Alerte climatique au Pôle Nord : les températures sont 20°C plus chaudes que la moyenne, la banquise a bien du mal à se reconstituer cet hiver... Et les scientifiques sont très inquiets

Bouton whatsapp
C'est un constat terrible qui alarme la communauté scientifique : le Pôle Nord va mal, et cela pourrait bien nous causer de gros ennuis !

 

Depuis deux mois et demi, au pôle Nord, c’est la nuit polaire. Cela signifie que, dans la majeure partie de la zone arctique, le soleil ne se lève plus du tout, il fait donc nuit toute la journée.  Ce phénomène, caractéristique de l’hiver arctique, est tout à fait normal : il est dû à l’inclinaison de la terre, c’est le moment où, d’ordinaire, les températures sont extrêmement basses. Tandis que le thermomètre est au plus bas, la banquise, qui fond normalement en été, se recompose et s’épaissit, en prévision d’un nouveau cycle.

Mais cet automne, il y a quelque chose qui cloche terriblement. L’Arctique est extrêmement « chaud ».

Enfin, chaud, c’est une façon de parler : il fait tout de même -5°C, pas de quoi sortir encore les maillots de bain, vous me direz… Oui, sauf que la température « normale » en cette saison est de -25°C, soit une différence de 20°C. À l’échelle du Grand Nord, c’est une véritable canicule qui a lieu actuellement !


Via solidearth

 

Fort heureusement, enfin si l’on peut dire, la température se trouve encore légèrement en deçà du point de congélation. C’est-à-dire que la glace, qui fond normalement en été, ne continue pas à fondre en hiver (ce qui serait catastrophique), même si cela ne se joue plus désormais qu’à une poignée de degrés près.

En revanche, il ne fait pas suffisamment froid pour que la banquise puisse convenablement se reconstituer au cours de l’hiver, et c’est cela qui inquiète énormément la communauté scientifique, car nous sommes déjà fin novembre. Si l’hiver ne se rafraîchit pas très vite, il risque d’y avoir de gros problèmes !


Zack Labe, un doctorant de l’Université de Californie qui étudie l’Arctique, a ainsi relayé ce graphique de l’Institut Météorologique Danois  sur Twitter. On y voit la fameuse différence de 20°C, et le fameux pic anormal qui inquiète tant les scientifiques.

« Aujourd’hui, la température de l’Arctique continue à évoluer dans la mauvaise direction… vers le haut. Ce pic est vraiment anormal ! » écrit Zack Labe sur Twitter. Voici le graphique en question : on y voit bien l’évolution des températures telle qu’elles devraient être normalement, en vert  (courbe qui oscille entre le chaud et le froid selon les saisons) et les relevés actuels, en rouge…

 

Danish Meteorological Institute

Pas de cause sans conséquence : en ce moment, et simultanément à cette hausse de température, un deuxième triste record  est en train d’être battu en arctique — celui de la plus petite étendue de glace recouvrant l’Océan Arctique pour la saison.

Il s’agit d’un des indicateurs majeurs de l’état du pôle Nord et, a fortiori, de celui du monde… Et la banquise est dans un état critique. La glace se reforme, bien sûr, comme elle le fait toujours à ce point de l’année après septembre… mais elle est très loin de le faire aussi rapidement que la normale.

Pour vous faire une idée, voici un graphique qui représente la baisse critique de la calotte glaciaire en 2012. Vous remarquerez que nous sommes passés au-dessous de cette taille minimale, depuis le mois d’octobre.

National Snow and Ice Data Center

 

Pour les experts, ce réchauffement est en partie dû à une perturbation au niveau du jet-stream : de l’air chaud et humide qui est propulsé vers le nord par ce fameux courant d’air en forme de ruban qui sinue sur toute la circonférence de la planète, et qui permet notamment la circulation atmosphérique.

Mais outre cette perturbation, les chercheurs sont d’accord pour dire qu’il y a « quelque chose de très bizarre » au niveau de ces mouvements, qui provoquent également des vagues de froid anormales dans d’autres zones du globe terrestre.

Mark Serreze, directeur du National Snow and Ice Data Center  du Colorado, est de ceux qui pensent que la perturbation du jet stream n’est pas la seule raison… car non seulement la température de l’air est anormalement haute, mais c’est également le cas de la température des eaux !

« Il existe certains endroits dans l’Océan Arctique où la température de l’eau a pris quasiment 4°C, explique l’expert à nos confrères du Washington Post. C’est assez fou. »  Le problème, explique-t-il, c’est qu’il y a aussi une sorte de « double effet » : d’un côté, l’océan se réchauffe fortement à cause du manque de glace qui se forme dans cette zone, mais d’un autre côté, cela pousse l’air froid de la région arctique dans des régions plus au sud… Ce qui refroidit les régions plus australes, provoquant une nouvelle fluctuation.

« Les glaces sont à un niveau très bas, ajoute-t-il. Pourquoi ? Parce qu’il y a tant de chaleur dans les zones dénuées de glace de l’océan arctique, que cela empêche tout simplement la formation des glaces ! L’océan doit juste trouver un moyen de se débarrasser de cette chaleur… Et ça, c’est assez compliqué. »

 

Voici, à titre de comparaison, l'évolution des anomalies de températures de la Terre, à partir de l'ère industrielle...

Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste