Scandale : la Norvège va délivrer un « permis de tuer » pour éradiquer les deux-tiers de sa population de loups

Bouton whatsapp
Le gouvernement Norvégien a annoncé la suppression de deux tiers de sa population de loups. Cette population, lors des derniers comptages, était estimée à tout juste 68 individus — et 47 d'entre eux devront bientôt être abattus. 

Pour les experts environnementaux, le constat est sans appel : cette limite légale de chasse est bien au-dessus de ce que la population actuelle de loups norvégiens peut encaisser, et on peut parler, à cette échelle, d'un véritable génocide.

Le gouvernement justifie cette battue (qui serait la plus grande jamais planifiée depuis 1911 !) en avançant que cela servira à contrôler et à réduire les dommages occasionnés chez les agriculteurs, notamment sur les élevages de mouton.

Cependant, de nombreux groupes environnementaux, dont la WWF Norvège, tirent la sonnette d’alarme : une telle opération sur une population aussi réduite occasionnerait des dégâts irrémédiables....
 
@Bente Haarstad

Il est vrai que le loup a, depuis des temps immémoriaux, été un adversaire de l’homme, dont on peut dire qu’il est le « meilleur ennemi » : Le combat des éleveurs essayant de protéger leurs troupeaux contre ces prédateurs est vieux comme l’histoire de l’agriculture, et même lorsque les populations humaines étaient encore nomades, les loups étaient ses principaux concurrents dans la lutte pour l’accès à la nourriture.

Le loup, cet animal sauvage, indomptable et mystérieux, a ainsi depuis longtemps fasciné, troublé et effrayé les humains — au point de monopoliser les rôles de méchants dans les contes, légendes et autres histoires que l’on se racontait dans les veillées d’autrefois, massés autour du feu.

Cependant, aujourd’hui, la nuisance potentielle représentée par cette soixantaine de loups à travers tout le pays est plutôt anecdotique : en Norvège, les attaques de loups ne représentent au final qu’à peine 1% des pertes de bétail, ce qui reste très négligeable en comparaison aux maladies ou encore aux accidents (chute, noyade, choc avec un véhicule ou un train). De plus, en cas d’attaque de loup, les éleveurs sont largement et généreusement remboursés — et encore, on estime que de nombreux animaux victimes de « loups » sont en fait tués par des chiens errants, qui sont largement plus nombreux à évoluer dans la nature que leurs cousins sauvages.

C’est pourquoi la décision d’abattre 70% des populations de loups de la Norvège laisse un arrière-goût amer aux défenseurs de la cause animale, tout comme elle suscite une vague d’incompréhension.

« Nous n’avons pas connu une chose pareille depuis presque 100 ans, à l’époque où le mot d’ordre était l’extermination de tous les grands prédateurs,» s’indigne Nina Jensen, à la tête de la branche Norvégienne de la WWF, dans un communiqué.


Politique électoraliste et motivations douteuses

Même s’il est important de prendre en compte les besoins des éleveurs, il semble évident que cette réponse du pouvoir public est complètement disproportionnée. Surtout, outre les conséquences environnementales, elle n’est guère très utile dans les faits, car elle répond en effet à un non-problème, étant donné le danger plus chimérique que réel causé par cette poignée de loups.

Il semble que cette décision permet surtout au gouvernement actuel de contenter les agriculteurs en façade, tout en se dispensant de mettre l’accent sur des solutions véritables, qui permettraient de les soutenir sur le long terme (aides financières, matérielles et logistiques, subventions…)
@DR


Un autre souci, c’est qu’il y a un réel appétit en Norvège pour la chasse dite « sportive ». L’année dernière, 16 licences avaient été attribuées pour pouvoir légalement chasser des loups. 11 000 personnes se sont inscrites pour obtenir ce permis de tuer, soit 700 candidats se disputant pour chacune des licences disponibles !

Certains accusent ainsi le gouvernement Norvégien d’avoir pris la décision de massacrer autant de loups, afin de satisfaire à cette demande populaire.

24 loups seront tués dans les habitats protégés, tandis que 23 autres loups pourront être abattus n’importe où dans le pays. Au total, ce sont 47 loups sur les 68 qui seront tués, ne laissant qu’une petite vingtaine d’animaux — à cette échelle, on peut parler d’un véritable génocide. Les experts environnementaux sont unanimes : cette limite légale de chasse est bien au-dessus de ce que la population actuelle de loups norvégiens peut encaisser.

Étonnamment, c’est seulement l’année dernière que les loups ont été officiellement désignés comme une espèce « en danger critique » en Norvège…

« Abattre 70% de sa population de loups, cela n’est pas digne d’une nation qui se prétend être un porte-étendard des causes environnementales, » rajoute Nina Jensen. « Des personnes de la Norvège entière, ainsi qu’à l’étranger, sont en train de s’organiser pour réagir à cela. »

Une pétition a été mise en place par des militants, qui souhaitent la présenter à Erna Solberg, première ministre Norvégienne. Vous pouvez participer en cliquant ici.
Source : H/T IFL Science

Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste