Deux start-up se sont associées dans le but de concevoir un dispositif qui pourrait “révolutionner” la contraception féminine d’ici quelques années.
Bientôt la fin des pilules et du stérilet ? La start-up néerlandaise, Choice, s’est associée à l’entreprise française de deeptech Silmach, avec l’ambition de révolutionner la contraception féminine.
À l’origine du projet, il y a Peter van de Graaf, ancien dessinateur industriel à l’université technique d’Eindhoven. Depuis une quinzaine d’années, le chercheur travaille sans relâche à la conception d’un dispositif contraceptif, après avoir découvert que 40% des grossesses dans le monde n’étaient pas désirées, selon le Fonds des Nations unies pour la population.
« Je voulais que la stérilisation soit réversible donc j’ai pensé à des valves. Elles vont permettre de former une barrière et de bloquer le contact entre l’ovule et les spermatozoïdes. Et j’ai voulu les implanter à l’endroit le plus propice, dans les trompes de Fallope. »
Peter van de Graaf s’est alors tourné vers Silmach, une société française qui a créé les premières montres à aiguilles sans rouages mécaniques. Pierre-François Louvigné, directeur de Silmach, se souvient encore du moment où l’idée lui a été soumise :
“Peter a pensé à nous car il avait une connaissance férue d’horlogerie. Quand il m’a demandé un système plus petit qu’un grain de riz qui permettrait d’ouvrir et de fermer une valve, ça faisait un peu projet de science-fiction. Mais on a beaucoup travaillé”
Crédit photo : Silmach
Ainsi est né un micromoteur de “1 millmètre sur 10 pour 0,1 millimètre d’épaisseur, soit la taille d’un cheveu” élaboré par l’entreprise française.
« Il est en silicium, c’est-à-dire la matière utilisée dans les semi-conducteurs et l’électronique. Il fonctionne grâce à un principe électrostatique et consomme très peu d’énergie. En plus, il est inoxydable, inerte et pourra accompagner les femmes toute leur vie sans être changé. »
Une mise sur le marché dans 5 ans ?
Le dispositif se compose en minuscules valves implantées dans les trompes de Fallope actionnées par un micromoteur électrostatique. Ce dispositif, imaginé par deux sociétés, pourrait « révolutionner » la contraception dans quelques années. Peter van de Graaf vise même une commercialisation d’ici 2030 ou 2032.
Si l’innovation va jusqu’à sa mise sur le marché. Il lui reste encore de nombreuses étapes avant cela.
« Nous avons déjà effectué des tests in vitro (dans du verre) et allons passer in vivo en 2026. Pour l’instant, il n’y a aucun effet secondaire. On doit vérifier absolument tout, être certain que ça fonctionne parfaitement. »
Alors peut-être que ce fameux minuscule dispositif pourra être implanté dans des corps humains.
« Ça se passera chez le gynécologue, comme pour un stérilet et ça ne sera ni invasif ni douloureux. Pour activer les valves, il faudra aussi retourner chez un spécialiste. On avait pensé à une télécommande ou une application dans un premier temps mais nous y avons renoncé. »
Crédit photo : iStock
Présenté comme une “révolution” par ses créateurs, ce micromoteur paraît moins invasif qu’un stérilet et moins contraignant que les pilules, d’autant plus qu’il n’y aurait aucun effet secondaire sur le corps selon Pierre-François Louvigné :
« La pilule, c’est jouer avec les hormones et malheureusement, ça n’a pas été sans conséquence pour de nombreuses femmes. Là, on parle d’un dispositif passif qui n’interagit avec le corps d’aucune manière et n’est installé qu’une fois. »
Reste à savoir si les femmes seront ouvertes à l’idée de tester un mode de contraception dans cinq à six ans.
