La Slovaquie élit sa première femme présidente

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Ce samedi 30 mars, la Slovaquie a élit Zuzana Caputova, une avocate libérale, à la tête du pays. Elle marque l’histoire en devenant la première femme présidente de l’État slovaque, et ce malgré son inexpérience politique.

En réunissant 58,38% des voix, Zuzana Caputova a bousculé l’échiquier politique slovaque, s’imposant face à Maros Sefcovic, commissaire européen soutenu par le pouvoir actuel.

Son rival, bon perdant, a tenu à saluer cette victoire historique : « Je viens d’appeler Zuzana Caputova pour la féliciter de sa victoire. Je lui envoie un bouquet de fleurs parce que la première femme présidente de la Slovaquie mérite un bouquet » a-t-il déclaré à la presse.

Le président sortant, Andrej Kiska, s’est aussi félicité de cette victoire : « De nombreux pays nous envient probablement d’avoir choisi un président qui symbolise des valeurs telles que la décence. La Slovaquie est en crise morale et a besoin d’un président comme Zuzana Caputova ».

Consciente que le plus dur commence, elle s’est adressée aux Slovaques à s’unir, pensant déjà aux prochaines échéances : « Cherchons ce qui nous unit, plaçons la coopération au-dessus des intérêts personnels. Pour moi, cette élection a prouvé que l’on peut gagner sans attaquer ses adversaires et je crois que cette tendance se confirmera lors des élections au Parlement européen et des législatives slovaques l’année prochaine ».

Son inexpérience politique s’est avérée être un atout plus qu’un inconvénient aux yeux des électeurs, suite aux accusations de corruption qui touchent le gouvernement slovaque depuis plusieurs mois. C’est d’ailleurs sur ce crédo « anti-corruption » que l’avocate libérale âgée de 45 ans a fait campagne.

En effet, l’année dernière, un fait divers est venu briser le lien de confiance entre le peuple et la classe politique. Un journaliste d’investigation, Jan Kuciak, et sa fiancée, ont été assassinés alors que ce dernier allait publier un article sur les liens présumés entre des hommes politiques slovaques et la mafia italienne.

Des milliers de Slovaques, dont faisait partie alors Zuzana Caputova, ont manifesté dans les rues, fragilisant alors le gouvernement du parti Smer-SD. Cette vague de mécontentement populaire avait conduite à la démission du Premier ministre, Robert Fico. Dans cette affaire d’assassinat, cinq personnes ont, jusqu’à présent, été interpellés dont le commanditaire présumé du meurtre, un multimillionnaire qui aurait de liens avec Smer-SD.

Associated Press

Dans ce climat de méfiance, Zuzana Caputova s’est donc positionnée comme une alternative « propre », malgré son inexpérience politique. De par son profil novice et d’outsider, elle est comparée à un certain Emmanuel Macron par de nombreux analystes. Une similarité qui s’arrête là puisque les grandes lignes de son programme font la part belle à la protection de l’environnement, le soutien aux personnes âgées et une réforme de la justice qui priverait « les procureurs et la police de toute influence politique ».

En Slovaquie, le rôle présidentiel n’est pas celui qui dirige, à proprement parler, le pays. Il ratifie les traités internationaux et nomme les plus hauts magistrats. Il est également commandant en chef des armées et dispose du droit de véto. Zuzana Caputova prêtera serment le 15 juin prochain.

Pour rappel, il y a cinq mois de cela, c'est l'Ethiopie qui avait élu sa première femme présidente.


Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef