Un petit village de Dordogne met fin à l'exode rural de ses habitants et se repeuple en misant tout sur l'agriculture bio et la qualité de vie : ça marche !

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Il y a seulement quelques années, Saint-Pierre-de-Frugie (Dordogne) allait subir le même sort que bon nombre de petits villages français : exode rural, départ des habitants, vieillissement de la population condamnaient la bourgade à dépérir, puis à mourir à petit feu.

C’est une triste situation qui, inéluctablement, détruit année après année bien des petites communes rurales.
Saint-Pierre-de-Frugie

Pourtant, le village de Saint-Pierre-de-Frugie, situé à la lisière du Périgord Vert a su inverser totalement la tendance pour contrer cette désertification qui aurait pu signer son arrêt de mort. En à peine dix ans, les gens se battent désormais pour y trouver une maison ou un terrain à vendre !

Comment un tel miracle a-t-il pu avoir lieu ? C’est simple : le maire a opéré un changement radical au niveau de la gestion de sa petite commune de 400 âmes. Il a tout misé sur l’écologie, la qualité de vie et le confort des habitants… résultat, l’endroit est devenu un petit paradis et des gens venus de la France entière cherchent à s’y installer !

Saint-Pierre-de-Frugie


Gilbert Chabaud a été élu maire de Saint-Pierre-de-Frugie en 2008. Sa révolution, il l’a construite pas à pas, patiemment mais très sûrement, une chose en entraînant une autre. Au tout début de sa gestion, la situation du village était préoccupante et pour tout dire, assez triste à voir : tous les jeunes avaient quitté un à un leur pays natif, pour s’en aller gagner leur vie en ville.

L’école avait été fermée suite à une décision du rectorat, ce qui a précipité la fermeture du dernier commerce qui subsistait encore, un bistro qui survivait en préparant les repas de la cantine des enfants...
Saint-Pierre-de-Frugie

« Quand j'ai été élu, le premier constat que j'ai fait, c'est que la commune où j'avais grandi avait changé », raconte le maire Gilbert Chabaud au quotidien régional « La Dépêche ». « On était là, derrière les fenêtres avec Véronique, mon assistante. Les rues étaient désertes. On s'est dit: ‘’on doit bien pouvoir faire quelque chose’’… »

Et ce « quelque chose », cela ne devait être ni plus ni moins qu’un pied de nez magistral à cette culture de l’ultra consommation, de l’industrialisation effrénée, du profit à tout prix qui était la source de tous les malheurs des villageois.

C’était une transition écologique exemplaire qui devait faire de Saint-Pierre-de-Frugie, non pas une petite bourgade à la traîne, tentant péniblement de suivre la cadence devant la croissance des grandes villes… mais bien un leader d’avenir, un exemple, une figure de proue aux pieds résolument tournés vers le futur !


Saint-Pierre-de-Frugie


La première mesure qui fut prise, fut d’interdire totalement tout usage de pesticides et de traitements phytosanitaires. En quelques mois à peine, papillons, abeilles et autres insectes pollinisateurs commencèrent à faire leur grand retour. Très vite, les haies, jardins et bosquets pétillèrent de vie !

Est-ce qu’on appelle l’ « effet papillon » ? Toujours est-il qu’après les insectes et les fleurs, ce fut au tour des randonneurs de revenir de plus en plus nombreux à Saint-Pierre. Pour mieux les accueillir, neuf sentiers de randonnée ont donc été aménagés dans les environs et tout le petit patrimoine du village a été restauré grâce à des matériaux écologiques !

Bien sûr, certains villageois étaient restés plutôt sceptiques au début… mais ils furent vite convertis à la cause de leur maire, en voyant les résultats de ses mesures ! « Il a fallu renverser les mentalités, prouver que le monde est un écosystème global où tout est imbriqué. La nature est conçue pour nous aider. Il suffit juste de l'aider un peu nous aussi », s’amuse Guillaume, le jardinier en chef du village, interviewé par « La Dépêche ».

Saint-Pierre-de-Frugie

C’est dans cette optique de sensibilisation que la mairie a ensuite décidé de la mise en place d’un grand jardin partagé pour que les villageois puissent s’initier à la permaculture. Ce potager collectif et participatif, ouvert à tous, permet à tous ceux qui le souhaitent de se fournir en fruits, légumes, mais également en plantes médicinales.

Résultat : lentement mais sûrement, les touristes commencèrent à venir, de plus en plus nombreux. Les rues du village étaient à nouveau fréquentées, ce qui entraîna bientôt la construction d’un gîte rural et écologique destiné à accueillir les visiteurs, puis la réouverture du bistro dans lequel affluaient à nouveau des clients.

Pour les agriculteurs du coin, la popularité grandissante du village représentait une véritable aubaine : c’est ainsi qu’un supermarché bio, alimenté par des produits issus des fermes locales et dans lequel les producteurs vendent eux-mêmes leurs produits, vit le jour.

Saint-Pierre-de-Frugie

« C'est un cercle vertueux »
, s'enthousiasme Véronique Friconnet, la secrétaire de mairie. « Désormais, il ne se passe pas un jour sans que des gens appellent pour nous demander s'il y a des maisons à vendre à Saint-Pierre ! »

Retour des commerces, arrivée de nouveaux habitants… La résurrection totale de Saint-Pierre ne pouvait s’achever qu’avec la réouverture de l’école ! Malheureusement et malgré toutes les tentatives du maire, c’est là que la pilule ne passait pas : l’éducation nationale restait fermement opposée à la réouverture d’une école locale, car les enfants étaient trop peu nombreux.

Devant les multiples refus du rectorat, le maire Gilbert Chabaud ne se démonta pas : au contraire, il s’est résolu à faire appel à une institutrice qui souhaitait justement quitter l'Education nationale pour créer une école Montessori (une école qui emploie des méthodes pédagogiques alternatives). Et finalement, ce n’était pas plus mal : en à peine un an, l’école a doublé ses effectifs et accueille désormais une vingtaine d’élèves !

Désormais, le village jadis mourant est promis à un avenir radieux… et le maire compte bien en profiter pour mettre en place un nouveau projet pour le moins insolite : la mise en place d’un « musée à l’envers » ! Concrètement, il s’agit d’un musée qui sert à parler de l’avenir, plutôt que de raconter le passé. « Au lieu de raconter ‘’comme c'était mieux avant’’, on montrera comme l'avenir peut être joyeux à l'aune de notre expérience », s’enthousiasme le maire !

Mais ce projet de musée n’est que le début, et le village envisage déjà des ambitions bien plus importantes. Ainsi, la prochaine étape importante pour la mairie sera de rendre le village totalement autonome en énergie ! Le maire Gilbert Chabaud s’en réjouit déjà : « Demain, j'imagine un village autonome en énergie, une autre vision de l'espace public qui donne la priorité aux piétons, rend possible les rencontres ».

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Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste