Le Sénat étudie la proposition d'inscrire le droit à l'IVG dans la Constitution

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L'interruption volontaire de grossesse fait débat. Et malheureusement, il ne faut pas aller bien loin pour découvrir qu'en Europe, le droit à l'avortement et toujours menacé, bafoué. Depuis quelques années, en Pologne, l'interruption volontaire de grossesse est en voie d'extinction. Pour qu'en France, cela n'arrive jamais, les sénateurs se penchent sur la question de savoir s’il faut inscrire le droit à l'IVG dans la constitution.

crédit image : shutterstock.comHUANG Zheng

Le droit à l'IVG au « rang de principe fondamental de notre République ». C'est ce à quoi aspirent des élus communistes, dont Laurence Cohen (Val-de-Marne), Domnique Watrin (Pas-de-Calais) et Eliane Assassi (Seine-Sant-Denis). En ce sens, Jean-Luc Mélenchon avait déjà fait part de son désir d'inscrire ce droit dans la constitution, en 2016 : « Je proposerai que le droit à l’avortement soit inscrit dans la Constitution, de même que le droit de mourir dans la dignité. Les deux droits ont une racine commune : disposer de soi en seul(e) propriétaire de soi. » Aujourd'hui, la proposition de loi est examinée par des sénateurs au Palais du Luxembourg. 

Manifeste des 343 salopes 

En France, l'avortement n'a pas toujours été acquis. Il en a fallu des luttes. L'avortement, en France et ce jusqu'en 1942, était condamné par la peine de mort. Avorter, en plus d'être une expérience douloureuse, signifiait encourir le risque de mourir. Le risque de mourir pour avoir disposé de son corps. En 1971, alors qu'avorter était toujours mal perçu, des femmes ont élevé leur voix, tout en restant lucides sur les poursuites pénales encourues, et se sont dénoncées en signant un manifeste, connu sous le nom du « manifeste des 343 salopes » dans lequel Simone de Beauvoir, signataire, écrivait que : « Un million de femmes se font avorter chaque année en France. »

« Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples. On fait le silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l'avortement libre. » Il aura fallu attendre 1975, pour que la loi Veil instaure le droit à l'avortement.

Pour qu'en France, plus aucune femme n'ait à signer des manifestes ou descendre dans la rue pour revendiquer ses droits quant au droit d'avorter et pour que la loi Veil de 1975 soit « consolidée » , les élus à l'initiative de cette proposition de loi ont, judicieusement, rappelé les propos de Simone de Beauvoir qui fait état de la menace pesante et persistante qui plane sur le droit à l'IVG : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »

En Pologne, en Espagne ou aux États-Unis, le droit à l'IVG ne fait pas l'unanimité

« Manifestations anti-IVG en France et ailleurs, tentatives de restrictions légales de ce droit en Espagne en 2013, en Pologne en 2016, et aux États-Unis après l'élection de Donald TRUMP, ce droit est sans cesse remis en cause » indique le texte et de rajouter que « 50 % des 56 millions d'avortements pratiqués chaque année, dans le monde, le sont illégalement, provoquant la mort de 47 000 femmes (dont un tiers en Afrique), dans des conditions de dignité, de sécurité et d'hygiène effroyables. »

En Pologne, la droite catholique tape du poing depuis des années, variant ainsi les cas de figure où une femme aurait droit à l'avortement. Ce droit, acquis pendant la période soviétique s'éteint à mesure que les années avancent. Depuis 1930, le droit à l'avortement en Pologne est discuté, de différentes manières, imposant aux femmes de se plier aux volontés du pouvoir.

Alors qu'il était d'abord autorisé en cas de viol ou d'inceste sur les mineures de moins de 15 ans, il a ensuite été autorisé en cas de « conditions de vie difficile » en 1956. Depuis 1993, alors que l'Église et l'État passaient des accords afin de rendre ce droit moins accessible, les femmes se retrouvent dans l'incapacité d'avoir recours à un avortement, sauf si elles ont été violées ou si leur grossesse présente un risque pour leur santé. Encore aujourd'hui, les femmes polonaises descendent dans la rue pour crier leur droit de disposer de leur corps.

Source : Sénat

Au sujet de l'auteur : Pauline Masotta

Journaliste