Argentine : le Congrès adopte la loi légalisant l'avortement

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C’est une victoire pour les Argentines ! Les sénateurs argentins ont adopté ce mercredi 30 décembre un texte légalisant l’avortement, a annoncé la présidente du Sénat, Cristina Kirchner. Le pays devient ainsi l’une des rares nations d’Amérique du Sud à légaliser l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Déjà approuvé par les députés le 11 décembre, le texte, qui autorise l’IVG pendant les quatorze premières semaines de grossesse, a été adopté au Sénat avec 38 voix pour, 29 contre et une abstention.

« Nous avons enfin fait l’histoire »

Les milliers d’Argentins, qui s’étaient rassemblés devant le Parlement dans l’attente du résultat, ont laissé exploser leur joie lorsque le « Oui » a été annoncé. Les manifestantes pro-IVG étaient reconnaissables au foulard vert, symbole de leur lutte.

« Après tant de tentatives et des années de lutte qui ont fait couler du sang et nous ont coûté des vies, aujourd'hui nous avons enfin fait l'Histoire. Aujourd'hui, nous laissons un monde meilleur pour nos enfants », a déclaré à l’AFP Sandra Lujan, une psychologue qui participait à la veillée.

Entre 370 000 et 520 000 avortements clandestins chaque année

L’avortement n’était permis qu’en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère, selon une loi de 1921.

D’après le gouvernement, entre 370 000 et 520 000 avortements clandestins sont pratiqués chaque année et 38 000 femmes sont hospitalisées pour complications.

« C’est la loi ! La marée verte a fait de cette loi et de ce militantisme une réalité. Nous avons fait un grand pas en avant et nous sommes plus près de l’Argentine dont nous rêvons. Nous écrivons notre destin, nous faisons l’histoire », a déclaré Elisabeth Gomez, ministre des Femmes, des Genres et de la Diversité sur Twitter.

Un autre projet de loi a été voté en parallèle. Il s’agit du « Plan des 1 000 jours », qui vise à soutenir les mères de famille pendant leur grossesse et les premières années de l’enfant. Une manière de réduire les avortements pour des raisons économiques.

Un sujet qui divise

Le sujet divise profondément la société argentine. En 2018, le Sénat avait rejeté par 7 voix une loi votée par les députés autorisant l’IVG. Ce projet de loi a cette fois-ci été porté par le président de centre gauche Alberto Fernandez, comme il l’avait promis lors de sa campagne.

« Je suis catholique, mais je dois légiférer pour tous, c’est un sujet de santé publique très sérieux », a-t-il expliqué récemment.

Le pape François, argentin, qui ne s’était pas exprimé sur le sujet, a publié ce mardi un message sur son compte Twitter, interprété par la presse argentine comme un rejet de la loi. « le Fils de Dieu est né rejeté pour nous dire que toute personne rejetée est un enfant de Dieu. Il est venu au monde comme un enfant vient au monde, faible et fragile, afin que nous puissions accepter nos faiblesses avec tendresse », écrit-il.

Le projet de loi prévoit également une objection de conscience pour les professionnels de santé refusant de pratiquer l’IVG. Ils sont cependant dans l’obligation d’orienter la patiente vers des soins appropriés.

L’Argentine rejoint ainsi Cuba, l’Uruguay, la Guyane et la province de Mexico, seuls pays et régions à autoriser l’IVG sans conditions en Amérique latine.

Source : Le Monde

Au sujet de l'auteur : Timothé Goyat

Journaliste