À Provins, les parents d'élèves votent pour le retour de l'uniforme à l'école pour gommer les inégalités entre enfants

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C'est une première en France métropolitaine : le port de l'uniforme va être instauré dans les six écoles élémentaires publiques de la commune de Provins, en Seine-et-Marne. Un peu plus de 750 élèves sont ainsi concernés. Même si la tenue ne sera pas imposée aux écoliers, cette proposition fait vivement réagir.

Plus de la moitié des parents de la commune de Provins, en Seine-et-Marne, se sont déplacés dans les bureaux de vote ce samedi 2 juin et 62 % d'entre eux se sont prononcés en faveur de l'arrivée de l'uniforme dans les six écoles primaires publiques de la cité médiévale. La mesure sera mise en place dès le retour des vacances de la Toussaint, en novembre 2018.

Rien d'obligatoire toutefois : seuls les élèves volontaires parmi les 759 concernés arboreront la fameuse tenue, composée d'un polo marqué de l'écusson de la ville, un pantalon ou une jupe noire, un pull col v bleu ciel ou encore un sweat. La mairie va lancer un appel d’offres pour la fabrication du trousseau de dix pièces qui devrait coûter au maximum 145 euros aux familles. Le coût sera divisé par deux à partir du deuxième enfant et la Caisse centrale d’activités sociales (CCAS) pourra subvenir aux familles qui en ont besoin, a précisé l'élu local.

« Tout ce qui peut aller dans le sens de rassembler les enfants, de mettre en lumière ce qui les rassemble plutôt que ce qui les différencie, je pense, va dans la bonne direction », a soutenu le maire de la ville Olivier Lavenka (Les Républicains - UDI), à l'origine de la proposition au micro de France 3.

Le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer s'est dit favorable au port de l'uniforme, très répandu dans les pays anglo-saxons, sur le plateau de BFM. « C'est un enjeu d’égalité entre les enfants. Aujourd’hui, les marques de vêtements, ça compte malheureusement beaucoup trop, avec tous les phénomènes matérialistes un peu stupides », a-t-il expliqué. Il souhaite cependant laisser aux collectivités locales l'initiative d'adopter cette pratique, à l'image du référendum local qui s'est déroulé ce week-end à Provins. « Évidemment ce n’est pas du tout conforme à ce que l’on peut souhaiter pour l’école de la République. L’uniforme peut être une réponse. Je n’en fais pas l’alpha et l’oméga d’une politique éducative, mais dans certains cas ça peut être utile », a poursuivi le ministre.

Une question qui divise

La question du port de l'uniforme est un éternel débat. Le clan des « pro » y voit un moyen de favoriser l'égalité entre les élèves, de gommer les différences (de niveaux de vie…), et, ainsi, de s'intégrer plus facilement. Revêtir une tenue identique inciterait également à mieux se comporter et créerait un sentiment de fierté, d'unité et d'appartenance.

De l'autre côté, on critique l'aspect militaire et strict d'une telle tenue. On pense que le port d'une tenue identique empêche chacun d'exprimer sa personnalité, fait entrer dans un moule et ne prépare pas au monde extérieur. Le coût représente également un frein important.

D'autres enfin critiquent cette nostalgie d'une époque où l'uniforme était obligatoire dans les établissements publics en France. Ce qui n'a en fait jamais existé. « Il faut bien distinguer le privé et le public sur ce sujet. Dans le privé, il y a toujours eu des uniformes. Il s’agit souvent d’établissements huppés, qui veulent se distinguer des autres », nuance l'historien spécialiste de l’éducation Claude Lelièvre auprès de 20 Minutes. « Dans le public, c’est différent. Il n’y a jamais eu de vêtement obligatoire dans les écoles publiques, c’est une légende. Ce qui existait, c’était un usage de blouses disparates pour se protéger des taches d’encre », assure ce dernier.

Les Français semblent en tout cas de plus en plus favorables à l'entrée de l'uniforme dans les établissements scolaires, comme le montre le sondage ci-dessous :

Source : Actu.fr

Au sujet de l'auteur : Justine B.

Journaliste