2000 personnes, bénévoles comme fonctionnaires, ont écumé Paris cette nuit pour rencontrer les sans-abri et procéder à un recensement anonyme

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Ce jeudi 15 février, la mairie de Paris a mis en place un recensement anonyme des sans-abri de la ville, ceux que l’on surnomme les « invisibles », qui a mobilisé 2000 volontaires, dont 1 700 bénévoles, supervisés par 300 fonctionnaires. Les membres de 42 associations font également partie du nombre total de personnes qui ont écumé au total 1500 km, déambulant dans les rues de la capitale jusqu’à 2h du matin pour venir à la rencontre de centaines et de centaines de sans-abri. Une opération d'une ampleur jusqu'à présent inédite à Paris, mais que l'on a pu observer précédemment à Bruxelles, New York, ou encore Athènes. 

2000 personnes volontaires allant à la rencontre des sans-abri de Paris, une opération sans précédent pour la capitale. Crédit photo : David Reilly / Shutterstock
L’initiative prise par la mairie de Paris fait suite à la déclaration sujette à polémique de Julien Denormandie, secrétaire d'État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, qui déclarait à France Inter le 30 janvier dernier qu’ « une cinquantaine d'hommes isolés en Île-de-France » seulement dormaient dans la rue, avant de préciser il y a quelques jours qu’il désignait par-là « le nombre de personnes qui appellent le Samu social en fin de journée à Paris et à qui on n'arrive pas à trouver d'hébergement ». Alors qu’Emmanuel Macron promettait en décembre dernier de ne plus laisser un seul SDF à la rue en France, ce recensement devrait permettre de lui donner une idée plus précise de l’ampleur de la tâche qui l’attend.

« Qu’est-ce qu’une personne à la rue ? Comment l’aborder ? Que faire en cas d’urgence, de détresse ? » : tels ont été les points abordés par les fonctionnaires auprès des bénévoles pour leur permettre de déterminer qui est sans-abri ou non, et comment réagir au contact de ces personnes. La carte de la ville a été divisée en 350 secteurs, balayés dès 22h après une formation collective.

La nuit a été l’occasion de nombreux échanges et rencontres pour ces petits groupes empreints de solidarité de trois à quatre personnes, même si pour l’instant il est impossible de savoir avec exactitude combien de personnes sans-abri ont été approchées. Le Monde rapporte en effet que les données ne seront disponibles qu’à la fin du mois de février, une fois celles recueillies par les bénévoles, les fonctionnaires, les associations, l’Assistance publique, la SNCF, la RATP, et les équipes spécialisées qui ont arpenté les bois de Boulogne et Vincennes finalement agrégées et analysées. Pour l’heure, on parle d’au moins 3000 sans-abri dans la capitale.

Crédit photo : Nicolas Kovarik / Maxppp
Certains choisissant parfois de ne pas être hébergés ou de recevoir des secours, l’action du président Macron visant à réduire à zéro le nombre de sans-abri dans les rues, même si soutenue par la démarche effectuée cette nuit par la mairie de Paris, semble ardue. Le Samu social rappelle qu’il faut distinguer, comme le rapporte Marianne, les SDF « avérés à la rue » et ceux « non-avérés à la rue », qui ne sont pas considérés comme SDF. Autrement dit, quelqu’un s’abritant régulièrement dans une station de métro n’est pas considéré comme sans-abri.

Dénombrer avec exactitude le nombre de SDF est donc bien difficile, mais leur venir en aide à tous l’est bien davantage : une frustration qu’ont pu exprimer les bénévoles qui se sont mobilisés cette nuit, désireux de sortir de la précarité toutes les personnes qu’ils ont pu rencontrer. Rappelons que l'opération de cette nuit avait pour but de dénombrer ces personnes en difficulté, et d'apprendre à mieux les connaître afin de mieux cerner leurs besoins et de leur proposer des services davantage appropriés. 

Source : Le Monde

Au sujet de l'auteur : Hugo Nikolov

Journaliste