Elon Musk a utilisé la plus puissante fusée du monde pour envoyer sa voiture dans l'espace

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Un coup de force technologique, mélangé à une bonne dose d'humour et de clins d'œil : on ne pouvait pas en attendre moins de la part d'Elon Musk, le milliardaire fantasque notamment fondateur de SpaceX et de Tesla. Ce mardi 6 février au soir, un nouveau pas important de la conquête spatiale a été franchi, suivi en direct sur les réseaux sociaux par plusieurs millions de personnes à travers le monde ! 

Falcon Heavy, la fusée la plus puissante du monde encore en service (Saturn V étant la plus puissante de l'Histoire), a décollé avec succès depuis Cap Canaveral, en Floride, à 21h46 (15h46 heure locale). Le record du plus puissant lanceur était jusqu'à présent encore détenu par l'Union soviétique, qui avait développé la fusée Energiya dans les années 70.

Outre l'inauguration de ce mastodonte spatial, SpaceX a pu également confirmer son habileté à construire des propulseurs récupérables, puisqu'après avoir décollé les deux boosters sont tranquillement venus se reposer sur la zone d'atterrissage. 

D'ordinaire, de pareils lancements d'envergure s'accompagnent de mises en scène assez sérieuses. Mais comme ceux qui connaissent le personnage s'en doutaient bien, Elon Musk ne s'est pas contenté de la gravité solennelle qui accompagne en général ce genre de cérémonial !

Non, il s'est permis quelques petites excentricités. Par exemple, il a décidé que la charge utile pour ce lancement serait... sa propre voiture, une Tesla décapotable rouge cerise !

Oui, au lieu d'envoyer un satellite ou une sonde comme tout le monde, le milliardaire a décidé de se faire plaisir, en catapultant à la place son véhicule personnel vers d'autres cieux, à bord de cette fusée surpuissante !

La Tesla Roadster d'Elon Musk, non contente d'être la première voiture à aller dans l'espace, était pilotée par un mannequin baptisé Starman, en référence à la célèbre chanson de David Bowie. Vêtu d'une combinaison spatiale, Starman était accoudé sur la portière, tenant le volant de la main droite, dans une pose nonchalante. L'auto-radio du bolide jouait en boucle les morceaux « Space Oddity » et « Life on Mars », deux titres du légendaire musicien britannique.

On a pu également remarquer que le GPS du tableau de bord affichait les mots « Don't Panic ! » (« Ne paniquez pas ! »), un clin d'œil au « Guide du voyageur galactique ». Un exemplaire du livre culte se trouvait également dans la boîte à gants, ainsi qu'une... serviette, autre référence à l'œuvre de Douglas Adams.

Outre ces petits " easter eggs ", le bolide emporte également avec lui un super-disque dur contenant de nombreux chefs d'œuvres produits par l'humanité afin de les emporter dans l'espace, et notamment la compilation de la saga "Fondation" d'Isaac Asimov. Il y comporte également une plaque gravée contenant les noms des 6 000 employés de SpaceX ayant travaillé autour du projet !

Le drôle d'équipage a donc finalement été envoyé en orbite autour de la Terre. Après s'être offert un petit tour du monde à des milliers de kilomètres d'altitude, la Tesla rouge et son pilote Starman ont décroché de l'orbite planétaire pour prendre le large, et faire route en direction de la planète Mars.

Retransmis en direct sur les réseaux sociaux, son voyage a été suivi par des millions de personnes.

Un bon coup de pub ? L'idée amuse beaucoup Elon Musk, en tout cas : « J’adore l’idée d’une voiture dérivant apparemment à l’infini dans l’espace et qui sera peut-être découverte par une race extraterrestre dans des millions d’années », déclarait ainsi l'intéressé l'an dernier. 

Pour faire bonne figure en cas de découverte de sa voiture par des extraterrestres, le milliardaire qui aspire à coloniser la planète rouge a pris soin de faire graver les mots « Fait sur Terre par des humains » sur les circuits imprimés du véhicule électrique. Espérons que les aliens aient eux aussi le sens de l'humour !

La NASA et les acteurs plus « classiques » de la recherche spatiale, ont toujours été assez sceptiques concernant Elon Musk, ce drôle d'énergumène qui publie les vidéos de ses meilleurs foirages de lancement de fusée sur Youtube façon vidéo-gag et qui s'amuse à concevoir des mini-lance-flammes portatifs en guise de jouets. Et il faut dire que lui-même prenait des pincettes, affirmant lundi, à la veille du lancement de Falcon Heavy, que cela serait déjà un miracle si la fusée « quitte le pas de tir et ne le pulvérise pas en mille morceaux »

Ainsi, la réussite de cette mission de SpaceX ne se bornera pas à satisfaire les délires les plus saugrenus de son facétieux fondateur : non content de réitérer l'exploit de réussir à faire ratterrir les réacteurs après lancement (un pas énorme pour le futur des vols spatiaux, puisque cela réduit énormément les coûts de chaque vol en rendant les lanceurs réutilisables après usage), cela devrait donner beaucoup plus de poids et de crédibilité à Elon Musk, que beaucoup dans le petit monde de la recherche spatiale considéraient encore avec une sorte de dédain amusé.

Le lancement de Falcon Heavy est aussi une étape pour celui de la fusée BFR —  Big Falcon Rocket, surnommée « Big Fucking Rocket » (putain de grosse fusée) par le milliardaire. Engin trois fois plus puissant que la Falcon Heavy, la navette ainsi lancée serait capable de se rendre sur la Lune et sur Mars avec des passagers.


Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste