En Egypte, l'inquiétante chasse à l'homme lancée par le gouvernement pour traquer les homosexuels

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Il ne fait pas bon être homosexuel dans tous les pays du monde. En témoignent les récents événements survenus en Egypte, où des personnes sont arrêtées par brassées, depuis quelques jours, à cause de leur lien supposé avec la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres).

Ces rafles visant la communauté homosexuelle, perpétrées par la police avec la bénédiction de l'État et appuyées par la plupart des médias Egyptiens, font suite à un important scandale, suscité par la présence de drapeaux arc-en-ciel lors d’un concert du groupe libanais Mashrou’ Leila, le 22 septembre, au Caire. Ce groupe de pop-rock arabe est justement connu pour son engagement en faveur de la défense des droits des homosexuels.

Des drapeaux LGBT+ brandis lors du concert de Mashrou’ Leila / Capture d'écran Youtube

Ils pensaient simplement pouvoir participer en paix à un concert en brandissant des drapeaux colorés pour défendre l'Amour, dans sa plus grande et plus belle diversité. Mais les images de ces bannières multicolores, symboles de la communauté LGBT+, ont très vite fait le tour des journaux et des chaînes de télévision, semant la discorde dans ce pays où l'homosexualité est souvent qualifiée de « perversion » ou de « maladie » par une partie de la population.

Résultat, une véritable chasse à l'homme s'est ensuivie, entraînant des arrestations massives d'homosexuels supposés. Au total, une dizaine de personnes ayant été aperçues brandissant des drapeaux ont été interpellées par la police, tandis que cinq autres sont toujours en fuite. Une vingtaine d'autres homosexuels présumés auraient également été arrêtés, selon les sources officielles. Mais de son côté, au 2 octobre, l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR) estimait à une petite soixantaine de personnes le nombre total de personnes arrêtées pour leur homosexualité présumée.

Examens anaux et prison ferme

De son côté, le groupe Mashrou’ Leila a condamné les événements survenus après le concert, qualifiant la réponse du gouvernement de véritable « chasse aux sorcières ». Sur les réseaux sociaux, les musiciens libanais s'indignent : « C'est dégueulasse de se dire que toute cette folie a été causée, pour quelques gosses ayant eu le malheur de brandir un bout de tissu qui défend l’amour ». Le gouvernement Égyptien a réagi aussi sec, en interdisant le groupe de tout concert dans le pays à l'avenir.

Aujourd'hui, des associations locales estiment qu'au moins huit personnes ont déjà été condamnées à des peines allant d'un à six ans d'emprisonnement, avec le chef d'inculpation « débauche et incitation à la débauche » (la loi Égyptienne ne condamnant pas explicitement l'homosexualité). Afin de déterminer si les personnes vues avec des drapeaux étaient bien des homosexuels ou de simples sympathisants, la police se serait même livrée à des examens médicaux de leurs parties intimes.

« Les forces de sécurité égyptiennes se sont livrées à une rafle de dizaines de personnes et ont effectué cinq examens anaux, ce qui montre une forte escalade dans les efforts des autorités pour persécuter et intimider les membres de la communauté », a dénoncé lundi Najia Bounaim, directrice des campagnes Afrique du Nord d’Amnesty International.

La campagne de répression du gouvernement égyptien et la traque des homosexuels qui semblent s'amorcer sont en train de soulever de vives critiques à l'international.


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Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste