11 rhinocéros noirs meurent déshydratés au Kenya lors d'un transfert, un drame qui aurait pu être évité

Onze rhinocéros noirs, espèce classée en danger critique d'extinction, sont morts de soif lors d'un transfert destiné à les préserver au Kenya. La sonnette d'alarme aurait pourtant été tirée concernant le degré de salinité bien trop élevé de l'eau destinée aux animaux. Chacun se renvoie désormais la responsabilité de ce désastre.

Ce qui devait être une mission de repeuplement de la faune locale s'est transformé en un énorme raté. Un total de 11 rhinocéros noirs, une espèce en voie d'extinction, est mort fin juillet lors de leur transfert depuis le parc national de Nairobi, au Kenya, vers un autre sanctuaire situé au sud-est du pays. Un désastre qui était prévisible. De nombreuses mises en garde auraient en effet été émises sur la salinité trop importante du point d'eau prévu pour les 11 animaux, finalement morts déshydratés.

Ce déplacement était le résultat d'un projet de six ans mené par le Service kényan de la Faune (KWS) et financé à hauteur d'un million de dollars par le Fonds mondial pour la nature (WWF). Les rhinocéros noirs étaient emmenés depuis les parcs de Nairobi et Nakuru, dans le centre du pays, vers leur nouveau chez eux, un immense enclos de 100 km2, dans la réserve de Tsavo Est.

Mais après ingestion de l'eau pompée plusieurs mètres sous terre pour eux, les rhinocéros meurent les uns après les autres. Le liquide était si salé qu'il a vraisemblablement donné encore plus soif aux bêtes, qui en ont donc consommé plus, conduisant à une lente déshydratation. Une quinzaine de tests aquifères avaient pourtant été menés entre février et mai 2018. Leurs résultats indiquent une salinité dangereuse, selon l'AFP, qui a pu consulter ces documents au mois d'août.

Des accusations mutuelles

Tandis que le dernier mâle rhinocéros blanc du pays est mort en mars dernier, cet échec provoque un scandale au Kenya et l'incompréhension générale.

Chacun se renvoie désormais la balle pour trouver un coupable. Le ministre kényan du Tourisme et de la Faune, Najib Balala, assure ne pas s’être impliqué, en dehors de sa seule présence à la cérémonie de lancement du projet de préservation des animaux.

Lorsque le transfert a été confirmé, « j'étais horrifié, j'étais sûr qu'il y aurait un problème », assure quant à lui Nehemiah Rotich, un ancien responsable du KWS, à l'AFP. Le déplacement avait été refusé à plusieurs reprises par le conseil d'administration du KWS en raison de l'eau et du manque de végétation dans le sanctuaire.

Le WWF de son côté nie toute ingérence et estime que la responsabilité du fiasco incombe entièrement au KWS. « À aucun moment nous n'aurions fait quelque chose qui soit défavorable à l'espèce que nous essayions de protéger », soutient-il auprès de l'agence de presse.

En 1970, le pays d'Afrique de l'Est comptait 20 000 rhinocéros noirs. Un chiffre qui est descendu à 350 spécimens en 1983, pour remonter lentement à 700 grâce aux efforts de conservation.

Source : AFP
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