Oxfam, Médecins sans frontières : le milieu humanitaire en plein dans la tourmente suite à des affaires d'abus sexuels

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Alors que l'Oxfam était accusée de viol contre certains de ses employés, notamment au Tchad et en Haïti, au Soudan du Sud et au Liberia, c'est au tour de Médecins sans frontières d'être au cœur d'une polémique.

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«Ce n'est pas facile de révéler ces choses, mais nous le devons » annonçait Avril Benoît, la directrice de la communication de Médecins sans frontières (MSF), sur Twitter. « Nous travaillons dur en interne pour sensibiliser davantage et favoriser les signalements ». Ils ont pris les devants avant de tomber dans une tornade d'accusations, de soupçons et de critiques. Après que le scandale des accusations de viol dans l'enceinte de la populaire ONG Britannique Oxfam a éclaté, mettant notamment en accusation Roland van Hauwermeiren, un ancien militaire Belge. En cause ? Embauché par Action Contre la Faim, il serait à la source de plusieurs méconduites graves au Liberia, en Haïti et au Tchad.

Et comme souvent, lorsqu'on trouve une faille, plusieurs autres apparaîsssent. C'est un peu le cas de Médecins sans frontières (MSF). Elle a décidé de ne pas être victime de rumeurs et de révéler ce que tout le monde attendait d'eux : une étude interne sur les potentiels cas de harcèlement sexuel et de violences sexuelles au sein de l'organisation humanitaire.

Violences, même au sein d'organisations humanitaires

Mercredi, c'est un lourd bilan que MSF publiait par le biais d'un communiqué. 146 signalements reçus en 2017. « 40 cas ont été identifiés comme des cas d’abus ou de harcèlement au terme d’une investigation interne. Sur ces 40 cas, 24 étaient des cas de harcèlement ou d’abus sexuels ». Dans la majorité des cas, les victimes sont des employées de MSF et parmi elles, 19 n'ont pas porté plainte. Thierry Allafort-Duverge, le directeur de MSF, précise que « nous avons très peu d’exposés de cas d’abus sexuels visant les populations vulnérables dont nous nous occupons, bien que nous diffusions régulièrement des informations sur le fait que l’aide ne doit s’accompagner d’aucune contrepartie, ni argent, ni sexe ».

Sur les 24 cas d'abus sexuels ou harcèlement, 19 employés ont été licenciés : « Ces cas impliquent des comportements abusifs entre des employés de MSF, ainsi que deux cas d'abus sur des patients ou des accompagnants ». Mais « bien que les signalements d'abus soient en augmentation régulière », la direction reste « consciente que ces abus sont sous-reportés ». « Les raisons de ce sous-signalement sont probablement similaires à celles que l’on retrouve globalement dans la société, qu’il s’agisse de la peur de ne pas être cru, du stigmate associé à l’abus, et la crainte de représailles. »

Prévention des abus et suppression des obstacles pour porter plainte

Dans son communiqué, Médecins sans frontières veut communiquer sur ses valeurs et sa façon de traiter des signalements d'abus ou de harcèlement sexuels. Ainsi, elle précise le protocole à appliquer, pour un employé témoin ou victime d'un abus. « Tous les employés sont encouragés à signaler des comportements déplacés ou des abus, soit à leur hiérarchie, soit à travers des canaux spécifiques, via des adresses électroniques dédiées, et en-dehors de toute ligne hiérarchique. »

Enfin, la direction de MSF met en avant son intention de faciliter ou du moins de supprimer les obstacles qu'une victime peut rencontrer lorsqu'elle veut déposer plainte : « L’un des principaux défis à relever pour MSF est de lever les obstacles que rencontrent les personnes susceptibles d’alerter sur des abus. Nous devons accroître nos efforts de sensibilisation autour des mécanismes de plainte à travers MSF et les améliorer. »

Pour Thierry Allafort-Duverge : « Il est important que ce scandale Oxfam serve à nourrir un débat sain et transparent sur les lieux où l’on travaille, qui sont des zones de grande violence, de non-droit et de vulnérabilité, et sur les conduites que l’on se fixe. Nous avons jugé que c’était le moment de réaffirmer nos valeurs et nos engagements. »

Au sujet de l'auteur : Pauline Masotta

Journaliste