Des patients tétraplégiques ont pu réutiliser leurs bras grâce à une technique de transfert de nerfs

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Après avoir subi des opérations au cours desquelles certains de leurs nerfs ont été transférés à des muscles paralysés, des patients tétraplégiques ont pu retrouver en partie l'usage de leurs bras et de leurs mains. Explications.

À mesure que la recherche progresse, de nombreuses personnes paralysées entrevoient l’espoir de récupérer un jour une partie, voir la totalité de leurs fonctions vitales altérées.

Et les avancées en ce sens se multiplient. Le dernier exemple en date nous vient d’Australie, où treize patients tétraplégiques ont récemment pu réutiliser leurs bras grâce à une technique de transfert de nerfs.

Connue « depuis longtemps », celle-ci n’avait néanmoins « jamais vraiment été utilisée pour des lésions » provoquant des paralysies.

Crédit photo : Travelerpix / Shutterstock

Publiés ce vendredi dans la revue scientifique britannique « The Lancet », ces résultats plus qu’encourageants ont été obtenus dans le cadre d’une expérimentation menée auprès de seize jeunes adultes, sur la base du volontariat.

Ces derniers, dont la moyenne d’âge était de 27 ans, ont ainsi été enrôlés pour cette étude car tous présentaient plus ou moins le même profil.

En effet, chacun d’entre eux avait subi, dans les 18 mois précédents, une lésion de la moelle épinière ayant engendré une paralysie, le plus souvent à la suite d’un accident de voiture.

On a prélevé chez ses patients des nerfs liés à certains de leurs muscles toujours fonctionnels et localisés au-dessus de la lésion, afin de lier ces derniers aux nerfs de muscles paralysés, situés cette fois sous la blessure.

L’équipe à la tête de ce programme innovant a réalisé en tout 59 transferts de nerfs avec pour objectif de rétablir l’extension du coude des patients et de permettre ainsi à la main d’effectuer un mouvement de pince pour saisir des objets.

Et après 2 ans d’une rééducation particulièrement intense, les résultats ont été au-delà des espérances. Treize patients sont désormais capables de tendre leur bras, de se servir de leurs mains pour manipuler des objets ou encore pour se nourrir et se brosser les dents.

Leurs mouvements et leurs réflexes ne sont bien sûr pas aussi fluides qu’ils ne l’étaient avant la blessure, mais les résultats sont très prometteurs.

Hélas, il faut toutefois signaler que quatre transferts de nerfs ayant été réalisés sur trois patients n’ont pas abouti. Un échec qui rappelle à quel point les chercheurs doivent encore poursuivre leurs travaux afin de trouver pourquoi ce type de traitement peut s’avérer inefficace sur certains sujets.

Notons également que deux des patients n’ont pu bénéficier d’un suivi après avoir subi l’opération. On en ignore les raisons. Quant au seizième et dernier volontaire, il est malheureusement décédé, mais sa mort n’ayant aucun lien avec les transferts.

Malgré ces échecs relatifs, l’équipe en charge du projet se félicite tout de même des résultats obtenus, lesquels ouvrent des perspectives encourageantes.

« Ces résultats suggèrent que les transferts de nerfs peuvent aboutir aux mêmes améliorations fonctionnelles que les transferts de tendons traditionnels, avec des incisions moins grandes et de plus courtes périodes d’immobilisations après la chirurgie », expliquent ainsi les auteurs de l’étude.

« Le message à tous les patients au monde qui souffrent d’une lésion à la moelle épinière et à tous les soignants qui les traitent, c’est : il est possible de restaurer les fonctions de la main et du coude. », concluent-ils.

Source : Le Monde

Au sujet de l'auteur : Mathieu D'Hondt

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.