« Ça va Manu  ? », ou quand le président de la République recadre sèchement un fougueux collégien lors de la commémoration du 18-Juin

Emmanuel Macron apprécie le respect. Comme nous tous, en réalité, et à juste titre. La majeure différence entre lui et nous, c’est qu’il est le chef de l’État. Et en tant que tel, il s’attend à ce que l’on se réfère à lui selon son rang. Quitte à le faire remarquer des plus sèchement à un collégien un peu fanfaron qui l’apostrophe avec désinvolture par son diminutif, « Manu », comme il le ferait avec un copain de classe… ce qui n’est pas du tout du goût du président, qui le recadre sans vergogne dans la vidéo qui suit, filmée lors de la commémoration du 18-Juin 1940.

Avant même son élection, Emmanuel Macron était amateur de petites phrases moralisatrices loin d’être du goût de tous. Nous nous souvenons avec émotion de son « la meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler » assené en 2016 à un habitant de Lunel, dans l’Hérault, qui venait de faire une remarque sur la garde-robe de celui qui était alors ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique.

Ce lundi 18 juin 2018, Monsieur le président de la République a récidivé au carré en recadrant un collégien un tantinet insolent, alors qu’il prenait un bain de foule, saluant toutes les personnes présentes derrière la barrière de sécurité, de façon tout à fait légitime de prime abord. « Ça va Manu? », lance ainsi le jeune homme, le sourire goguenard, avant de se faire rembarrer par un Emmanuel Macron qui n’a pas manqué de répondant :

« Non non non non, je ne suis pas ton copain. C’est une cérémonie officielle, tu te comportes comme il faut », rétorque-t-il, après que le garçon a lâché un « désolé, monsieur le président » d’une solennité telle qu’elle pourrait presque passer pour de la moquerie, à la suite de sa première question.

D’une autorité à en faire pâlir de jalousie les professeurs des écoles, le chef de l’État ajoute, toujours vexé  : 

« Tu peux faire l’imbécile, mais aujourd’hui c’est la Marseillaise et le Chant des partisans, donc tu m’appelles Monsieur le Président de la République, ou Monsieur ».

Là, le Président s’éloigne, visiblement passé à autre chose, prêt à serrer d’autres mains et à saluer d’autres personnes. Mais non. Il fait volte-face, n’en a pas fini avec l’enfant. Il revient, et s’éloigne très légèrement du sujet de départ, la politesse, dans une envolée lyrique des plus savoureuses, l’index dressé :

« Et… Et tu fais les choses dans le bon ordre  : si tu veux faire la révolution tu apprends d’abord à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même, d’accord  ? Et à ce moment-là tu iras donner des leçons aux autres ».

Le Président s’éloigne alors après avoir tapoté la main de l’écolier à qui il vient d’asséner une formidable leçon de vie, pour ensuite faire le choix de rester discuter davantage. Nul doute qu’il y aura un avant et un après dans l’existence de ce collégien malicieux, recadré par la République personnifiée.

À noter que Marlène Schiappa s’était déjà exprimée sur la façon dont il faut s’adresser au chef de l’État à la suite de l’interview télévisée menée en avril dernier par Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin, deux journalistes d'expérience qui avaient refusé d’appeler Emmanuel Macron avec l’expression consacrée « Monsieur le président ». 

Source : BFM

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Au sujet de l'auteur : Hugo Nikolov

Journaliste