Quand mon chien est mort, je ne comprenais pas pourquoi cela m'avait affecté autant que si c'était la mort d'un être humain. Et puis, j'ai lu cette étude...

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Lorsque vous êtes enfant et que vous adoptez un chien, on vous dit plein de choses. On vous dit que vous allez devoir vous en occuper, on vous fait promettre de le nourrir tous les jours, de nettoyer ses saletés… Mais adopter un chien, c’est un énorme engagement, sur le long terme, et il y a beaucoup de choses qu’on ne vous dit pas.

On ne vous dit pas, par exemple, à quel point cette décision vous affectera en profondeur quand vous serez un adulte. On ne vous dit pas que la vie des chiens est courte, et à quel point il est triste de devoir dire adieu à un ami.

On ne vous dit pas que les chiens meurent — et que quand ils s’en vont, ils laissent dans nos vies un trou béant, une plaie qui ne se refermera jamais vraiment. Comme si c’était plus qu’un simple animal de compagnie qui s’en allait, mais un véritable ami, un frère. Comme s'il s’agissait de la mort d’un être humain.
 

Si vous avez déjà ressenti une telle chose, sachez que vous n’êtes pas les seuls : De nombreuses personnes affirment avoir vécu la perte de leur chien comme s’il s’était agi de la mort d’un proche, d’un membre de la famille. Et il se trouve que, si on se penche sur les nombreux travaux qui ont été faits à propos du comportement des humains et des chiens, et du type de relations que ces deux espèces pourtant si différentes entretiennent, on comprend mieux ce sentiment. Cela devient même vraiment évident.

Car les chiens et les humains sont, réellement, deux espèces qui entretiennent des rapports très spéciaux, quasiment symbiotiques. Il s’agit de quelque chose de vraiment très particulier, unique dans la nature.

En bref, il existe une véritable raison, scientifique, qui explique que lorsque votre chien meurt vous avez le sentiment que c’est un être humain qui est mort.

Car la réaction que cette disparition cause dans votre esprit et les émotions qui vous traversent, sont, à peu de chose près, strictement identiques.

Voilà comment les chiens nous ont aidés à évoluer et à devenir ce que nous sommes aujourd’hui


La relation qui unit aujourd’hui les hommes et les chiens a débuté il y a plus de 33 000 ans de cela. À cette époque, le chien domestique tel qu’on le connaît aujourd’hui n’existait pas : ce n’est qu’après des siècles et des siècles de contact avec l’homme que les loups ont commencé à se transformer, à évoluer, jusqu’à devenir cet animal que l’on nomme chien. Mais… Et si l’homme s’était lui aussi transformé, s'il avait lui aussi évolué au contact de cette autre espèce ?

Selon les chercheurs, hommes et loups ont très tôt commencé à chasser ensemble, à bénéficier des compétences des uns et des autres, puis à vivre ensemble. Les loups étaient finalement très proches des humains, dans leur mode de vie — les deux espèces étaient des mammifères sociaux, bien que solitaires à la base, qui ont compris que pour être plus fort il fallait se regrouper, travailler ensemble, en équipe, pour accomplir des tâches données…

C’est donc tout naturellement qu’ils ont décidé de se regrouper pour être encore plus forts, un échange de bons procédés mis à profit pour la subsistance des deux espèces.



Les clauses de ce partenariat étaient simples, mais efficaces : Les loups chassaient en meute les gros animaux, les piégeant en les rabattant, jusqu’à l’épuisement. Puis, comme cela était dangereux pour eux de s’approcher de trop près, c’étaient les humains qui mettaient à mort l’animal acculé, à l’aide d’armes de jet comme des flèches ou des sagaies, ou encore des lances qui leur permettaient de rester à une portée respectable, en évitant le plus possible de risquer sa vie. Enfin, ils n’avaient plus qu’à se partager la viande !

Mais le plus fou, c’est que de nombreux scientifiques pensent que c’est cette alliance avec les loups qui a fait que l’Homo Sapiens a pu passer avec le grand test de l’évolution, alors qu’il aurait dû disparaître. En fait, cela expliquerait, selon eux, le fait que l’homme de Néandertal se soit éteint, et pas nous !

Lorsque les Homo Sapiens ont commencé à migrer en direction de l’Europe, ils ont été obligés d‘entrer en compétition avec les grands carnassiers, et avec les hommes de Néandertal, pour chasser les troupeaux d’élans ou de bisons. Une bataille pour la vie (et pour les réserves de nourriture) acharnée, empirée par la rudesse des conditions climatiques.

Eh bien pour certains chercheurs, nous avons réussi à triompher de cette compétition, et à nous hisser tout en haut de la chaîne alimentaire, grâce à notre partenariat avec les loups ! En effet, si nous ne nous étions pas serré les coudes, nous n’avions aucune chance face aux tigres à dents de sabre et autres super-prédateurs, bien mieux équipés que nous pour la chasse. Vous remercierez Médor à l’occasion !

Conclusion : le partenariat entre l’homme de la préhistoire et le loup a permis de créer non seulement le chien moderne... Mais aussi l’être humain moderne ! Les deux espèces se sont mutuellement construites !


L’homme et le chien sont donc extrêmement liés, sur le plan émotionnel, mais également au niveau de la manière dont se sont développées les deux espèces.

En effet, nous avons évolué ensemble, ce qui explique que notre rapport avec eux soit différent de celui que l’on peut entretenir avec d’autres animaux. Ils sont capables de percevoir nos émotions, tout comme nous sommes capables de percevoir les leurs.

Et cela pour une raison simple, la même raison qui fait que nous sommes capables d’être émus, d’éprouver de l’empathie ou de la compassion envers d’autres êtres humains : il s’agit d’un réflexe de survie, une manière de communiquer et d’établir des liens sociaux profonds, qui nous aident à chercher un peu de soutien pour affronter les aléas de la vie — que ce soit un coup de défense donné par un mammouth laineux, ou bien un épisode de dépression parce que votre femme vous a quitté et que vous avez perdu votre boulot.

La raison pour laquelle la mort d’un chien est perçue comme aussi tragique que celle d’un être humain, c’est parce que, dans énormément de domaines, les chiens sont comme nous. Ils passent une bonne partie de leur vie à prendre soin de nous, et à nous laisser prendre soin d’eux.

Leur vie et la nôtre s’imbriquent à la perfection, ils prennent la place au sein de nos foyers de l’un des membres de la famille. Et c’est pour cela que c’est si dur de devoir leur dire adieu.
Source : Vox

Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste