Un apiculteur, tabassé et ses abeilles tuées par des malfaiteurs, lance une bouteille à la mer pour essayer de sauver son activité

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Florian Ruyet, jeune apiculteur basé dans le Morbihan, a « les boules » :  depuis plusieurs jours, il est persécuté avec une précision méthodique, par des personnes qui semblent déterminées à vandaliser ses ruches et à tuer ses abeilles. Pire encore, la semaine dernière, après plusieurs nuits de saccage et l'anéantissement total de plusieurs dizaines de colonies d'abeilles, il a finalement tenté de se poster dans un de ses champs une nuit. Cette tentative de défendre ses protégées lui aura coûté cher : il a été agressé et violemment frappé à la tête par les vandales, qui n'ont toujours pas pu être identifiés à ce jour.

Aujourd'hui, l'apiculteur a « le moral dans les chaussettes » : plus d'un quart de ses ruches ont été détruites ou volées, et pour parachever le tout, il ne comprend même pas pourquoi on s'acharne contre lui à ce point ! Une cagnotte a été mise en place pour le soutenir et l'aider à sauver son entreprise à l'avenir désormais incertain.

Florian Ruyet — Morbihan-apiculture, Facebook

Visiblement, les temps sont durs pour les apiculteurs français. Après les mésaventures de Fabien Lokaj, jeune producteur de miel installé dans les Hauts-de-France qui avait vu ses ruches incendiées et renversées, c'est au tour d'un autre apiculteur de se retrouver victime de vandalisme, à peine un mois plus tard.

À Locoal-Mendon, dans le Morbihan, Florian Ruyet ne masque pas sa colère, ni son dégoût : car non seulement il a lui aussi été victime de destructions massives de ses ruchers, mais il ne comprend pas, lui qui "s'entend bien avec tout le monde", lui qui s'engage localement pour initier les enfants à l'apiculture et faire découvrir son métier à des classes scolaires, ce qui peut bien pousser des vandales à s'acharner à ce point contre lui.

Florian Ruyet —Morbihan-apiculture, Facebook

Par trois fois, Florian a vu des dizaines de ruches détruites, condamnant des colonies entières d'insectes butineurs. À plusieurs reprises, des malfaiteurs se sont acharnés sur ses ruchers-écoles, ceux dont il se sert justement pour montrer aux enfants.  Et le clou du spectacle : en tentant de protéger ses abeilles après plusieurs nuits de saccages, l'apiculteur a été violemment frappé à la tête par des hommes cagoulés.

Il s'est réveillé à l'hôpital avec un traumatisme crânien, quatre blessures à la tête, et même une dent cassée sous la violence des coups pourtant portés sur le haut de son crâne.

Florian Ruyet —Morbihan-apiculture, Facebook

Aujourd'hui, Florian a perdu plus d'un quart de ses ruches. Plusieurs milliers de ses abeilles sont mortes, et il ne sait pas quoi faire pour tenter de sauver tant bien que mal la petite entreprise qu'il a montée il y a tout juste un an. Mettre la clé sous la porte, ce serait accorder la victoire à ceux qui attaquent ses ruches , leur donner raison, chose à laquelle il ne veut pas se résigner.  En désespoir de cause, cet ancien marin recherche désormais des petits boulots pour combler le manque à gagner de sa saison de récolte de miel, désormais très compromise.

Heureusement, une cagnotte Leetchi a été mise en place par sa femme, qui a déjà récolté plus de 7 600 € à ce jour. Une belle somme obtenue grâce à la générosité de voisins et d'internautes, qui n'est pourtant pas encore suffisante pour combler l'étendue du préjudice subi...

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Publié par Morbihan-apiculture Ruyet sur mercredi 28 février 2018



Florian sortait à peine de l'hôpital lorsque nous l'avons contacté au téléphone. Il a pu obtenir des médecins de sortir plus tôt de l'établissement car il a besoin de travailler, mais il est encore pris régulièrement de vertiges et de vomissements dus à la violence des coups subis.  Il a pu nous raconter les malheurs dont il est victime depuis quelques jours. 


Tout commence, relate l'apiculteur, lorsqu'une personne lui signale trois ruches renversées dans l'un de ses champs. Un coup de vent ou le passage d'un animal ? Il est sceptique : les ruches sont assez lourdes, et la météo est plutôt clémente. Sur place, aucune trace de passage d'un animal.

Trouvant cela étrange et ne comprenant pas ce qui a pu se passer, Florian décide donc de faire le tour de ses autres ruchers... C'est là qu'il découvre une série de scènes déchirantes : le premier rucher, 15 ruches toutes détruites. Puis un autre, 7 ruches par terre. Sur un troisième secteur, c'est un véritable massacre : seule une ruche a été miraculeusement épargnée. Enfin, les ruchers-école, qu'il avait soigneusement mis en place pour permettre aux enfants de s'initier au monde des abeilles et de découvrir la vie de ces insectes, avaient également été saccagés.

« Sur l'un des ruchers-école, les cadres des couvains [Le cœur de la ruche, là où se trouvent tous les œufs, les larves et nymphes assurant le futur de la colonie, N.D.L.R. ] étaient juste sortis, posés au pied des ruches, comme pour me narguer ». La manœuvre n'est pas laissée au hasard : les couvains sont très sensibles au froid, et les sortir de la ruche en plein hiver revient à tuer tout ce qui s'y trouve, sans leur laisser aucune chance. Bilan total : 37 couvains morts, et autant de ruches condamnées.  « Le pire c'est qu'il n'y a même pas eu de vol, c'était juste pour tuer », se lamente Florian. « Rien que d'y penser, ça me fout déjà les boules. »

Florian sent bien que quelqu'un en veut à ses abeilles, il se met donc à faire des rondes tous les soirs pour surveiller ses ruches, dort très peu. Finalement, dans la nuit du jeudi 1er à vendredi 2 mars, épuisé de fatigue, il reste chez lui.

C'est précisément le moment que choisissent les vandales pour frapper à nouveau, sans aucune pitié.

À PARTAGER une entreprise en difficulté par acte malveillant gratuit. Malgré mais ronde, dort peu 2 à 3h par nuit , la...

Publié par Morbihan-apiculture Ruyet sur vendredi 2 mars 2018



Bilan : les deux ruchers-école sont à nouveau saccagés, avec en prime 4 ruches volées dans l'un, et 5 ruches volées dans l'autre : "Là, c'était vraiment dur à avaler, parce que c'était justement les 5 ruches que j'avais moi-même sélectionnées, pour élever mes reines". Selon lui, impossible de savoir que ces ruches étaient aussi précieuses, à moins de s'y connaître très bien en apiculture... 

L'apiculteur décide d'en avoir le cœur net. Il a bien sûr porté plainte à la gendarmerie, mais il est déterminé à prendre les malfaiteurs sur le fait, afin de pouvoir les faire interpeller par les forces de l'ordre. Il décide donc de se mettre "en planque" en essayant de se mettre dans la tête des vandales, et de deviner la prochaine zone qu'ils frapperaient. Justement, il reste encore un rucher qui a été épargné : Florian décide donc de s'y cacher. Caché près d'un sapin, il finit par s'endormir et est réveillé par des bruits de pas. Au clair de lune, il aperçoit deux silhouettes qui s'approchent de ses ruches, et qui commencent à en vider méticuleusement l'intérieur.

Immédiatement, il appelle les gendarmes en renfort, et tente de prendre des photos. Malheureusement pour lui, il est repéré : il se retrouve avec un individu "d'environ 1m,80, svelte, cagoulé" qui se tient soudainement face à lui. "Je lui ai dit 'pourquoi ? pourquoi vous faites ça ?' "  Il n'aura pas le temps d'obtenir des explications du destructeur de ruches : son complice, qui avait fait le tour du bosquet où il était caché, l'assomme par-derrière de quatre gros coups sur la tête.

Recueilli par les gendarmes appelés sur les lieux, il se réveille à l'hôpital avec un traumatisme crânien, le visage boursouflé et diverses contusions.

Encore plus dur, une étape de réflexion est passé, pour exercer mon métier. Quand tu fait des rondes pendant des nuits...

Publié par Morbihan-apiculture Ruyet sur vendredi 2 mars 2018


L'œuvre d'une personne " qui connaît les abeilles "

Qui a bien pu vouloir faire une chose pareille ? Les individus, au visage masqué, ont déguerpi avant l'arrivée des forces de l'ordre. Aucun moyen de les identifier, puisque leur visage était cagoulé.

Pourtant, l'apiculteur en est convaincu : ceux qui ont vandalisé ses ruches savaient parfaitement ce qu'ils faisaient. Il a très distinctement vu l'un des hommes ouvrir les cadres des ruches, très rapidement et surtout sans l'ombre d'une hésitation, dans le noir et sans lumière. Du travail d'expert, affirme Florian : "Il a toujours bien sélectionné les cadres, à chaque fois, c'était le couvain. En pleine nuit, même moi je n’arrive pas à faire ça !" Pour l'instant, aucun suspect n'a pu être interpellé, et les gendarmes doivent encore enquêter. Mais du son point de vue de Florian, c'est certain, il s'agit de l'œuvre de quelqu'un "qui manipule les abeilles".

Jalousie ? Règlement de compte entre apiculteurs ? Pourtant, Florian Ruyet n'a pas d'ennemi, n'a jamais reçu de menaces, et a toujours eu des bonnes relations avec son voisinage. "Je ne comprends pas de tels actes et je ne peux pas l'admettre. Florian est un petit gars très sympa, qui n'a pas d'ennemi ! Il est très impliqué bénévolement pour faire connaître la vie de l'abeille et l'importance de son rôle", explique sur Facebook, Patrick Gueho, un ami de la victime.

Installée depuis à peine un an, la petite entreprise de Florian, Morbihan-apiculture, commençait tout juste à prospérer. Un peu trop, peut-être, au goût de certains, au risque de susciter des jalousies ? "Tout marchait bien, je m'entendais bien avec tout le monde, je faisais faire des activités à des enfants, j'avais trouvé un très bon fournisseur qui commençait à me faire de plus en plus confiance, on avait le projet d'ouvrir un magasin... C'était trop beau pour être vrai, mais là, j'ai voulu y croire."


" Le pire, ce serait de leur donner raison en mettant la clé sous la porte "

Aujourd'hui, l'activité de Florian est en danger. Pour l'instant, le bilan des dégâts s'élève à 79 ruches vandalisées, sur les 200 possédées par l'apiculteur.  Sur ces ruches vandalisées, 61 ruches définitivement "mortes" — soit  plus d'un quart. Florian essaye  désespérément de sauver les autres, qui sont très affaiblies.

"Si je ne trouve pas une solution d'ici 5 mois, l'entreprise est morte". L'apiculteur veut donc se battre pour garder la tête hors de l'eau malgré ce coup dur : "Ce qui me désolerait le plus, si mon entreprise coulait, c'est que ce serait leur donner raison, à ceux qui ont fait ça... Je n'ai pas envie de leur donner raison."

Alors, il a décidé de se bouger pour chercher du travail de nuit, trouver des petits boulots à faire : "Je ne suis pas difficile, je suis un ancien marin", dit-il. 

Bonsoir à tous D’abord mille merci à vous tous pour le soutien que vous apporter à mon mari. Ce soir je lui ai...

Publié par Ruyet Céline sur vendredi 2 mars 2018


Finalement, c'est sa femme qui a monté la cagnotte pour sauver ses ruches, le soir précédant son agression, sans lui dire.

"Elle a vu que je n’étais pas bien, que je commençais déjà à voir pour un autre travail..." Ce n'est que lorsqu'il se réveille à l'hôpital, le lendemain, qu'il découvre la collecte de fonds, un geste "très touchant" qui lui aura mis un peu de baume au cœur dans son malheur.

N'hésitez pas à participer à la cagnotte leetchi pour soutenir Florian, et à la partager massivement. Il a énormément besoin de soutien.


Au sujet de l'auteur : Nathan Weber

Journaliste