Enfin, bientôt la fin de l'élevage de lapins en cage ? Le Parlement Européen souhaiterait aller dans ce sens...

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Dans l’ombre de son clapier, le lapin est l’animal le plus détenu en cage en Europe, sans qu’il existe de réelles normes sur leur élevage au niveau continental. Ainsi, le Parlement européen a décidé de prendre position.


Ce mardi 14 mars, les députés européens ont en effet voté un rapport d’initiative demandant l’élaboration de « normes minimales » pour améliorer le bien-être des lapins. Surtout, ils visent la suppression progressive des cages. Ils ont également demandé à la Commission européenne à adopter une législation spécifique sur cet élevage encore assez méconnu, et pourtant très répandu.


En effet, les chiffres sont plutôt alarmants. Chaque année, ce sont 320 millions de lapins élevés pour leur viande en Europe, et 99% sont enfermés dans des cages… Bref, le temps est certainement venu de prendre soin de ces petites bêtes comme l’affirme Stefan Eck, député européen allemand : « Il existe des normes réglementaires pour protéger les porcs, les veaux, les poules pondeuses ou les poulets de chair. Mais pas une seule ne concerne la protection des lapins ».


Dans les faits, il est clair que l’élevage de lapins en cage ressemble à un vrai cauchemar. Privés de grands espaces, ils grandissent et vivent dans des petites cages hors-sol sans avoir le privilège de gambader, les rendant incapables de développer naturellement leur organisme. En outre, les lapins sont les animaux les plus exposés aux antibiotiques, d’après un rapport livré par l’Agence nationale de sécurité sanitaire.


Quelle serait donc la meilleure solution pour améliorer les conditions d’élevage des lapins ? Si l’idée est de supprimer progressivement les cages, il sera possible alors de s’orienter vers d’autres méthodes d’élevage comme les systèmes de parcs. Un système qui offrirait plus d’espace aux lapins.


Pour Léopoldine Charbonneaux, directrice de l’ONG « CIWF France », c’est un grand pas que le problème soit mis sur la table, avec des solutions de recours : « C’est une victoire formidable, un changement de paradigme. Ce combat était difficile car les lapins sont souvent associés aux clapiers. Mais les cages sont bien pires. Nous nous réjouissons que le texte parle de leur fin progressive et non de leur aménagement ». Elle avait d’ailleurs remis aux ministres européens de l’agriculture une pétition de 600 000 signatures qui allait dans le sens de ce combat.


Cependant, la bataille est très loin d’être gagnée. Pour Vera Jourova, commissaire chargée des consommateurs, les lapins sont déjà protégés par une directive datant de 1998 qui concernait tous les animaux d’élevage. Puis, « la Commission est d’avis que les États membres concernés sont les mieux placés pour gérer les problèmes relevant de la production ».


Seulement voilà, en Europe, seules l’Autriche et la Belgique ont interdit les cages en batterie en faveur des parcs. Également, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont déjà adapté leur législation pour l’amélioration des conditions d’élevage des lapins. Sinon, le reste des États membres ne disposent pas de législation spécifique.


Dernier obstacle et pas des moindres : l’aspect financier. Second producteur mondial de viande de lapin, derrière la Chine, l’Union Européenne se repose surtout sur l’Espagne, la France et l’Italie qui cumulent 80% de la production européenne. Le souci c’est que, en France notamment, la consommation de lapin est en chute libre, surtout chez les jeunes.


Face à cela, les éleveurs restent donc assez frileux de se séparer de leurs cages, qui leur permettent d’élever leurs lapins à moindre coût. Passer au système de parcs entraînerait un surcoût de 30% pour l’éleveur, qui se répercutera sur le prix de la viande. Déjà que le lapin n’est pas la viande la moins chère du marché, l’augmentation de son prix pourrait encore plus refroidir les consommateurs. »


Un constat qui signifie que, une nouvelle fois, le changement devra d’abord venir de la part des consommateurs pour engendrer un cercle vertueux pour le bien-être de l’animal. Si le Parlement Européen va au bout de son idée, ce serait forcément une première bonne nouvelle !

Source : Le Monde

Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef