100 ans après, l'exploit du célèbre chien Balto expliqué par son ADN

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Aux États-Unis, des chercheurs ont reconstitué le génome de Balto, un chien resté célèbre pour son héroïsme et sa bravoure lors d’une expédition en Alaska il y a près d’un siècle.

En 1925, un chien nommé Balto rentrait dans l’histoire grâce à son héroïsme et sa bravoure, en menant un groupe de chiens de traîneau à travers une région hostile et reculée de l’Alaska. Participant à une expédition surnommée la “course au sérum”, Balto et son groupe de chiens de traîneau devaient rallier une petite ville de l’Alaska, située dans une zone très reculée, pour y apporter un médicament anti-diphtérique et sauver les habitants.

Crédit photo : Wikipédia

Malgré le blizzard et des températures extrêmes, Balto a mené son groupe sur les dernières dizaines de kilomètres. Une prouesse qui a marqué l’histoire, à tel point que Balto a été érigé en héros à travers une statue présente à Central Park, à New York.

Mort à l’âge de 14 ans, en 1933, le chien a été empaillé et est désormais exposé au musée d’histoire naturelle de Cleveland. Le chemin parcouru par le husky a donné lieu à une course de traîneau annuelle, nommée Iditarod, à partir de 1973. Et puis, Balto a eu le droit à son propre film d’animation en 1995, retraçant son aventure épique.

De nos jours, Balto continue de fasciner et des chercheurs ont étudié le génome du chien afin d’expliquer ses aptitudes génétiques lui ayant permis de réaliser un tel exploit : “La célébrité de Balto et le fait qu’il ait été empaillé nous donnent cette super opportunité, 100 ans plus tard, de voir à quoi ressemblait génétiquement cette population de chiens de traîneau, et de le comparer aux chiens modernes” explique Katherine Moon, chercheuse à l’université de Californie à Santa Cruz et autrice principale de l’étude publiée dans la revue Science.

Crédit photo : Pete LaMotte/Flickr

Le véritable ADN de Balto, un chien héros

En prélevant la peau de son ventre et en comparant son génome avec plus de 680 chiens modernes, représentant 135 races, les scientifiques ont déjà écarté une étiquette qui était collée à Balto depuis un siècle.

En effet, contrairement à la légende, notamment relatée dans le film d’animation, Balto n’était pas un chien-loup. L’analyse n’a détecté aucun ancêtre loup à Balto. En réalité, Balto partage des ancêtres communs avec les actuels Huskies de Sibérie, et les chiens de traîneau d’Alaska et du Groenland.

Crédit photo : Universal Pictures

Par ailleurs, les chercheurs ont aussi comparé son patrimoine génétique à l’alignement du génome de 240 espèces de mammifères. Cette technique permet de déceler quelles parties de l’ADN sont les mêmes à travers toutes les espèces et donc celles qui n’ont pas évolué.

Cette non-évolution de certaines zones révèle alors leurs fonctions importantes, si importantes que des mutations auraient été trop dangereuses pour l’espèce. Ainsi, ils ont découvert que l’ADN de Balto présentait moins de variations que les races de chiens modernes, indiquant une meilleure santé.

“Balto avait des variants dans des gènes liés à des choses comme le poids, la coordination, la formation des articulations, l’épaisseur de la peau, ce qui est logique pour un chien élevé pour évoluer dans un tel environnement” détaille Katherine Moon.

Crédit photo : AFP

Enfin, l’étude a oeuvré à reconstituer l’apparence physique de Balto, à partir de son génome, livrant des résultats qui concordent avec les photos historiques dont on dispose du chien. Balto avait une hauteur d’épaules de 55 centimètres, un pelage noir avec un petit peu de blanc.

“Ce projet donne à tout le monde une idée de ce qui commence à être possible grâce à des comparaisons avec des génomes à la qualité croissante. Ce sont des choses que nous n’avons jamais faites avant. Je me sens comme une exploratrice, et encore une fois, Balto ouvre la voie”, conclut Katherine Moon.


Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef