New York attaque cinq géants pétroliers en justice pour leur responsabilité dans le réchauffement climatique

Bouton whatsapp

Lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée ce mercredi 10 janvier, Bill De Blasio, maire de New York, a annoncé qu’il comptait poursuivre en justice cinq grands groupes pétroliers pour leurs responsabilités dans le réchauffement climatique.

Pour l’édile de la Big Apple, ces compagnies pétrolières ont « sciemment trompé le public pour protéger leurs bénéfices », en mettant en péril les futures générations. Les cinq géants de l’industrie pétrolière visés par cette plainte sont ExxonMobil, Chevron, BP, Shell et ConocoPhillips. Il évoque notamment les dégâts provoqués par la tempête Sandy en 2012, qui a tué plus de 40 personnes et coûté plus de 42 milliards de dollars à l’État.

Ainsi, la ville de New York demande à ces cinq groupes les milliards de dollars nécessaires pour se préparer à la hausse du niveau de la mer, à des tempêtes plus puissantes et à des températures bien plus élevées : « Alors que le changement climatique continue de s’aggraver, il est de la responsabilité des sociétés actives dans les énergies fossiles, dont la cupidité nous a mis dans cette situation, d’assumer les coûts nécessaires pour rendre la ville de New York plus sûre et plus résiliante » explique Bill de Blasio.

nyc.gov

Par ailleurs, il a également annoncé que les fonds de pension de retraite des agents municipaux allaient céder leurs actifs investis dans des sociétés liées aux énergies fossiles, ce qui représente environ 5 milliards de dollars sur les 190 milliards d’actifs de ces cinq fonds. Ce processus pourrait durer jusqu’à 2022 et rejoint des initiatives similaires déjà lancées par d’autres grandes villes américaines comme San Francisco et Seattle. Pour le moment, Bill de Blasio n’a pas précisé où ces fonds seraient redirigés.

En tout les cas, en attaquant en justice ces gros groupes pétroliers, la ville de New York jette un gros pavé dans la marée noire. Le maire a souligné qu’il s’agissait de la première grande ville du pays à prendre une telle décision « pour les générations futures ».

En réponse à ces annonces, les associations environnementales ont évidemment salué cette prise de position inédite : « New York devient aujourd’hui une capitale de la lutte contre le changement climatique sur cette planète. Avec ces communautés extrêmement vulnérables à la montée des eaux, la ville nous montre le tempérament pour lequel elle est célèbre: ne pas faire comme si travailler avec les producteurs d’énergies fossiles allait tant bien que mal sauver la situation, mais plutôt s’élever contre ces derniers, sur les marchés financiers et au tribunal » a confié Bill McKibeen, co-fondateur de l’association écologiste 350.org.

Même son de cloche de satisfaction chez Naomi Klein, activiste écologique : « À partir d’aujourd’hui, tout le secteur des énergies fossiles est menacé par de fortes dépenses juridiques ainsi que par la fuite montante et globale des investisseurs. Cela signifie que peu importe le nombre de permis que l’administration Trump accordera pour le pétrole ou le charbon, les nouveaux forages feront de moins en moins sens économiquement. C’est une très bonne nouvelle ».

Du côté des groupes pétroliers, ExxonMobil a répondu, indiquant qu’il accueillait « favorablement toute tentative de répondre au changement climatique » mais que ce « type d’action en justice » n’était pas une bonne solution.

Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef