À seulement 2 ans, cette fillette devient une nouvelle... déesse vivante au Népal

Ce mardi 30 septembre, Aryatara Shakya, une fillette âgée de 2 ans, a été choisie pour être une nouvelle "déesse vivante du Népal. Elle sera dorénavant vénérée par 30 millions d’habitants.

Au Népal, il existe une tradition séculaire propre aux religions hindoues et bouddhistes du pays qui consiste à choisir une Kumari. Cette dernière est la réincarnation vivante de la déesse Taleju, mais dans sa forme virginale et prépubère.

Il existe une dizaine de Kumaris au Népal, mais celle de Katmandou, tout comme la Kumari de Patan, sont invitées à respecter scrupuleusement la coutume ancestrale. Elles sont soigneusement choisies parmi la communauté Newar népalaise, spécifiquement au sein de la caste Vajracharya-Shakya.

Ce mardi 30 septembre 2025, à l’occasion du huitième jour de Dashain, une quinzaine religieuse célébrée au Népal, dans la vallée de Katmandou, la célébration a été marquée par un événement exceptionnel : une nouvelle Kumari a été intronisée.

Aryatara ShakyaCrédit photo :Niranjan Shrestha / AP

Il s’agit d’Aryatara Shakya, âgée de 2 ans et 8 mois, qui succède à Trishna Shakya, qui avait accédé au statut de déesse vivante, en 2017. Aujourd’hui, cette enfant âgée d’une douzaine d’années à peine est pubère et redevient donc, brutalement, simple mortelle.

Pour être sélectionnée, l’enfant élue ne doit pas encore avoir eu de menstruations, mais elle doit aussi ne présenter aucune égratignure ni plaie sur le corps et avoir prouvé son intrépidité. Une Kumari doit satisfaire pas moins de 32 critères physiques lorsqu’elle est choisie, en général entre l’âge de 2 et 4 ans. Parmi eux : avoir une peau, des cheveux, des yeux et des dents impeccables, de longs bras, de longs orteils ou encore ne pas avoir peur du noir.

Pour tester sa témérité, elle a notamment été plongée dans l’obscurité où des masques grimaçants et une tête de buffle avaient été disposés.

Sa mère, Ananta Shakya, n’a pas caché son émotion au moment de la nomination de sa fille :

« Hier encore, elle était juste ma fille. Aujourd’hui, elle est une déesse. »

Même son de cloche chez son père, qui confie avoir pressenti, avec son épouse, la destinée de leur fille avant même qu’elle ne soit née :

« Pendant sa grossesse, ma femme rêvait qu’elle était une déesse et nous savions qu’elle allait devenir quelqu’un de très spécial. »

Aryatara Shakya et ses parentsCrédit photo :Niranjan Shrestha / AP

Un mode de vie très strict et contraignant

C’est donc désormais tout un pays de près de 30 millions d’habitants qui vénère la fillette. Seulement voilà, derrière ce statut de “divinité vivante” se cache un mode de vie très contraignant. Ce jeudi 2 octobre, elle a réalisé sa première sortie officielle en bénissant les fidèles, ainsi que le président du Népal.

Bien qu’extrêmement réputé dans la société népalaise, le statut de Kumari ne signifie pas pour autant une vie plus aisée pour la petite fille. Les élues n’entrent en contact qu’avec quelques enfants de leur âge triés sur le volet et ne sont autorisées à sortir que quelques fois par an pour assister à des festivals, sans toutefois pouvoir toucher terre. Les anciennes Kumaris ont du mal à s’adapter à une vie normale, à apprendre à faire les tâches ménagères et à fréquenter des écoles ordinaires.

Aryatara ShakyaCrédit photo : Niranjan Shrestha / AP

Selon le folklore népalais, les hommes qui épousent une ancienne Kumari mourront jeunes, ce qui explique pourquoi beaucoup de ces filles restent célibataires. Il se dit également qu’une Kumari qui vous sourit est un mauvais présage.

Au cours des dernières années, la tradition a connu de nombreux changements et les Kumaris sont désormais autorisées à recevoir une éducation dispensée par des tuteurs privés au sein du palais du temple et disposent même d’un téléviseur.

Le gouvernement offre également aux Kumaris à la retraite une petite pension mensuelle d’environ 110 dollars, soit un peu plus que le salaire minimum légal.


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Journaliste