Suite à son refus de recevoir un prix en Israël, Natalie Portman explique ses raisons et s'en prend à Benyamin Nethanyahou

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Tous les regards sont rivés sur l'actrice américano-israélienne, oscarisée en 2010, Natalie Portman. Alors qu'elle a renoncé à se rendre en Israël pour recevoir le prix Genesis, le prix Nobel israélien, celle-ci est la cible de l'ire des conservateurs israéliens. Vendredi 20 avril, la star hollywoodienne a expliqué son choix, quitte à recevoir les foudres de la droite israélienne. Et certaines personnalités politiques n'y sont pas allées de main morte.

My decision not to attend the Genesis Prize ceremony has been mischaracterized by others. Let me speak for myself. I chose not to attend because I did not want to appear as endorsing Benjamin Netanyahu, who was to be giving a speech at the ceremony. By the same token, I am not part of the BDS movement and do not endorse it. Like many Israelis and Jews around the world, I can be critical of the leadership in Israel without wanting to boycott the entire nation. I treasure my Israeli friends and family, Israeli food, books, art, cinema, and dance. Israel was created exactly 70 years ago as a haven for refugees from the Holocaust. But the mistreatment of those suffering from today’s atrocities is simply not in line with my Jewish values. Because I care about Israel, I must stand up against violence, corruption, inequality, and abuse of power. Please do not take any words that do not come directly from me as my own. This experience has inspired me to support a number of charities in Israel. I will be announcing them soon, and I hope others will join me in supporting the great work they are doing.

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Mardi 17 avril, Natalie Portman a été désignée gagnante du prix Genesis, souvent appelé le « Nobel juif ». Un prix qui salue le dévouement d'une personne à la communauté et aux valeurs juives. Prix qu'elle s'est refusée à recevoir en Israël et en présence de Benyamin Nethanyahou. Sa décision n'a pas été du goût du parti conservateur israélien, donnant plusieurs voix aux raisons de son refus. « Ma décision de ne pas assister à la cérémonie du prix Genesis a été mal interprétée par certaines personnes. Laissez-moi parler en mon nom. »

Sur son compte Instagram, Natalie Portman s'est donc appliquée à expliquer son choix, sur un fond et une forme qui évite tout excès ou propos moralisateurs : « J'ai choisi de ne pas y assister parce que je ne voulais pas apparaître aux côtés de Benjamin Netanyahou, qui devait prononcer un discours lors de la cérémonie. De la même façon, je ne fais pas partie du mouvement BDS et ne le cautionne pas ». En effet, Natalie Portman s'est vue accusée de disposer de la même ligne de pensée que le BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) qui souhaite voir disparaître l'occupation des terres palestiniennes, par la ministre israélienne de la Culture Miri Regev.

Contaminé par la propagation du Hamas, comme le pense la très droitière Miri Regev ? Pas du tout. L'actrice revendique son droit à la critique : « Comme beaucoup d'Israéliens et de juifs dans le monde, je peux critiquer le gouvernement en Israël sans vouloir boycotter la nation entière ». De son côté Oren Hazan, un député de Likud, au détour d'une colère monstre, à appeler à ce que l'actrice de Star Wars soit déchue de sa nationalité.

Accusée d'antisémitisme

Sans jamais évoquer le sort des Gazaouis ou ceux des migrants africains qui sont menacés par le gouvernement israélien, Natalie Portman, par des phrases calibrées, exprime son amour inéluctable, pour Israël, où elle est née, sans pour autant être en accord avec ce qu'il s'y passe en ce moment. « Israël a été créé il y a exactement soixante-dix ans comme un abri pour les réfugiés de l’Holocauste. Mais le mauvais traitement de ceux qui souffrent des atrocités d’aujourd’hui n’est simplement pas en accord avec mes valeurs juives. Parce que je me soucie d’Israël, je dois m’élever contre la violence, la corruption, l’inégalité et l’abus de pouvoir. »

Pour le Likud, nul doute, Natalie Portman fait preuve d'hypocrisie, comme le révèle The Times of Israël : « Portman parle des droits de l’homme mais participe à des festivals dans des pays qui censurent les films et dont le bilan en matière de droits de l’homme est bien inférieur à celui d’Israël ». Pour Yula Steinitz, ministre des infrastructures, Natalie Portman a adopté « une relation avec Israël proche de l'antisémitisme » et l'a accusé de « collaborer avec ceux qui (les) haïssent »

Mais si la majorité fustige le choix de l'actrice, certaines personnalités ont tout de même tenu à lui montrer son soutien. Amos Gitaï, un réalisateur israélien, a ainsi déclaré, selon des propos rapportés par Libération, qu'on « sent qu'elle a choisi ses mots, son communiqué est très mesuré. Mais je ne suis pas étonné par la violence de la réaction : ce gouvernement n'est pas rationnel, il tire à vue sans poser de question ». Il a emboîté le pas à la députée Rachel Azaria, qui a vu en ce communiqué un « signal d'avertissement » qui exprime « les voix de nombreuses personnes dans la communauté juive américaine, et particulièrement celles de la plus jeune génération ».

Au sujet de l'auteur : Pauline Masotta

Journaliste