Au Kenya, deux Belges de 18 ans vont être jugés pour avoir capturé des fourmis vivantes dans des tubes à essai. Une affaire prise très au sérieux.
C’est un trafic méconnu face auquel le Kenya compte bien s’attaquer.
Quand on pense au braconnage, on pense généralement à l’ivoire et aux grands mammifères, mais beaucoup moins aux petits insectes. Et pourtant, c’est bien le sort de milliers de fourmis qui inquiète aujourd’hui les autorités kényanes.
Ce mercredi 23 avril, deux Belges de 18 ans ont comparu devant un tribunal kényan, près de 20 jours après leur arrestation dans une pension bordant le lac Naivasha, au centre du pays. Lornoy David et Seepe Lodewijck ont été interpellés, le 5 avril dernier, en possession de... 5 000 fourmis vivantes conservées à l’intérieur de 2 244 tubes à essai.
Crédit photo : Monicah Mwangi / Reuters
Selon un document juridique, les fourmis peuvent survivre au moins deux mois dans ces contenants, tandis que leur valeur marchande totale est estimée à 7 700 dollars (environ 6 781 euros). Le Kenya Wildlife Service (KWS) a porté plainte contre les deux Belges, les accusant de “biopiraterie”.
Selon l’acte d’accusation, les suspects avaient en effet l’intention de faire passer les fourmis en contrebande vers des marchés d’animaux exotiques de grande valeur, en Europe et en Asie. Des continents où la demande d’insectes rares serait en hausse. Les deux accusés ont reconnu être coupables de possession des insectes, mais nient leur implication dans un quelconque trafic.
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Bien plus qu’une affaire de trafic d’insectes ?
Pour se défendre, ils démentent toute intention d’avoir voulu faire de la contrebande, arguant un loisir et une ignorance de la loi. En plus des deux Belges, un Kényan et un Vietnamien ont fait face à des accusations similaires après avoir été arrêtés avec plusieurs centaines de fourmis, dissimulées dans environ 140 tubes à essai.
Les quatre hommes seront jugés en même temps, mais dans le cadre de deux affaires séparées. L'une pour les Belges et l’autre pour le Kényan et le Vietnamien. Le jugement était attendu ce mercredi, mais il a été reporté en raison de “liens possibles de financement du terrorisme d’un accusé”, selon le KWS.
“Cette affaire représente bien plus qu’un simple trafic d’insectes. Nous voyons des organisations criminelles se diversifier, passant du braconnage traditionnel de l’ivoire à la capture de l’ensemble de notre biodiversité, des plantes médicinales aux insectes en passant par les micro-organismes. Nous traitons cette affaire avec le même sérieux que le braconnage des éléphants”
Ainsi, les procès des quatre accusés devraient avoir lieu le 7 mai prochain.
Crédit photo : KWS / AP
Au Kenya, la possession de tout spécimen ou trophée d’animal sans permis est une infraction pénale, passible d’une amende minimale d’environ 10 000 dollars (soit 8 800 euros) et d’une peine de prison potentielle de cinq ans minimum.