Une imprimante 3D capable d'imprimer de la peau directement sur des plaies

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Des chercheurs américains ont mis au point une imprimante 3D capable d’imprimer de la peau directement sur des plaies de cochons et de souris.

À chaque nouvelle avancée majeure en matière de technologies ou de médecine, on ne peut s’empêcher de penser que la réalité dépasse la (science) fiction.

Certaines choses que nous vîmes jadis dans de vieux films d’anticipation et qui nous paraissaient inimaginables il n’y a encore pas si longtemps, semblent désormais à portée de main. Et ce n’est pas cette dernière invention que nous allons vous présenter qui viendra freiner ce curieux sentiment que l’on avance inexorablement vers un futur qui nous dépasse.

Des scientifiques américains du « Wake Forest Institute for Regenerative Medicine » ont ainsi mis au point une bio-imprimante 3D capable d’imprimer de la peau, couche par couche, directement sur des plaies.

Ce système novateur, testé avec succès sur des porcs et des souris, vient de faire l’objet d’une publication dans la prestigieuse revue américaine « Nature's Scientific Reports », où l’incroyable précision de l’imprimante est notamment mise en avant.

« L'aspect unique de cette technologie est la mobilité du système et sa capacité à gérer sur place les plaies étendues en les scannant et en les mesurant afin de déposer les cellules directement là où elles sont nécessaires pour créer la peau », explique ainsi Sean Murphy, l’auteur principal de la publication.

Une précision qui pourrait ainsi révolutionner le traitement des plaies chroniques - celles dont le délai de cicatrisation s’étend au-delà de 4 semaines - qui concernent par exemple quelque 2 millions de personnes en France.

Prochaine étape, l'expérimentation humaine ?

Cette prouesse est le fruit d’une combinaison unique entre deux technologies bien distinctes qui se complètent à merveille.

« Notre système combine une technologie de bio-impression capable de déposer rapidement des matériaux et des cellules avec une précision élevée, et une technologie d’imagerie par balayage des plaies pour mesurer spécifiquement la topologie de la plaie et permettre la livraison précise de types de cellules appropriées à des zones spécifiques de la plaie », expliquent ainsi les auteurs de la publication.

En résumé, les scientifiques pratiquent d’abord une petite biopsie sur des tissus non endommagés afin d’isoler les principales cellules de peau que sont les fibroblastes, lesquelles synthétisent le collagène et les kératinocytes qui forment tous deux la couche supérieure de la peau, l’épiderme.

Passée cette étape, c’est au tour de la technologie d’imagerie intégrée de faire le reste, en analysant la plaie puis en communiquant les données au logiciel de l’imprimante qui va dicter à cette dernière les instructions, notamment les emplacements exacts où imprimer les différentes couches de peau.

En théorie, les tissus prélevés devraient appartenir au patient traité mais pour mener leurs expériences à bien, les chercheurs de Wake Forrest ont testé des cellules humaines sur des souris et des porcs.

Et les résultats ont été immédiats. Ainsi, les scientifiques ont constaté « une fermeture rapide de la plaie chez les souris imprimées par rapport aux témoins non traités ». Concernant les porcs, un comparatif a été réalisé avec une autre méthode ayant fait ses preuves, qui consiste à pulvériser sur les plaies, à l’aide d’un spray, un mélange de cellules de peau, résultant de prépuces circoncis de nouveau-nés.

Si les deux techniques s’avèrent efficaces et offrent des délais similaires pour la cicatrisation, les chercheurs ont néanmoins constaté que « l’approche par bio impression permet de délivrer des cellules épidermiques et dermiques distribuées séparément couche par couche et non un mélange non organisé des deux types de cellules ».

En outre, les plaies bio-imprimées présentent une meilleure fermeture, entraînant ainsi une cicatrisation bien plus esthétique.

Vous l’aurez compris, les tests se sont avérés concluants et la prochaine étape sera l’expérimentation sur des patients humains. Si d’aventure ces dernières venaient à être approuvées, cela pourrait considérablement élargir les champs d’action des traitements à l’avenir, et notamment les greffes de peau.

Mais ceci est une autre histoire…

Au sujet de l'auteur : Mathieu D'Hondt

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.