En 2016, plus de 1600 mammifères marins se sont échoués sur les côtés françaises. Un record alarmant !

Entre les dauphins, les marsouins communs et les phoques, ce sont 1613 mammifères marins qui ont été retrouvés échoués sur les côtes françaises en 2016, soit 4,4 par jours. Un record !

Depuis 1970, le Réseau national échouages (RNE) recense le nombre de mammifères marins qui s’échouent sur les côtes françaises. Leur objectif est d’évaluer sur le long terme l’état des espèces et les pressions qui les menacent. Et selon leurs derniers résultats alarmants, l’année 2016 présente des chiffres jamais enregistrés auparavant et cela ne devrait pas s’arranger en 2017.

« Il est malheureusement quasi certain que nous allons battre ce record en 2017, car nous avons enregistré un événement considérable en février-mars: huit cents dauphins communs se sont échoués sur les côtes entre Arcachon et Les Sables-d’Olonne » explique Vincent Ridoux, professeur de biologie à l’université de La Rochelle et directeur de l’Observatoire Pélagis, l’unité mixte qui assure la coordination scientifique du RNE.

Distribution annuelle des effectifs d’échouages de cétacés sur le littoral français de 1990 à 2016 (18533 au total) : RNE

En 2016, 1342 cétacés ont été retrouvés échoués sur les côtes françaises, soit deux fois plus qu’en 2015 où en comptait 653. En sachant que la moyenne sur les dix dernières années est à la hauteur de 820 par an, il y a de quoi être alarmiste.

Parmi les treize espèces de cétacés recensés parmi les échoués, les deux espèces les plus concernés sont le dauphin commun et le marsouin commun qui représentent 78% des échouages sur les façades atlantiques, de la Manche et de la Mer du Nord. Du côté de la Méditerranée, le dauphin bleu et blanc est le plus recensé avec 70% des échouages.

Distribution annuelle des 18533 échouages de cétacés entre 1990 et 2016 répartis par façade (en bleu, atlantique ; en rouge, Manche et mer du Nord ; en vert, Méditerranée) / RNE

Outre les cétacés, les échouages de phoques connaissent également une augmentation constante depuis le début des années 1990 comme l’explique le rapport : « Les effectifs de la saison 2015-2016 sont aussi élevés que ceux de la saison 2013-2014, qui avait été qualifiée d’atypique, le phénomène ayant été relié à des conditions météorologiques hivernales particulièrement difficiles ». Cependant, « aucune anomalie météorologique ne semble associée à ce haut niveau d’échouage en 2016. »

Parmi les 271 phoques retrouvés échoués, plus de la moitié l’a été dans le nord de la France, entre la frontière franco-belge et la baie du Mont-Saint-Michel. Le reste s’éparpille entre la Bretagne, la Loire-Atlantique et le Pays basque. En outre, l’étude se penche aussi sur les départements et territoires d’outre-mer où 51 mammifères marins se sont échoués en 2016, une constance depuis quatre ans alors que la Polynésie française est la plus touchée par ce phénomène.

La Renaissance - Le Bassin Beyeux

Pour tenter d’expliquer ces chiffres anormalement en hausse, les experts pointent du doigt les prises accidentelles de pêches liées à deux techniques particulières : les filets maillants et les chaluts à très grande ouverture traînés derrière les bateaux.

« 70% de la mortalité des dauphins communs dans le golfe de Gascogne est liée à la capture accidentelle due à la pêche. Les animaux dérivent ensuite jusqu’aux côtés (…). Mais il y a aussi une partie de morts naturelles » explique Jérôme Spitz, ingénieur de recherche à l’Observatoire Pélagis. Par ailleurs, les échouages ne représentent que 10% de la mortalité générale des mammifères marins, soit la « partie émergée de l’iceberg ». En effet, le reste des cadavres coulent ou dévient vers le large.

Distribution annuelle des 2 536 échouages de phoques de novembre 1989 à octobre 2016 / RNE

Mais comment cela fait-il que le nombre de mammifères marins échoués explose tout d’un coup ? Pour répondre à cette problématique, probablement la plus importante, les experts ne peuvent que miser sur des hypothèses car l’état des carcasses n’a pas permis de déterminer réellement les causes de mortalité.

Parmi les hypothèses, Jérôme Spitz avance la probabilité d’une redistribution des espèces, plus proches des côtés françaises : « La population de marsouins communs, qui était principalement localisée en mer du Nord dans les années 90, s’est déplacée vers la Manche et le golfe de Gascogne depuis 2005, sans doute en raison d’un appauvrissement des ressources halieutiques et d’un développement des activités en mer plus au nord. Davantage de marsouins sur nos côtés impliquent donc davantage d’échouages, car les morts naturelles augmentent, de même que les animaux soumis à la pression de la pêche ».

Pour en savoir plus sur ce phénomène, le ministère de la transition écologique a formé une équipe pour se pencher sur la question. Si la pollution marine n’est pas pointée du doigt, elle peut être également responsable de certaines maladies et de la baisse de la fécondité chez ces animaux.

Source : Le Monde
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