Marre du froid ? Alors vous avez peut-être une leçon à prendre de la part des Norvégiens...

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C’est l’hiver, et vous vous sentez tout d’un coup déprimé ? Il fait froid, le ciel est gris, vous sentez la grippe pointer le bout de son nez et le mucus s’emparer du bout du vôtre. Vous savez que ce n’est que le début, vous allez encore vous peler les miches pendant les quelques mois à venir. Et le plus démoralisant, c’est que les jours raccourcissent et que la nuit tombe plus vite : vous ne voyez plus beaucoup le soleil, en rentrant du travail il fait déjà nuit, et c’est peut-être ça encore le pire.

 

Cela semble inévitable, l’hiver nous déprime et il n’y a pas d’autre solution que de le supporter en attendant les beaux jours. Pourtant, lorsqu’on regarde la liste des pays les plus heureux du monde, on s’aperçoit assez vite d’une chose étonnante : la plupart d’entre eux se situent très au nord, proche du cercle polaire Arctique.

La Suède, la Finlande, l’Islande, la Norvège… Il faut dire que l’hiver là-bas est beaucoup plus rude que sous nos latitudes Françaises, il dure aussi plus longtemps, et dans certaines régions, il fait nuit sans interruption pendant quelques mois !

 

Comment se fait-il que ces pays soient si heureux, alors qu’ils subissent des hivers beaucoup plus durs, plus longs et encore moins lumineux que les nôtres ? Cela semble échapper à toute logique. Et si, au lieu de tout mettre sur le compte du climat, c’était simplement notre approche, notre façon de penser et de voir les choses qui était à revoir ?

 

Kari Leibowitz, actuellement doctorante à l’Université Californienne de Stanford, a passé quelques mois à Tromsø, tout au nord de la Norvège. Jeune chercheuse en psychologie sociale, elle s’intéresse tout particulièrement aux effets de l’état d’esprit sur la santé. À Tromsø, de fin novembre à fin janvier, le soleil ne passe jamais au-dessus de l’horizon, tant la ville se situe loin au nord....

 

Kari Leibowitz en a profité pour étudier la santé mentale des habitants. En effet, la dépression saisonnière (également appelée trouble affectif saisonnier), ce fameux phénomène qui a nous fait nous sentir déprimés lorsque les heures d’ensoleillement diminuent, semble être une chose quasiment absente chez ces populations-là. C’est quand même curieux, quand on pense qu’elles sont justement beaucoup plus exposées que nous aux baisses de température et de luminosité !

 

Au début, tout comme nous, la chercheuse en perdait son latin : « Pourquoi les gens ici ne sont pas plus déprimés que ça ? » se demandait-elle. Mais petit à petit, elle s’est rendu compte qu’elle s’était tout simplement trompée dans la question qu’elle posait. Lorsqu’elle demandait aux gens pourquoi ils ne souffraient pas de dépression saisonnière, la réponse restait invariablement la même : « Pourquoi devrait-on être déprimés ? »

 

En fait, il se trouve que dans ces zones-là, les gens perçoivent l’hiver comme une chose à apprécier, et pas comme une chose à supporter, explique Leibowitz. Et voilà ce qui fait toute la différence…

 

Bon, bien sûr, pour être honnête, il y a certains aspects de la culture nordique qu’il nous serait difficile de reproduire ailleurs.  Mais ceci étant dit, il y a aussi des leçons que nous pouvons tirer de la façon de voir la vie des Norvégiens, et qui pourraient nous aider à percevoir de manière différente les mois les plus froids de l’année.

 

Tout d’abord, les Norvégiens ont pour habitude de célébrer les choses qu’ils ne peuvent faire qu’en hiver. De la même manière que nous célébrons l’été parce qu’il nous permet d’aller à la plage, de nous baigner et de bronzer au soleil, ils sont heureux de voir l’hiver arriver parce que cela signifie pour eux patinoire, neige, chocolat chaud au coin du feu… « Les gens mourraient d’impatience de voir la saison du ski débuter, » témoigne ainsi Leibowitz.

 

De plus, les Norvégiens continuent de sortir dehors aussi souvent que pendant les mois les plus cléments de l’année. Le fait de sortir prendre l’air est une manière bien connue de lutter contre la fatigue et la mauvaise humeur, et les habitants de Norvège l’ont bien compris ! Qu’il pleuve, qu’il vente, ils continuent à sortir au lieu de s’enfermer chez eux. Un dicton Norvégien affirme même qu’« il n’y a pas de mauvais temps, seulement des mauvais habits. »

 

Les Norvégiens ont aussi un mot pour un concept qui n’existe dans aucune autre langue : Koselig, c’est-à-dire le sentiment de bonheur, de chaleur et de bien-être que l’on ressent quand on est bien au chaud avec des personnes que l’on aime, auprès d’un bon feu ou de bougies, en train de boire des boissons chaudes, confortablement installé sous un gros pull ou une couverture bien épaisse. Le plus important, c’est de ne pas être seul : le côté social est absolument crucial. Il ne s’agit donc pas de s’enfermer seul chez soi en regardant des séries, mais bien d’inviter ceux que l’on aime pour partager une bonne boisson chaude et rester ensemble dans un endroit douillet !

 

Enfin, d’après Leibowitz, les gens sont éperdument amoureux, purement et simplement, de la profonde beauté de cette saison. Il est vrai que, lorsqu’on vit dans des endroits tempérés ou dans le Sud, on part du principe de base que tout le monde préfère l’été et que les autres saisons ne sont que des étapes intermédiaires en attendant la saison chaude. Le printemps marque l’arrivée progressive des beaux jours, l’automne signe la mort de l’été et la fin des sorties en T-shirt...

Pourtant, au cœur de l’hiver Norvégien, lorsque le soleil peine à émerger la pointe de ses rayons au-dessus de l’horizon, une bonne partie de la journée ressemble à l’aube ou au crépuscule, comme un lever ou un coucher de soleil permanent. Et contre le blanc manteau de la neige, « les couleurs sont d’une beauté sidérante, la lumière est infiniment douce, comme tamisée », raconte Leibowitz.

 

  

Alors, peut-être que vous ne pouvez pas rentrer chez vous en luge, peut-être que vous ne pouvez pas sortir en ski de fond derrière votre jardin, et la plupart des cafés et des restaurants ne sont pas remplis de ces bougies à l’allure si apaisante. Qu’importe, il reste beaucoup de choses que les non-Norvégiens peuvent quand même faire !

 

Selon Leibowitz, il y a un truc que nous faisons énormément dans les pays tempérés : c’est de nous plaindre sans cesse de l’hiver. « Il est difficile d’avoir un état d’esprit positif en hiver, alors que toutes nos conversations quotidiennes sont orientées de manière négative à propos de l’hiver », explique-t-elle. En d'autres termes, lorsque nous parlons de la pluie et du beau temps, nous aimons particulièrement nous plaindre du froid et de la grisaille… Alors que nous pourrions en profiter pour prendre un bon chocolat chaud dans un café, pour nous blottir sous la couette, ou bien pour profiter d’une petite promenade en forêt pour nous émerveiller devant la beauté  de la nature endormie !

 

Refusez de participer à la mauvaise humeur ambiante. Oui, même en France, l’hiver est beau, pour peu que l’on y soit réceptif et que l’on accepte de se défaire de sa vision négative. Entre les branches nues des arbres, vous apercevrez des oiseaux, et si vous marchez sans trop faire de bruit dans les feuilles mortes, vous verrez peut-être un chevreuil, un lièvre, un écureuil en quête de quelques racines ou d’un peu de lierre à se mettre sous la dent.

Si vous habitez en ville, remplissez-vous les narines de l’odeur du marron chaud, réfugiez-vous dans un café pour vous délecter d’un thé ou d’un chocolat brûlant près du radiateur entre amis, programmez ensemble une sortie à la patinoire.

 

Sortez de cet état d’hibernation, sortez dehors même s’il fait froid, mettez un bonnet, emmitouflez-vous dans vos pulls et vos manteaux : vous savez pertinemment que lorsque vous rentrerez, vous aurez chaud et vous serez heureux.

Source : fastcompany.com

Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste