Pour satisfaire des « critères de beauté », des éleveurs déforment le visage de leurs chevaux

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Dans la revue Veterinary Record, de nombreux vétérinaires s’insurgent d’une pratique adoptée par les éleveurs qui consiste à croiser leurs chevaux avec le pur sang arabe afin de les rendre plus beaux. Une pratique qui peut mettre en danger la vie de l’animal…

L’alarme a été tirée par Danny Chambers, un éminent vétérinaire britannique, à travers un article sur le site «New Scientist». Rapidement suivi par un bon nombre de ses collègues, il met en lumière une pratique abusive et dangereuse qui pourrait mettre en danger la vie de l’animal.

C’est de notoriété publique que l’Homme a toujours cherché à croiser les races d’animaux qu’il domestiquait pour des questions de compétence ou de beauté, notamment chez les chiens et les chats. Et c’est également le cas pour les chevaux, depuis des siècles. Généralement, les éleveurs réalisent ces croisements pour avoir des chevaux plus performants, mais désormais il s’agit d’en avoir de plus beaux, avec des caractéristiques physiques spéciales.

Le modèle d’inspiration pour ces éleveurs est le pur sang arabe, réputé pour son sang chaud et sa vitesse, mais également son visage légèrement bombé. Et visiblement, ce détail physique serait très demandé par les propriétaires américains, ce qui amène les éleveurs à croiser les races afin d’obtenir un cheval ressemblant à un pur sang arabe.

Orrion Farms

Le résultat est un jeune mâle avec un os frontal supérieur déformé et un crane difforme. Le dernier cheval en date qui a conduit les vétérinaires à alerter l’opinion publique est un jeune mâle âgé de neuf mois, qui s’appelle El Rey Magnum (voir photos), produit de la ferme Orrion Farms (Ellensburg, état de Washington), considéré comme «très proche de la perfection» et estimé à plusieurs millions de dollars.

Outre la pratique douteuse, les vétérinaires mettent surtout en lumière la mise en danger de la vie de l’animal. En effet, les chevaux sont des animaux qui respirent uniquement par leurs nasaux, et non par la bouche. Seulement voilà, plus un cheval a le visage bombé, plus ses voies nasales sont rétrécies, ce qui réduit la circulation de l’air, pouvant amener à des problèmes respiratoires. Dans ces conditions, le cheval rencontre des difficultés à trotter, galoper, sauter et même pour servir de monture.

En plus de problèmes respiratoires, les vétérinaires craignent des problèmes oculaires, des maladies de peau et des problèmes neurologiques déjà constatés chez des chiens et des chats fruits d’un croisement.

Orrion Farms

Les vétérinaires, conscients que ce danger n’est pas forcément connu des propriétaires et des éleveurs, proposent un accompagnement éducatif pour réaliser des croisements qui soient sains pour les chevaux. Cependant, cette quête du «cheval parfait» n’est-elle pas devenue trop extrême, tout cela pour des questions esthétiques? Probablement que si…

Au sujet de l'auteur : Jérémy Birien

Journaliste, rédacteur en chef