Il retire de l'école son fils de 17 ans pour l'emmener au bout du monde. Une histoire émouvante qui parlera aux parents d'enfants en difficulté scolaire

Pour aider son fils de 17 ans à ne pas poursuivre sa descente aux enfers, Renaud l’a déscolarisé et l’a embarqué pour un voyage de 3 mois au Kirghizistan à dos de cheval. Une aventure initiatique salvatrice pour Tom, qui a trouvé un sens à sa vie…


Au départ, c’est une situation que beaucoup de parents et d’adolescents traversent. Un divorce douloureux qui a de lourdes conséquences sur le développement de l’enfant. Après s’être séparé de sa femme, Renaud perd peu à peu le contact avec son jeune fils Tom. Ce dernier, alors qu’il arrive sur ses 15 ans, commence à dériver. Ses résultats scolaires sont désastreux, son comportement est plus violent et il glisse progressivement dans la consommation excessive de cannabis…

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Quand sa mère tire la sonnette d’alarme, Renaud revient avec l’ambition d’aider son fils, alors âgé de 17 ans. Malheureusement, tous les recours habituels proposés par les institutions sont inefficaces. Ainsi, il décide, avec l’accord de la mère et de la CPE, mais contre l’avis des professeurs et du proviseur de Tom, de déscolariser son fils pour l’emmener en voyage, alors qu’il devait passer le BAC. Mais pas n’importe lequel.


Car ce voyage, c’est trois mois… dans les vastes espaces naturelles du Kirghizistan, à dos de cheval. Une idée folle pour deux personnes qui n’avaient jamais fait de cheval, mais que le père, qui a déjà voyagé en Sibérie et en Mongolie, prépare sciemment.


« Les rencontres, la nature et la culture animiste m’ont confirmé dans l’idée que l’avenir, contrairement à ce que la société essaie de nous inculquer, n’était pas dans la modernité et le consumérisme » confie le père auprès de Mr. Mondialisation, d'où sont extraits ces morceaux d'interview.

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S’il lui a fallu plusieurs semaines de discussion pour convaincre son fils de prendre la tangente, il réussit. Tom ne voyait la vie qu’à travers ses yeux rougis par la marijuana, les potes, les sorties et la société de surconsommation. Partir trois mois au milieu de nulle part ne l’emballait pas vraiment jusqu’à ce que Renaud lui fasse comprendre que tout dans sa vie le ramenait à ses échecs.


Pour préparer ce voyage, Renaud, conscient de ne pas avoir été le meilleur des pères, a aussi fait appel à un conseilleur éducatif privé pour réinstaurer un dialogue sain entre lui et son fils.


Dans la préparation, l’idée de faire le voyage à cheval a aussi beaucoup compté : « Au départ j’ai caressé l’idée de partir en voiture, mais très vite je me suis rendu compte que cela deviendra vite problématique. J’aurais encore été celui qui maîtrise les choses. Je devais donc trouver un moyen de locomotion où nous serions tous les deux sur un plan d’égalité, où Tom pourrait avoir l’occasion d’apprendre et de dépasser son père. »

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Un choix qui a fortement porté ses fruits puisque selon Renaud, le cheval est un « formidable médiateur thérapeutique » et aurait permis à Tom de gérer son agressivité : « Il a cette faculté d’apaiser et d’agir en miroir pour révéler des comportements inadaptés. »


Incontestablement, ce voyage initiatique n’a pas été de tout repos mais a eu le don de permettre à Renaud et Tom de résoudre leurs conflits, de pouvoir se parler les yeux dans les yeux, au coin du feu. Tom a appris à se prendre en charge, à prendre des responsabilités, et surtout à faire confiance à son père, et vice-versa : « Au-delà des crises liées aux circonstances, il a fallu aussi désamorcer la colère latente que Tom nourrissait à mon égard depuis de nombreuses années. J’ai dû m’efforcer de ne pas répondre à ses provocations agressives et reconnaître sa souffrance causée par trop d’incompréhension et de non-dits. »

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Pour Renaud, cette aventure a été plus que salvatrice pour Tom : « Ces expériences procurent un bagage irremplaçable pour la vie. L’épreuve du rite renforce l’identité, l’ancrage et redonne un sentiment de fierté face à la société. Autant de cadeaux qui viennent enrichir l’estime de soi et donne un sens profond à la vie. »


En clair, Tom ne s’était jamais aussi vivant que durant ce voyage. Les conditions sauvages de l’aventure, la rencontre avec les habitants hospitaliers malgré leur pauvreté, etc… Tom s’est mis à porter un nouveau regard sur le monde, avec de nouvelles valeurs.

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« Tom était, comme la majeure partie des adolescents, hypnotisé par les messages des médias, accrochés aux marques, à l’argent. À aucun moment, il ne pouvait remettre en question ces dogmes. L’écologie et le développement durable, c’était, à ses yeux, pour des marginaux comme son père. (…). Au Kirghizistan, il a pris conscience de l’importance du respect des anciens, des animaux et de la nature sauvage. Tom a compris que nous étions tous interdépendants, que chaque intervention sur la nature peut engendrer une déstabilisation de tout un écosystème.»


Renaud poursuit sur l’éveil de la conscience de son fils : « Il a aussi compris comment sa consommation est directement liée à l’évolution pérenne de la planète. Je crois surtout que cette aventure lui a permis de se remettre en contact avec ses propres émotions, et d’apprendre qui il était vraiment.»

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Plus qu’un voyage entre un père et un fils, cette aventure humaine permit un éveil élevé de la conscience chez Tom. Inspiré, Renaud a d’ailleurs retranscrit ce voyage sur papier et a publié un livre intitulé « Dans les pas du fils », pour mieux illustrer le fait que c’est bien son fils qui traçait son chemin. Cet ouvrage aspire justement à aider les parents qui élèvent des adolescents en pleine crise comme Tom.

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Aujourd’hui, Tom vient de passer son bac et a été accepté dans une école à Lyon qui prépare les jeunes aux métiers de l’humanitaire et du développement durable… Ces trois mois au Kirghizistan ont été salvateurs pour Tom qui peut sereinement se tourner vers son avenir, ayant trouvé un sens à sa vie.


Incroyable cette histoire, n’est-ce pas ?

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Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef