Iran : le décès d'une chèvre sauvage, morte d'épuisement après avoir été traquée par un 4x4, révèle toute la cruauté des « safaris »

Bouton whatsapp

La mort brutale d'un animal sauvage, traqué par des jeunes en mal de loisirs et de sensations fortes, a mis en exergue les conséquences désastreuses des safaris touristiques en Iran. Précisions.

C’est une image qui suscite l’indignation en Iran !

Une vidéo, dans laquelle de jeunes iraniens traquent une pauvre chèvre sauvage à bord d’un 4x4 (l’animal s’effondrera et mourra d’épuisement quelques minutes plus tard), a mis récemment en lumière un phénomène inquiétant et qui prend de l’ampleur dans le pays : les safaris.

Ces safaris, qui consistent à rouler au milieu de nulle part dans le désert, au volant de véhicules tout-terrain, ne sont en effet pas sans conséquence.

De plus en plus populaires, ces rodéos auxquels se livrent les touristes et la jeunesse dorée dans les dunes de sables iraniennes, provoquent ainsi des dégâts considérables sur la biodiversité de l’Iran, comme le montre cette funeste vidéo publiée sur Twitter le 28 octobre.

Les safaris touristiques dans les dunes iraniennes détruisent les écosystèmes

Cette traque mortelle - dont l'issue tragique n'a toutefois pas été filmée - a eu lieu dans le désert de Dasht Kavir, près de l’oasis de Maranjab.

Et si cette fois, les organisateurs de ce safari ont été inculpés et que le conducteur du 4x4 a dû payer une forte amende, les personnes qui se livrent d’ordinaire à cette pratique en temps normal ne sont que très rarement inquiétées, malgré les dégâts provoqués.

Une impunité dénoncée par de nombreux activistes locaux, à commencer par Alireza Shahrdari, environnementaliste iranien de renom.

« Le nombre de safaris n’a fait qu’augmenter ces quatre dernières années. C’est incroyable le nombre de voitures 4x4 et autres pick-up qu’on peut voir désormais dans des zones sauvages. Ce qui a changé, c’est que d’une activité prisée uniquement des aventuriers et de quelques professionnels du tourisme, lesquels respectent les écosystèmes, c’est devenu un loisir grand public. Des centaines d’agences dans les villes aux portes du désert proposent des excursions », déplore ainsi l'intéressé, joint par France 24.

« Les gens ne savent pas comment faire pour ne pas abîmer les écosystèmes, ou alors, ils s’en fichent. Pour eux, les déserts sont des zones mortes, ils n'imaginent pas que des centaines d’animaux sauvages et de plantes y vivent (...) Ces ergs (région couvertes de dunes), ces lacs salés, ces étendues, sont en fait l’habitat d'animaux qui est détruit par le passage de ces voitures, quand ils passent les uns après les autres, ils tuent ces espèces (...) Plusieurs espèces sont en danger imminent : le varan du désert, des scorpions, le serpent du Maranjab, le lézard Eremias kavirensis, endémique du Dasht-e-Kevir, les gerbilles de Cheesman, et bien d’autres », ajoute cet expert des reptiles et des rongeurs.

« Ces touristes laissent aussi beaucoup de déchets dans ces espaces vierges parfois les plus reculés. Certains n’hésitent pas à faire des feux, qui laissent des cendres dans le sol, et ils utilisent pour cela dans branchages de buissons, qui pour eux sont des arbres morts. Cela détruit la végétation de cette région, pourtant loin d'être dense », explique-t-il par ailleurs.

Et de conclure : « Il n’y a absolument aucune surveillance ni aucune restriction concernant ces safaris. Donc ces endroits sont des terrains rêvés pour ceux qui veulent faire ce qu’ils ont envie dans la nature. Les seules réactions qu’on a vues pour le moment, ce sont des protestations en ligne de la part d’activistes, rien de plus. Il n’y a qu’une seule solution : il faut mettre un terme à ces safaris hors piste, et les limiter à des zones très restreintes ».

La survie de ces écosystèmes passe donc par une interdiction ou un encadrement très strict de ces pratiques. Hélas, au grand dam des militants, ces safaris se déroulent le plus souvent dans des zones qui échappent aux parcs naturels protégés.

Source : France 24

Au sujet de l'auteur : Mathieu D'Hondt

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.