Pour la première fois en France, une université a ouvert un cursus spécialisé menant à un diplôme en droit animalier. Une excellente nouvelle pour l’évolution de la défense des animaux sur le terrain juridique.
« Depuis la loi du 16 février 2015, les animaux sont considérés comme des êtres vivants doués de sensibilité dans le code civil, et sont extraits de la catégorie des biens ». C’est par cette phrase que commence le premier cours, consacré aux statuts juridiques des animaux, donné par Jean-Pierre Marguénaud, professeur de droit privé et cocréateur de ce nouveau diplôme.
C’est sur le campus de Brive-la-Gaillarde, antenne de l’université de Limoges, que 29 étudiants, entre 21 et 61 ans, ont opté pour ce nouveau cursus en droit animalier, le premier en France. En partenariat avec l’association 30 Millions d’amis, ce cursus se déroule sur deux semaines pour 54 heures d’enseignement dispensées par neuf professeurs de droit.
Lucille Boisseau-Sowinski, cocréatrice du diplôme, explique auprès du journal Le Monde les enjeux de l’arrivée d’un tel cursus universitaire : « Le droit animalier est difficile à appréhender, dans la mesure où il touche à de nombreuses branches, qu’il s’agisse des droits civil, pénal, rural, environnemental, européen ou encore aux règles de bien-être. Actuellement, il n’est jamais enseigné dans le cursus commun de la licence ou du master en droit. »
La seule exception en France se trouve à la faculté de Strasbourg où des cours de droit animal sont donnés mais dans le cadre d’une spécialisation « animaux : sciences, droit et éthique » au sein d’un master plus général « éthique et sociétés ».
Si c’est une première en France, force est de constater que l’on est encore très en retard par rapport aux États-Unis qui enseignent le droit animalier depuis une vingtaine d’années. Au pays de l’Oncle Sam, trois quarts des universités proposent d’étudier cette discipline alors qu’à l’université de Lewis & Clark à Portland (Oregon), il y a un même un master uniquement consacrée au droit animalier.
Cependant, si cette discipline peut réveiller une vocation chez les étudiants, Lucille Boisseau-Sowinski prévient du nombre très restreint de débouchés : « Les responsables juridiques d’associations ou les avocats qui prennent des dossiers de droit animal le font en général en parallèle d’autres activités. C’est pourquoi notre diplôme, ouvert aux bac +2, ne mène pas à un métier mais à des connaissances, une spécialisation complémentaire à un parcours. »
Ainsi, les 29 étudiants (24 femmes et 5 hommes) constituent une promotion très hétérogène, provenant de 17 départements. On y trouve une magistrate, un comportementaliste canin, des avocats et un professeur de philosophie aux côtés d’étudiants en sciences politiques, en droit, en éthologie ou encore des attachés territoriaux.
Si une carrière en droit animalier semble délicate à poursuivre, c’est surtout la perspective protection des animaux qui motive les étudiants. Avoir les outils juridiques nécessaires à la défense des animaux est un atout non négligeable pour la poursuite de leurs idéaux.
Par exemple, Fabienne Cacciapaglia, professeure de SVT et directrice d’une association « Les EntreChats » pense que ce cursus lui servira amplement : « Le droit animalier va me fournir de solides connaissances, à la fois pour connaître les démarches que l’on peut entreprendre en tant qu’association et pour livrer aux élèves des informations claires et rigoureuses, qui vont au-delà de ma sensibilité propre. »
De son côté, Pierre Georget, étudiant en droit après avoir dirigé une entreprise de grande distribution, explique son objectif « d’aider les associations à faire des propositions juridiques qui tiennent la route et mener du lobbying auprès des parlementaires. »
En espérant que l’ouverture de cette discipline se développe dans d’autres universités (il y avait 83 candidats pour ce cursus), cela semble indéniable que le droit animalier pourra aider à une meilleure protection des animaux.
Bonne initiative ce diplôme, n’est-ce pas ?