase pour une bonne partie des signataires : « Le prochain 'sacre' de Christophe Castaner, élu à la tête du parti, avant l'heure en l'absence de concurrents, laisse peu d'espoirs aux militants en attente de démocratie, » justifient-ils pour expliquer leur départ.

Contrairement à ce qui se passe dans la plupart des autres partis, les quelque 380 000 adhérents de LREM ne vont pas voter : à la place, la décision sera prise par un collège de divers élus et de cadres du parti, ainsi qu'une poignée d'adhérents tirés au sort. Un procédé qui a été vendu aux marcheurs comme une manière de conserver l'unité, et d'instaurer un principe de démocratie participative. Une belle idée... mais en fait de démocratie participative, ce ne seront finalement que 200 adhérents qui seront tirés au sort, bien loin des 50% de votants qui étaient initialement prévus, dénoncent les « 100 démocrates ».

Ce n'est pas la première fois que des témoignages discordants viennent érafler la couche de vernis flambant neuf du nouveau parti, ternissant la promesse de renouveler la politique et d'y apporter un vent de fraîcheur. Ainsi, certains parlementaires s'étaient plaints d'avoir reçu un code de « bonne conduite » visant à dicter leurs relations avec la presse, mais leur interdisant aussi de cosigner un amendement... issu « d'un autre groupe parlementaire ».

En Marche — Shutterstock

Source : France Info

Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste