« PayeTaPlainte » : Plus de 500 témoignages qui racontent ce que c'est, réellement, de porter plainte pour une agression sexuelle

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Aux aurores d'une certaine prise de conscience, après qu’hommes et femmes ont compris l'enjeu d'une société où les femmes peuvent accuser, dénoncer et porter en justice des méfaits qu'elles ont subis, un débat reste fragile. Un débat qui se murait jusqu'alors dans le silence et qui était tabou. Alors, qu'en est-il, réellement, de la prise en charge des victimes de violences sexuelles ?

Certains avancent que les autorités s'appliquent à rendre l'expérience d'un viol ou d'une agression sexuelle plus « gérable » grâce à l'écoute, la compréhension et la prise en compte du désir de la victime de se battre. D'autres avancent que certaines personnes, en gendarmeries ou en commissariats, mettent des bâtons dans les roues aux victimes de violence sexuelle. Pour le Groupe F, « les pouvoirs publics appliquent la politique de l’autruche et refusent de regarder la réalité en face : nous avons un problème avec la façon dont les femmes victimes sont accueillies en commissariats et gendarmeries. »

Pour y voir un peu plus clair et pour comprendre ce qui pousse les femmes à reculer devant un commissariat alors qu'elles viennent de vivre un sévice, le Groupe F et la page « Paye ta police » ont lancé, le 12 mars dernier, une enquête. En dix jours, le groupe a reçu plus de 500 témoignages, qui ne viennent pas, au contraire, redorer le blason des autorités, censées prendre en charge les victimes. Selon le ministère de l'Intérieur, les plaintes pour agressions sexuelles ont augmenté de 12% en 2017. Ce regain de courage est à encourager. Mais comment faire perdurer ce courage lorsque ces femmes se voient être découragées ?

« Des centaines de femmes victimes de violences racontent la façon dont elles sont accueillies en commissariat ou gendarmerie. Spoiler : la plupart du temps, mal. Très mal. via Le Groupe F et Paye Ta Police » : Les chiffres avancés par l'enquête sont évocateurs. Dans 60% des cas, il s'agit d'un refus ou d'un découragement de plainte. Dans 52,9% des cas, la personne en charge de recevoir la plainte, exerce une pression pour susciter une remise en question de l'importance des faits.

Et, exactement comme un agresseur l'aurait fait, la victime, lorsqu'elle se voit déposer plainte, se heurte à une méthode de culpabilisation et ce à 41,6%. Pire, dans certains cas, si la personne en charge de la plainte est un homme, dans 21,2% des cas, il se montre solidaire avec l'agresseur. Évidemment, dans 17,9% des situations, la victime se trouve être confrontée à des moqueries sexistes. Des chiffres sans appel, qui représentent des témoignages « récents : 40% d’entre eux ont moins de deux ans. 70% d’entre eux ont moins de 5 ans. 28 témoignages concernent l’année 2018. »

Alors, voilà une question qui se pose : Comment, alors que les victimes peinent à se faire entendre auprès des gardiens de la paix, espérer que des contraventions soient attribuées aux hommes qui exercent une quelconque forme de harcèlement dans la rue ?

Vous pouvez retrouver tous les témoignages sur le site internet du Groupe F. Évidemment, il y a des dépôts de plainte qui se sont bien passés et où la victime a bien été prise en charge. Si vous avez besoin de témoigner ou simplement aider, vous pouvez le faire directement sur le site du Groupe F, ici. 

Source : Groupe F

Au sujet de l'auteur : Pauline Masotta

Journaliste