Les cours magistraux ont été remplacés par des jeux de rôle dans une école danoise qui expérimente une autre forme d'apprentissage

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L’éducation est fondamentale dans toute société pour aider les jeunes esprits à s’épanouir, à s’ouvrir, à réfléchir, et ainsi les aider à devenir des adultes équilibrés. Mais en la matière, il n’existe aucune méthode universelle reconnue. Chaque pays dispose de son modèle, de ses principes pédagogiques.

Il arrive cependant que quelques écoles s’éloignent des lignes de force dites traditionnelles pour expérimenter d’autres manières d’apprendre. C’est notamment le cas du lycée Østerskov, au nord du Danemark, qui a transformé ses cours en jeux de rôles afin de les rendre plus ludiques… et peut-être plus efficaces ?

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Si l’on vous interrogeait sur un chapitre précis d’histoire que vous auriez étudié au lycée, seriez-vous capable de vous en souvenir avec exactitude ? Quelques années après, ou même ne serait-ce que quelques mois après ? Nous avons parfois tendance à rapidement oublier après avoir accumulé un grand nombre de connaissances lors de cours magistraux. Peut-être le format de ces cours y est pour quelque chose. Rester assis à écouter en silence un professeur dispenser un cours, aussi intéressant soit-il, n’est pas le format le plus original et le plus stimulant au monde. Si vous avez assisté à beaucoup de cours dans votre vie, vous avez possiblement remarqué qu’ils se ressemblaient un peu tous.

Or, les choses dont vous vous rappelez le plus ne sont-elles pas celles qui vous ont profondément marqué ? Associer une expérience, un souvenir marquant, précis, unique à un savoir particulier, telle est la formule que souhaite explorer le lycée danois Østerskov, aux confins de la commune d’Hobro, qui a ainsi transformé ses cours en jeux de rôle, suscitant beaucoup plus d’engagement personnel de la part des élèves.

We Demain rapporte que depuis 2006, le lycée en question organise de vastes jeux en répartissant les élèves en équipes dans des scenarii se déroulant dans divers contextes, régulièrement renouvelés suivant le programme pédagogique, allant du médiéval à l’enquête policière, en passant par la Seconde Guerre Mondiale et l’Antiquité.

Les élèves entrent dans la peau de personnages, tous avec une psychologie et une histoire déjà écrites, les obligeant à comprendre le contexte historique et géographique dans lequel ils évoluent, et appréhendent les cours, sous forme d’ateliers, comme une manière de progresser dans le jeu, de faire avancer l’intrigue.

Dans le cadre de l’enquête policière ludique, les cours de maths déguisés en calculs pour déterminer l’heure exacte de la mort de la victime deviennent proprement amusants, de même que les cours de chimie qui servent à éclaircir la nature d’une solution qui a permis de faire disparaître le cadavre, toujours pour tenter de résoudre le mystère qui sollicite tous les participants, parmi lesquels se trouve l’assassin. Tous les cours deviennent utiles au déroulement du jeu, en donnant aux élèves des clés pour progresser, élèves qui réfléchissent en permanence tout en s’amusant.

Aucune matière scolaire n’est laissée de côté : ce sont les mêmes que dans tous les lycées danois, des langues aux sciences sociales. L’aspect un brin rébarbatif des cours tels que nous les connaissons s’évanouit ainsi complètement : c’est la gagne qui motive la soif d’apprendre. La plupart des étudiants ont de 14 à 18 ans, et restent généralement un an dans ce lycée, selon son site internet.

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Mais comment faire pour mettre en place un tel dispositif, destiné à 90 élèves ? Le corps enseignant, constitué de dix professeurs, se scinde en deux groupes qui alternent une semaine sur deux : l’un qui anime et dispense les cours, l’autre qui crée, écrit, pense, prépare le jeu de rôle succédant à celui en train d’être découvert par les élèves.

Avec cette méthode, les étudiants sont heureux, stimulés, les professeurs sont ravis de s’investir de manière créative pour les élèves, élèves qui sont de plus en plus nombreux à fréquenter le lycée Østerskov, auréolé de succès pour son extraordinaire méthode d’apprentissage. We Demain souligne notamment que les étudiants en situation d’échec scolaire reprennent goût aux études dans cet établissement mi-financé par le gouvernement, mi-privé, dont les frais de scolarité vont de 3 000 et 10 000 euros par an.

Peut-on envisager le test d’une école de ce type prochainement en France ? Nul doute que cela en ravirait beaucoup !

Source : We Demain

Au sujet de l'auteur : Hugo Nikolov

Journaliste