Alors que les États-Unis reculent face à leurs responsabilités climatiques, la Chine vient d'inaugurer la plus grande centrale solaire flottante du monde !

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La centrale solaire flottante la plus grande du monde se trouve... en Chine. Oui, vous avez bien lu : le plus gros pays pollueur mondial, responsable de presque 30% des émissions mondiales de CO2, souhaite également faire figure de pionnier dans le développement des énergies renouvelables ! Il faut dire que le pays, qui s'est développé très rapidement au cours des trente dernières années, a profité de son boum économique au détriment du respect de l'environnement et a donc encore de gros progrès à accomplir en la matière.

Mais il semblerait que les choses soient doucement en train de changer. En effet, Pékin vient tout juste d'annoncer la fin de la construction du plus grand parc solaire flottant au monde, et son raccordement au réseau électrique local !

Certes, la Chine a encore un long chemin à parcourir avant de laisser totalement derrière elle son lourd passé de pays le plus pollueur du monde... Et si ce n'était qu'un début ?

© Sungrow Power

Les industriels Chinois prévoient-ils la fin des énergies fossiles et se tournent-ils déjà vers un nouvel avenir économique basé sur les sources d'énergie renouvelable ?

Toujours est-il que le pays, en pleine mutation, est en passe de devenir un grand pays producteur d'énergie solaire, et construit actuellement deux éoliennes par jour. Alors que les États-Unis de Donald Trump (deuxième plus gros pollueur après la Chine)  prévoient d'abandonner leurs engagements de l'Accord de Paris sur le Climat, le poids des responsabilités climatiques repose de plus en plus, de facto, sur les épaules de Pékin.

La ville de Huainan, qui dépend de la province chinoise de Anhui, vient tout juste de se doter d'une installation solaire pharaonique, qui produit d'ores et déjà de l'énergie. Ironie du sort, d’après The Independentla structure récemment inaugurée se trouve dans une région traditionnellement connue pour son industrie minière et son exploitation de combustibles fossiles. 

Mais cette ferme solaire flottante, basée juste au-dessus d'une ancienne mine de charbon aujourd'hui inondée et transformée en lagune artificielle, est un puissant symbole du changement qui est en train de s'opérer. Un virage à 360 degrés, qui est aussi stimulé par l'épuisement des ressources et par l'ambition de valoriser ces espaces aquatiques inutilisables à cause des minéraux.

Créée par l'entreprise Sungrow Power Suplly Co, leader mondial dans la production des panneaux photovoltaïques, la centrale pourra générer 40 mégawatts par jour d'énergie verte, et satisfaire intégralement les besoins de 28 000 habitants présents dans la zone.  

Crédits : Anhui Energy Administration

Mais, au juste, pourquoi une centrale solaire qui flotte sur l'eau ?

Si ce système présente l'avantage d'exploiter intelligemment l'ancienne mine de charbon aujourd'hui épuisée et inondée, ce n'est pas son seul attrait : en fait, cette technologie présente différents avantages intéressants !

Tout d'abord, le gain d'espace : pour assurer une production décente, les panneaux prennent de la place... et dans un pays très densément peuplé et encore largement rural comme la Chine, il est impensable de concevoir de gigantesques fermes solaires qui s'étalent sur des kilomètres carrés, comme au Névada par exemple. Pour la Chine, un tel développement terrestre se ferait forcément au détriment des terres agricoles et de zones habitables, il faut donc impérativement trouver de la place ailleurs ! Pour ce cas de figure, les centrales solaires flottantes offrent une très bonne alternative. En se tournant vers la mer, le pays peut ainsi rentabiliser l'espace, tout en s'affranchissant de ses contraintes géographiques.

Autre avantage, et non des moindres : les panneaux aquatiques produisent aussi plus d'énergie, et sont 11% plus efficaces que leurs homologues terrestres. Pour cause : l'eau permet une réfrigération constante des systèmes, ce qui améliore sensiblement le processus de génération d'énergie.

Enfin, ces systèmes flottants sont plus résistants aux vents violents et aux mouvements sismiques (tremblements de terre) que les structures fixées sur la terre ferme. La Chine, située en bordure de la plaque eurasiatique, comporte de nombreuses zones sismiques, ce qui fait donc des usines solaires marines la solution privilégiée du photovoltaïque chinois.

Un système similaire de centrale flottante, construit au Japon / DR

Lors de la conférence des accords de Paris pour le climat visant à inscrire un mouvement d'efforts globaux contrôler le réchauffement planétaire, le gouvernement chinois s’est engagé à réduire considérablement ses émissions de carbone dans les années à venir. Pékin souhaite en effet augmenter l’utilisation de ses combustibles non fossiles de 20 % et ambitionne désormais de devenir une superpuissance écologique.

Certes, si le pays souhaite réellement passer du statut de plus gros pollueur mondial à celui de figure de proue en matière d'énergies renouvelables, cela lui demandera certainement beaucoup d'efforts...

Mais un tel basculement pourrait représenter un immense espoir, ne serait-ce qu'au niveau symbolique, au vu de l'exemple qui serait donné. Cela pourrait aussi ouvrir la voie à de profonds changements au niveau du paysage diplomatique, des rapports internationaux... et, qui sait, inscrire la Chine dans la prochaine étape de son développement, en tant qu'acteur incontournable du monde de demain.

Source : The Independant

Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste