« Les porcs et leurs allié.e.s s'inquiètent ? C'est normal. Leur vieux monde est en train de disparaître » : La réponse de Caroline de Haas à la tribune des 100 signataires publiée au Monde

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C'était couru d'avance. La tribune signée par les 100 femmes qui se positionne à contre-courant de la campagne #BalanceTonPorc qualifiée de « campagne de délation » , ne passe pas. Caroline De Haas, militante féministe, a rétorqué à l'aide d'une tribune, cosignée par une trentaine de militantes mais aussi militants féministes.

La militante féministe Caroline De Haas (centre) lors d'une action contre les violences faites aux femmes, le 24 novembre 2017, à Paris. (ALAIN JOCARD / AFP

« Cette tribune, c’est un peu le collègue gênant ou l’oncle fatigant qui ne comprend pas ce qui est en train de se passer ». Vraisemblablement, la militante ne trouve aucun point pertinent à la tribune publiée au Monde. Selon elle, « à chaque fois que les droits des femmes progressent, que les consciences s'éveillent, les résistances apparaissent. En général, elles prennent la forme d’un "c’est vrai, certes, mais…».

De l'excès ?

Caroline De Haas ne voit pas la campagne du même œil que les cent femmes à l'initiative de la tribune au Monde. La militante semble être dans l'incompréhension quant au fait qu'elles dénoncent un excès dans les réclamations et déclarations des féministes depuis l'affaire Weinstein. « Dès que l’égalité avance, même d’un demi-millimètre, de bonnes âmes nous alertent immédiatement sur le fait qu’on risquerait de tomber dans l’excès. L’excès, nous sommes en plein dedans. C’est celui du monde dans lequel nous vivons. »

Elle continue de s'insurger, déplorant une erreur de combat « comme si le fait que notre société tolère moins qu’avant les propos sexistes, comme les propos racistes ou homophobes, était un problème » avant de marteler l'importance de notre langage au sein de notre société qui se veut progressiste : « le langage a une influence sur les comportements humains : accepter des insultes envers les femmes, c’est de fait autoriser les violences. »

« Faire passer les féministes pour des coincées, voire des mal-baisées »

C'est en tout cas le message que la militante a compris. Elle dénonce ainsi le puritanisme évoqué lors de la tribune au Monde, et qualifie « l’originalité des signataires de la tribune » comme « déconcertante ». C'est donc déconcertée qu'elle précise que « les violences pèsent sur les femmes. Toutes. Elles pèsent sur nos esprits, nos corps, nos plaisirs et nos sexualités. »

Alors, est-il réellement devenu impossible de draguer ? Pour les militantes féministes il est clair que « les signataires de la tribune mélangent délibérément un rapport de séduction, basé sur le respect et le plaisir, avec une violence [...] Au fond, si le harcèlement ou l’agression sont de "la drague lourde", c’est que ce n’est pas si grave. Les signataires se trompent ». Le cœur du débat ne résiderait donc pas en la drague exercée par les hommes sur les femmes mais bien en la « nature » de cette drague. Il ne s'agirait donc pas non plus de désigner une nuance entre la drague et le harcèlement : « Les violences ne sont pas de la "séduction augmentée". D’un côté, on considère l’autre comme son égal.e, en respectant ses désirs, quels qu’ils soient. De l’autre, comme un objet à disposition, sans faire aucun cas de ses propres désirs ou de son consentement. »

« L’éducation à donner aux petites filles pour qu’elles ne se laissent pas intimider »

Éduquer les petites filles à ne pas être agressées plutôt que d'apprendre aux hommes à ne pas agresser ou violer ? « Les femmes sont donc désignées comme responsables de ne pas être agressées. » « Nous avons droit au respect. Nous avons le droit fondamental de ne pas être insultées, sifflées, agressées, violées. Nous avons le droit fondamental de vivre nos vies en sécurité. » Et selon l'auteure de l'écrit, pour le moment, le respect auquel les femmes ont droit est inexistant et ce, partout à travers le monde : « En France, aux États-Unis, au Sénégal, en Thaïlande ou au Brésil : ce n’est aujourd’hui pas le cas. Nulle part. »

Deux poids deux mesures ?

C'est en ce sens que l'auteure met en avant le caractère redondant de l'écrit des signataires de la tribune du Monde qui « sont pour la plupart des récidivistes en matière de défense de pédocriminels ou d’apologie du viol [...] Elles méprisent de fait les millions de femmes qui subissent ou ont subi ces violences. » Le tout avant de mettre en évidence la nuance qu'elles seraient capables d'invoquer quant à une « main au cul » : « Beaucoup d’entre elles sont souvent promptes à dénoncer le sexisme quand il émane des hommes des quartiers populaires. Mais la main au cul, quand elle est exercée par des hommes de leur milieu, relève selon elles du "droit d’importuner"». Une ambivalence qui, selon elle, justifie le féminisme dont ces femmes se réclament.

« Nous sommes des victimes de violences. Nous n’avons pas honte. Nous sommes debout. Fortes. Enthousiastes. Déterminées. Nous allons en finir avec les violences sexistes et sexuelles [...] Quelques réminiscences poussiéreuses n’y changeront rien, même publiées dans Le Monde. »

Source : France TV Info

Au sujet de l'auteur : Pauline Masotta

Journaliste