Ce mardi 26 décembre, Sacha Lin-Jung, président de l’Association des Chinois résidant en France, a publié sur sa page Facebook une photo d’une comptine intitulée «Chang le petit chinois» présente dans un cahier scolaire.
Il indique sur sa publication que des « parents asiatiques » ont été « horrifiés à la vue de la chanson qu’on enseigne dans la classe de leur enfant », dans une école maternelle à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), et c’est bien normal. En effet, au regard des paroles caricaturales de la chanson, il y a de quoi s’offusquer :
« Chang est assis
Il mange du riz
Ses yeux sont petits
Riquiquis
Chang me sourit
Quand il me dit
« Tu veux goûter mes litchis ? »
T’es dans ton bateau qui tangue,
T’as mal dans tes tongs
Tu vois des orangs-outangs
Ta tête fait ping-pong
Ping ! »
Les paroles de la comptine sont accompagnées par trois illustrations : un personnage aux yeux bridés, la tête ornée d’un chapeau triangulaire, un bol de riz dans lequel sont plantées des baguettes et une paire de tongs.
La page est signée du nom d’une intervenante pour « Les Ateliers du préau» , une agence d’activité périscolaire, en mentionnant qu’il s’agit bien de l’année scolaire en cours.
En premier lieu, Sacha Lin-Jung explique que cette photo est apparue sur un groupe militant sur WeChat où se partagent des « informations sur l’insécurité et le racisme ». La publication a été fortement relayée et commentée, entre ceux qui s’insurgent du « racisme ordinaire » véhiculé par la comptine et d’autres qui jugent les paroles « amusantes » : « Les Asiatiques ont les yeux bridés, les orangs-outangs vivent en Asie, les rizières sont très présentes en Asie, les tongs sont aussi dans les tenues traditionnelles d’Asie (…) donc où est le problème? » pouvait-on notamment lire de la part d’un internaute.
Forcément, ici est dénoncé, à raison, un racisme ordinaire anti-asiatique où « tous les stéréotypes raciaux insultants » sont réunis comme l’explique Bernard Tran, président de l’association de promotion de la culture asiatique Mékong77, auprès des Observateurs de France 24 :
« En bref, le message que cette comptine véhicule est simple: un Chinois est forcément petit à yeux bridés, à part du riz, il ne mange rien d’autre, et ne quitterait jamais ses tongs, sans compter les improbabilités de rimes avec « orangs-outangs » (animaux vivant en Malaisie et Indonésie) et « ping-pong » (sport anglais). Ce que l’on peut constater ici, c’est la volonté de perpétuer l’image de l’indigène asiatique arriéré et docile que l’on retrouve dans les cartes postales des colonies françaises du début du siècle dernier. Ce qui est extrêmement offensant envers la communauté asiatique. »
Contactés par les Observateurs de France 24, Les Ateliers du préau disent regretter le choix de cette comptine mais assurent ne pas en être l’éditeur : « Elle a été choisie par l’un de nos intervenants en musique. Dans ce cas précis, ce choix n’a pas été porté à notre connaissance. Nous ne l’avons donc en aucun cas validé et reconnaissons qu’il associe des stéréotypes de façon assez grossière et maladroite. »
Dans un communiqué publié ce mercredi 27 décembre, SOS Racisme a indiqué, par la voix de son président Dominique Sopo, être en contact avec le ministère de l’Éducation nationale qui se serait engagé à saisir le rectorat de l’école où a été enseignée la chanson, soit le rectorat de Créteil.
Cette polémique nous rappelle que le racisme anti-asiatique est probablement la plus sujet à un humour passe-partout comme l’avait démontré le sketch de Gad Elmaleh et Kev Adams, diffusé sur M6 l’année dernière, dans lequel ils caricaturaient librement les Asiatiques. Leur sketch avait alors, à l’époque, suscité également une vive polémique, notamment lancée par Anthony Cheylan, rédacteur en chef de Clique.tv qui avait dénoncé «dix minutes de blagues racistes».