Des élus souhaitent que l'antisionisme devienne un délit au même titre que l'antisémitisme

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Alors que la désormais traditionnelle manifestation parisienne des « gilets jaunes » a été marquée ce week-end par l’agression verbale dont a été victime Alain Finkielkraut, des députés ont émis le souhait que l’antisionisme soit désormais puni par la loi.

« Barre-toi, sale sioniste de merde, tu vas mourir (…) grosse merde sioniste », telles sont les insultes proférées samedi à l’encontre du philosophe par des personnes portant des gilets jaunes et dont l’une - connue des services de renseignements pour son accointance avec la mouvance islamiste - a d’ores et déjà été identifiée.

Au-delà de l’agression en elle-même, qui a unanimement été condamnée par la classe politique, c’est la question de l’antisionisme qui est désormais débattue. Un débat qui revient souvent sur le tapis en raison notamment des actes terroristes perprétrés contre des cibles juives ces dernières années, au nom de l'antisionisme et de la critique de l'État hébreu. Ou quand l'amalgame entre juif et Israël peut conduire au pire.

Quid de l'antisionisme ? s’agit-il, comme certains le prétendent, d’un antisémitisme « déguisé » ?

« La haine d’Israël est une nouvelle façon de haïr les juifs »

Pour un groupe de parlementaires qui penchent sur la question depuis des mois, la réponse ne fait aucun doute, une parole antisioniste est antisémite et doit tomber sous le coup de la loi. C’est la raison pour laquelle ces élus de tous bords souhaitent que l’antisionisme soit reconnu comme un délit au même titre que l’antisémitisme.

Présidé par le député LREM de Paris, Sylvain Maillard, ce groupe devrait ainsi déposer une résolution ou un projet de loi en ce sens, dès mardi, croient savoir nos confrères de France Info. Interrogé sur la question, l’intéressé considère que « la haine d’Israël est une nouvelle façon de haïr les juifs ».

« On peut critiquer le gouvernement d'Israël, mais pas remettre en cause l'existence même de cet État. Personne ne remet en question l'existence de l'État français ou de l'État Allemand », affirme ainsi celui qui se trouve être le président du groupe d’amitié France-Israël.

La trentaine de députés qui l’accompagne décidera prochainement de la teneur à donner à ce projet et en informera le président juste avant le discours que ce dernier donnera à l’occasion du dîner annuel du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), mercredi soir.

On l'a vu, les mots prononcés à l’encontre d’Alain Finkielkraut ont en tout cas relancé le sempiternel débat sur ces notions d’antisionisme et d’antisémitisme. Beaucoup d’anonymes, sur Twitter par exemple, ont ainsi tenu à différencier les deux, en rappelant que le premier était une pensée politique et non un racisme haineux.

« L'antisémitisme est un délit (…) l’antisionisme est une opinion que chacun est libre d'approuver ou non »

Dans les faits, il est difficile de donner tort à ces derniers, d’où la complexité de légiférer sur la question. Comme le rappelle le journaliste et écrivain Dominique Vidal (auteur de l'essai « Antisionisme = antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron »), les deux sont très souvent confondus.

« Il y a une différence radicale. L'antisémitisme est un délit, puni comme tous les racismes par les lois françaises. L'antisionisme est une opinion que chacun est libre d'approuver ou non », explique-t-il dans un premier temps, sans toutefois minimiser les insultes subies par Alain Finkielkraut, un acte qu’il considère comme « inacceptable » et « purement raciste ».

Insistant sur le fait que le sionisme est avant tout une « pensée politique imaginée par Theodor Herzl à la fin du XIXe siècle », tout en rappelant que « l'immense majorité des juifs ne l'a pas approuvée » au début, Dominique Vidal explique que les deux termes sont associés en raison notamment de l’usage qu’en font l’humoriste Dieudonné et l’essayiste Alain Soral. Ces derniers s’en servant, selon lui, comme d’un « passe-passe linguistique » afin d'échapper aux condamnations pour injures ou propos antisémites.

Quand Macron dit que l'antisionisme est le « nouvel antisémitisme », c’est « un amalgame » et « une faute politique »

Et l’intéressé de fustiger au passage les mots du chef de l’État qui avait déclaré que l'antisionisme était « la forme réinventée de l'antisémitisme », lors d’un discours prononcé en 2017 à l’occasion du 75e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv, de sinistre mémoire.

« Cette phrase d'Emmanuel Macron, qu'il n'a d'ailleurs jamais répétée, constitue un amalgame entre ces deux concepts qui n'ont pas de lien l'un avec l'autre. Cet amalgame est une erreur historique et une faute politique ».

« C'est d'autre part une faute politique d'Emmanuel Macron car on ne peut pas réprimer une opinion. Ce serait comme si les communistes demandaient une loi pour réprimer l'anticommunisme ou si les libéraux demandaient une loi pour réprimer l'altermondialisme. On entrerait dans un processus totalitaire où on exigerait que des opposants soient muselés au nom de leur idéologie », ajoute-t-il.

Vous l’aurez compris, le débat n’a pas fini de faire parler et nul doute qu’un tel projet de législation comptera autant de partisans que d’opposants.

Affaire à suivre !

Source : France Info

Au sujet de l'auteur : Mathieu D'Hondt

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.