Un général américain conseille à ses officiers racistes de « se casser »

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À l'armée, on ne rigole pas. Et encore moins lorsqu'il est question de racisme, avec le général Jay Silveria, directeur de l’Académie de l’armée de l’air à Colorado Springs. Jeudi 28 septembre dernier, l'homme a sèchement recadré ses troupes, après avoir découvert des insultes racistes dans son établissement, qui forme les futurs officiers de l'US Air Force. 

En effet, cinq étudiants Noirs, en année préparatoire à cette école, avaient trouvé des injures racistes sur leur porte le lundi précédant l'événement. L’un d’eux a publié sur Facebook une photo d’une ardoise blanche sur laquelle on pouvait lire : « Rentre chez toi, sale Nègre ». Des parents ont alors alerté le corps enseignant. L'histoire a fini par remonter aux oreilles de Jay Silveria, et cela ne lui a pas plu, mais alors pas du tout. Au point qu'il a exceptionnellement convoqué toute l'école, personnel et membres du corps enseignant compris.

Comme on peut s'en douter, on n'a pas entendu une mouche voler lorsque le général Silveria a vertement fustigé le comportement abject de certains élèves, et il n'a pas eu besoin de beaucoup pousser de la voix pour se faire entendre... La vidéo de son discours, filmé par l’Académie, a largement été saluée sur les réseaux sociaux et a tourné en boucle sur les chaînes de télévision américaines.

Car non content d'avoir une poigne et une autorité certaine, le directeur sait aussi manier avec adresse et virtuosité l'art du discours... Et ce qui aurait pu n'être qu'une bonne engueulade en règle s'est, finalement, transformé en un véritable plaidoyer pour la diversité et le respect mutuel.

« Vous avez peut-être entendu dire que des personnes, à l'école préparatoire, ont écrit des injures racistes [...] Si vous êtes outragés par cela, alors c'est que vous êtes au bon endroit [...] Vous devriez être outragés, non seulement en tant que membres de l'US Air Force, mais en tant qu'êtres humains. » 

Ainsi commence le discours de Jay Silveria. Toujours d'une voix calme, posée mais néanmoins glaciale, il a enchaîné pour rappeler aux élèves que « ce genre de comportement n’a pas sa place ni dans les classes préparatoires, ni à l’académie, ni dans l’armée de l’air américaine ».

Puis, après avoir expliqué les raisons pour lesquelles ces agissements ne seraient pas tolérés au sein de son école, il a fait montre de ses talents de rhéteur et s'est lancé dans une harangue enflammée, employant l'épiphore pour insister sur son rejet total de tout comportement raciste.

« Si vous n’êtes pas capables de traiter quelqu’un avec dignité et respect, alors cassez-vous d'ici ! Si vous n’êtes pas capables de traiter quelqu’un d'un autre genre, que ce soit un homme ou une femme,  avec dignité et respect, alors cassez-vous d'ici ! Si vous rabaissez quelqu'un, d'une quelconque façon que ce soit, alors cassez-vous d'ici ! Et si vous n'êtes pas fichus de traiter quelqu'un d'une autre couleur de peau que la vôtre, avec dignité et respect, alors cassez-vous d'ici ! »

Sur ces entrefaites, le général a demandé à ces futurs officiers, tous au garde-à-vous, de rompre les rangs pour prendre leurs téléphones portables. « Je suis sérieux, prenez vos téléphones, je veux que vous fassiez une vidéo de tout ceci, que vous la gardiez, que vous l’utilisiez, » a-t-il insisté devant les élèves médusés, avant de reprendre avec un vibrant plaidoyer pour le respect mutuel.


Le discours de ce général apporte un éclairage particulier de l'actualité aux États-Unis, où une vive polémique suit la vague de protestations des joueurs de football s'agenouillant pendant l'hymne national et traités de « fils de pute » par Donald Trump. Ce moyen symbolique de dénoncer le racisme aux États-Unis a attiré de violentes critiques de la part du chef d'État, qui y voit un manque de patriotisme et une attaque envers les symboles du pays et les personnes qui le défendent.

De nombreux vétérans et hauts gradés de l'armée américaine ont dû, en août dernier, se désolidariser des propos du président afin d'exprimer leur désaccord.




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Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste