Tampon et choc toxique : Lauren Wasser va devoir être amputée de sa seconde jambe, son combat d'activiste continue, plus que jamais.

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La mannequin, prédestinée à devenir la « it girl » s'était vue être amputée d'une jambe suite à un choc toxique lié aux règles. Aujourd'hui, elle va devoir se faire amputer de sa seconde jambe. Retour sur une expérience brutale et les raisons du choc toxique que bon nombre d'entre nous ignorent encore.

Crédit photo : shutterstock.com / Makta_Wariatka

Cinq ans auparavant, alors qu'elle n'avait que 24 ans, Lauren Wasser, mannequin à l'époque, a été victime d'un syndrome du choc toxique (SCT). Le tampon étant la cause de tous ses maux. En effet, composé de fibres synthétiques, il a réveillé le staphylocoque doré, une bactérie naturellement présente chez 30 à 40% des individus, hommes et femmes confondus. Suite à cette rare infection, les médecins ont été obligés d'amputer la jambe droite et les doigts de pieds de la jambe gauche de la jeune femme après des complications exceptionnellement graves.

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La marque de tampon qu'utilisait Lauren Wasser, Kotex, s'était défendue après que la mère de la mannequin a porté plainte, en expliquant que les risques liés aux tampons hygiéniques quant à la possibilité de contracter le SCT étaient indiqués sur les notices d'utilisation. Un sujet encore méconnu mais aussi tabou que Lauren Wasser a décidé de mettre en lumière et de combattre afin d'éviter à des jeunes filles de vivre la même tragédie. Ainsi, elle continue de montrer fièrement sa jambe artificielle.

« Ma jambe gauche est un ulcère ouvert qui n'a ni talon ni orteils. Au fil des années, mon corps a produit beaucoup de calcium, ce qui fait que mes os poussent sur ce pied. J'ai dû subir une opération chirurgicale pour enlever ces os, car c'était impossible de marcher » a déclaré la mannequin après avoir annoncé l'ablation de sa seconde jambe.

« Le syndrome du choc toxique m'a coûté ma jambe mais, des années plus tard, je me suis consacrée à la sensibilisation et à la prévention de ce problème », a témoigné Lauren Wasser pour InStyle. En ce sens, elle se bat pour faire accepter une législation à ce sujet. D'ailleurs, en mai prochain, la démocrate Carolyn Maloney devrait présenter un texte redirigé, soutenant les souhaits de Lauren Wasser. L'attente d'un retour positif risque donc de se faire sentir du côté de Lauren Wasser et sa famille.

Concrètement, qu'est-ce qu'un choc toxique ?

«Un choc toxique se caractérise par le passage d'une toxine dans le sang. Ces effets sont gravissimes et peuvent provoquer une nécrose des mains, des pieds et une défaillance des organes. Dans le cas de chocs toxiques liés aux tampons, il faut que plusieurs conditions soient réunies. La femme doit être porteuse d'un staphylocoque doré. Ce qui est extrêmement courant : il s'agit d'une bactérie naturelle, présente dans la flore vaginale. Elle doit avoir une forme bien particulière de cette bactérie, productrice de la toxine TSST-1. Lors des règles, l'accumulation de sang, bloqué par le tampon, entraîne la production de cette toxine. Le choc septique survient lorsque la TSST-1 passe du vagin au sang».

Nous n'avons pas forcément conscience du danger auquel on s'expose lorsque par habitude nous utilisions les tampons, qui ont fait figure symbole d'émancipation de la femme. En vérité, il peut faire l'effet d'une bombe sur la santé des femmes. En le portant trop longtemps, celui-ci peut s'avérer dangereux. Porteuse du staphylocoque doré, il faut redoubler de méfiance.

Mais si les cas de choc toxique se sont faits de moins en moins rares et que l'on a beaucoup entendu ce terme au cours des dernières années, le phénomène ne date pas d'hier. C'est en 1934 que Tampax invente le premier tampon jetable, vendu dans un applicateur en carton. (Avant ça, la première serviette jetable faisait son apparition en 1920). En 1934, le tampon jetable était à destination des femmes mariées, puisqu’à l'époque les tampons étaient symboles de perte de virginité ou de plaisir vaginal. Pour le plaisir, on repassera. En 1980, après moultes alternatives entre tampons et serviettes, le refus de faire des publicités où l'on parlait de règles et l'idée que les femmes se servaient de leurs règles comme excuse pour manquer aux tâches ménagères, le choix du tampon très absorbant ou normalement absorbant fait son apparition. Avec cette petite révolution, le tampon, malgré lui, se voit entraîner la mort de 88 femmes. En cause ? Un choc toxique.

En effet, il faut donc remonter 37 ans en arrière pour se rendre compte du problème persistant. La marque de tampon Rely, après que le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies a remarqué que le modèle particulièrement absorbant, à base de polyester imbibé de carboxyméthylcellulose, entraînait plus de SCT que les autres tampons a été condamnée. Après un an de commercialisation de ce tampon, 1500 cas de SCT ont été relevés aux États-Unis dont 88 décès avait rapporté le New York Times en 1982. Suite à cela, la Food and Drug Administration a obligé (aux USA) les fabricants à préciser le risque de SCT sur les boîtes de tampons.

De 1990 à 2005, après la FDA a confirmé la nécessité d'un avertissement sur les emballages et recommande l'utilisation de tampons peu absorbants, aucun cas de syndrome de choc toxique n'a été relevé. Puis, de 5 cas en 2004, le grand écart s'est établi faisant 19 cas en 2016, en France. Le cas de la mannequin Lauren Wasser n'est donc pas isolé.

Les symptômes et la prévention

Les syndromes s'apparentent malheureusement à une gastro-entérite, d'où la difficulté de déceler l'arrivé du choc toxique. Maux de tête, douleurs musculaires, vomissements, diarrhées, poussée de fièvre. En plus, vous serez amenés à voir votre tension chuter ainsi que des éruptions cutanées comme des coups de soleil. Si cela vous arrive et que vous avez vos règles, il est évident que le premier geste à effectuer dans le doute est d'enlever le tampon. « On peut ensuite en parler avec son médecin traitant ou aller directement aux urgences si nécessaire » rapporte Gerard Lina, biologiste médical au CHU de Lyon, à LCI.

Ainsi, pour prévenir au mieux le choc toxique, il est important de ne pas dépasser quatre heures de port du tampon, choisir des tampons peu absorbants, qui dans le cas contraire ne feront que multiplier les risques. Le choix d'alterner avec une serviette hygiénique est également une solution. Enfin, en 2010, nous avons vu la naissance d'un petit nouveau dans le monde des règles : la «cup » ou coupe menstruelle (bien qu'elles existassent déjà dans les années 30). Elles séduisent de plus en plus de femmes qui se tournent vers cette alternative plus sécurisée, plus économique et plus écologique.

Source : Madame Figaro

Au sujet de l'auteur : Pauline Masotta

Journaliste