Les abattoirs systématiquement surveillés par des caméras ? Cette idée, visant à en finir une fois pour toutes avec la maltraitance animale, sera défendue aujourd'hui devant le ministre de l'Agriculture

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Les vidéos d’horreur tournées en caméra cachées dans des abattoirs et révélées par l’association L214 « Éthique et Animaux » ont causé un énorme scandale.

Les membres de l’association étaient en effet parvenus à pénétrer dans des abattoirs et à y introduire des caméras, résultant en des images absolument glaçantes, d’une violence inimaginable, où l’on voit certains employés frapper des animaux, les égorger vivants, ou encore les écarteler et les découper alors qu’ils sont encore conscients. Ces images, qui revendiquent montrer le « vrai visage des abattoirs » en dévoilant ce qui se passe réellement à l’abri des regards, ont choqué un bon nombre de personnes lors de leur diffusion…

À tel point que les abattoirs qui ont été filmés ont dû être fermés, les employés incriminés ont été licenciés, et qu’une commission d’enquête a été lancée... Mieux, certains députés proposent désormais d’imposer la mise sous surveillance vidéo systématique des lieux d’abattoirs !

La diffusion de ces images a entraîné de fortes réactions notamment du côté du ministre de l'Agriculture


Aujourd’hui, mercredi 12 Octobre, les députés Olivier Falorni (DVG) et Jean-Yves Caullet (PS) vont rencontrer Stéphane Le Foll afin de viser une modification du Code rural. Ils devront convaincre le ministre de l'Agriculture et discuteront, entre autres choses, de la surveillance-vidéo des abattoirs, selon une information rapportée par Le Parisien.

Plus précisément, les députés veulent inscrire dans la loi l'installation de caméras dans toutes les zones où sont manipulées des bêtes vivantes, soit aux postes « d'acheminement, d'hébergement, d'immobilisation, d'étourdissement, d'abattage et de mise à mort ».

Ces images seraient ensuite accessibles uniquement par la direction des abattoirs, par les services de l’État, et par la justice dans le cas où elle devrait être saisie.

Attention, il ne doit pas être question de « fliquer » et de surveiller la cadence de travail des employés, qui travaillent déjà dans des conditions extrêmement difficiles, préviennent les députés : Les enregistrements ne doivent servir « qu’à la protection animale », et cet usage ne doit être en aucun cas détourné pour réaliser des actions de surveillance qui iraient à l’encontre des acquis sociaux des travailleurs.

Outre l’installation potentielle de ces caméras, les députés estiment qu’il faut aussi agir sur le personnel chargé de contrôler le bon déroulé des opérations.
Dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés, des vétérinaires devront être présents en permanence aux postes d’étourdissement et d’égorgement des animaux, afin de s’assurer que les bêtes sont en bonne santé, et qu’elles ont une mort digne et sans souffrances. Le député Olivier Falorni, qui a enquêté pendant six mois sur les conditions d’abattage des animaux, assure que ce n’est quasiment jamais le cas, lors des visites surprises.

Le nombre d’agents de la Direction Générale de l’Alimentation est en baisse (presque -20% des effectifs en dix ans), et par faute d’effectifs, les vétérinaires s’occupent principalement de l’inspection sanitaire et de la sécurité alimentaire… au détriment du bien-être des bêtes.

Afin que ce personnel puisse s’acquitter efficacement de ces deux missions d’importance majeure que sont la santé du consommateur et celle des animaux, il convient de recruter de nouveaux agents, et les députés vont devoir convaincre le Gouvernement de libérer des fonds.

En tout cas, il faut croire que les citoyens, eux, sont déjà convaincus de la nécessité de la démarche : plus de huit Français sur dix (85 %) se disent favorables à l’installation de caméras de vidéosurveillance dans les abattoirs, selon un récent sondage Ifop !


Parmi les propositions envisagées pour en finir avec la souffrance animale dans les abattoirs, outre le renforcement des effectifs et la vidéosurveillance, les élus envisagent également la création d’un comité national d’éthique, le renforcement de l’arsenal juridique pour punir les personnes coupables d’actes de cruauté envers des animaux, ou encore des actions de sensibilisation au sein des entreprises.

L’association L214 « Éthique et Animaux », pour sa part, souhaite aller encore plus loin en réclamant l’interdiction totale de la mise à mort des animaux sans étourdissement, « la moindre des choses » selon ses porte-parole.

Source : Le Parisien

Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste