Jugé dangereux parce qu'il recherchait la compagnie des hommes et des animaux domestiques, un cerf a été abattu par des gardes-chasses

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Des habitants de Lourdoueix-Saint-Michel, dans l'Indre, ont eu une drôle de surprise : ils ont découvert un jeune cerf dans leur enclos à poneys, qui semblait copier leur comportement et les suivait partout. Un scénario amusant et attendrissant... qui s'est très mal terminé pour l'animal sauvage. Craignant le comportement jugé « anormal » de ce cervidé qui ne semblait craindre aucunement la présence de l'homme, des gardes-chasses ont finalement pris la décision de l'abattre.

NR, Christophe Gervais

Depuis jeudi dernier, un jeune cerf âgé de 4 ans avait élu domicile dans le champ de Mauricette, où il vivait aux côtés de ses deux poneys shetland. L'animal sauvage, qui avait pénétré dans l'enclos, semblait s'être fait de nouveaux compagnons : il ne les quittait pas d'un sabot et les accompagnait en permanence. De leur côté, les deux équidés ne semblaient pas autrement perturbés par la présence de cette étrange bête cornue, et ils paraissaient l'avoir même complètement adopté ! À voir le jeune cerf, on dirait vraiment qu'il pense lui aussi être un poney. 

Une belle histoire d'amitié inter-espèces, digne d'un film de Disney ? Difficile de le savoir, tant il est dur parfois d'interpréter les émotions des animaux, et tant la tentation de l'anthropomorphisme peut être forte. En tout cas, la théorie avancée par les gardes-chasses locaux est bien plus pragmatique : si le cervidé ne fuit pas l'homme et qu'il recherche la compagnie des animaux domestiques, c'est probablement parce qu'il n'est pas si « sauvage » que cela. Il aura sans doute été élevé par des humains depuis tout petit... ce qui expliquerait son comportement étrange.

Avant de s'installer dans l'enclos des poneys de Mauricette, le cerf avait déjà fait d'autres tentatives de contact avec des animaux domestiques, dont des chevaux. Signalé dans les parages depuis plus d'un an, il avait récemment tenté d'intégrer un troupeau de vaches, qu'il avait effrayées en tentant de s'en approcher. Finalement, l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) a pris la décision d'abattre l'animal, jugé dangereux et imprévisible. Les gardes-chasses craignaient qu'il ne finisse par blesser un animal ou un humain avec ses bois, même en voulant simplement jouer.

« La situation actuelle ne peut pas perdurer, c'est évident. Cet animal a un comportement anormal, a expliqué Yves Chastang, Chef de service de l'ONCFS de l'Indre, à La Nouvelle République. Nous le suivons depuis des mois. Il recherche la compagnie d'animaux domestiques, ne fuit pas l'homme, ce qui prouve qu'il a dû être élevé ainsi depuis tout petit. Mais récemment, sur le secteur de Cluis, il a effrayé un troupeau de bovins, et il n'est pas exclu qu'en période de rut, il blesse un cheval ou un poney. Son abattage n'est donc pas une option à exclure, même si nous ne prenons aucun plaisir à le faire. Mes collègues vont se rendre sur place et décider de la meilleure chose à faire ».

Finalement, c'est bien la solution de l'abattage de l'animal qui a été retenue. Une décision qui attriste beaucoup Mauricette et ses voisins. Bien que conscients que l'animal ne pouvait pas rester éternellement aussi près des habitations, ils regrettent qu'il n'ait pas pu être pris en charge par un parc animalier ou une association. La propriétaire des poneys avait même appelé elle-même le parc de la Haute-Touche ainsi que celui des Chabrières — deux réserves zoologiques situées dans la région... sans résultat.

Source : La Nouvelle République

Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste